Mort de Jean-Louis Servan-Schreiber, ponte communautaire de la presse libérale en France

Mort de Jean-Louis Servan-Schreiber, ponte communautaire de la presse libérale en France

L’homme d’affaires évoluant dans le milieu de la presse Jean-Louis Servan-Schreiber est décédé le 28 novembre 2020 à l’âge de 83 ans des suites du Covid-19.

Présenté par les médias dominants comme un journaliste et un patron de presse « ayant marqué l’histoire de la presse française », le parcours de Jean-Louis Servan-Schreiber (surnommé JLSS) est pourtant loin d’évoquer une success-story méritant l’admiration populaire.

Issu du clan Servan-Schreiber, grande famille d’origine juive allemande installée en France dans la seconde moitié du XIXe siècle et dont l’ascendance mêle rabbinat et import-export, Jean-Louis Servan-Schreiber n’a pas eu à faire grand-chose pour devenir journaliste puis patron de presse : à 23 ans il entre au quotidien économique Les Échos créé par son père et son oncle, Émile et Robert Servan-Schreiber ; à 25 ans il en devient rédacteur en chef ; à 27 ans il intègre L’Express, fondé par son frère Jean-Jacques…

Décalquant la formule américaine du « newsmagazine », L’Express rencontre rapidement le succès. À 29 ans, JLSS décide de lancer son propre magazine, L’Expansion, puis de développer le groupe de presse Groupe Express-Expansion, premier groupe de presse économique français, qui comprendra notamment L’Entreprise, La Lettre de L’Expansion, La Vie financière, La Tribune et des activités d’édition et de séminaires. Ce groupe est aujourd’hui entre les mains de Patrick Drahi.

Après avoir ambitionné puis manqué de devenir leader de la presse économique au niveau européen (par la logique effrénée de multiplication des rachats, des lancements et des endettements…), JLSS se rabat sur le Maroc pour se refaire (il rachète le magazine La Vie économique et le dirige durant trois ans avant de le revendre) puis sur le mensuel féminin en rachetant Psychologies Magazine (avec sa seconde femme Perla Servan-Schreiber, née Danan, marocaine issue d’une famille de rabbins séfarades, qu’il installera à la tête de la régie publicitaire [1]), magazine florissant qu’il revendra au bout de dix ans au groupe Lagardère Active.

Un véritable parcours de magnat financier dans le monde de la presse plutôt que de journaliste spécialisé dans le domaine de l’économie…

Au niveau politique, JLSS était bien sûr un « défenseur actif des droits de l’homme ». Il était engagé à cet égard auprès de la très communautaire ONG Human Rights Watch, « qui se donne pour mission de défendre les droits de l’homme et le respect de la Déclaration universelle des droits de l’homme », fondée par Robert L. Bernstein et Aryeh Neier, dirigée par Kenneth Roth et financée par George Soros.

Mais JLSS était surtout un néolibéral avant l’heure, comme les autres membres de sa famille impliqués dans le milieu. Rappelons ici que L’Express avait été officiellement « créé au service de Pierre Mendès France » et qu’il se voulait « antigaulliste et atlantiste » avant de s’affirmer « moderniste, favorable à l’économie de marché et au projet européen ».

Emblématique de l’influence du clan Servan-Schreiber, une grande famille qui a tissé des liens avec d’autres familles oligarchiques de France (les Weber, les Crémieux, les Mendès France…) et a compté parmi ses membres des « journalistes », des directeurs de publications, un député qui fut également ministre, une épouse de président du Conseil, la mort de JLSS marque aussi la fin d’une époque et le passage d’un relais : ce sont désormais les médias audiovisuels de Patrick Drahi et les GAFA qui mènent le bal de l’influence sur l’opinion publique. La presse libérale, elle, est en fin de règne…

À revoir : Jean-Marie Le Pen face à Jean-Louis Servan-Schreiber en 1984 (à partir de 29’30)


 

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