C’était le Rubicon ou le seuil critique : l’assassinat du plus éminent scientifique du programme iranien Mohsen Fakhrizadeh près de Téhéran par les services spéciaux hostiles à la République islamique d’Iran est la provocation de trop pour Téhéran et rompt le fragile équilibre des décideurs iraniens en ce qui concerne le programme nucléaire civil.
M. Fakhrizadeh n’est pas le premier scientifique iranien assassiné par le Mossad ou la CIA en territoire iranien. Ces derniers, forts de leurs expériences similaires en Irak où ils ont liquidé physiquement des centaines de chercheurs et scientifiques irakiens, ont entamé depuis des années un programme similaire en Iran mais se sont heurtés au puissant Ministère iranien du renseignement et le contre-espionnage iranien. En dépit d’une extrême vigilence, une douzaine de scientifiques ont été assassinés en Iran avec l’aide de réseaux locaux. M. Fakhrizadeh a été nommément et publiquement désigné par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu comme le principal responsable du programme nucléaire iranien. Nous ne disposons d’aucune information pour confirmer cette allégation.
Cet assassinat intervient au moment où l’Iran a entamé un nouveau cycle d’enrichement d’uranium en réponse à des menaces croissantes à son encontre incluant la possibilité de la mobilisation d’une coalition occidentale et arabe (pays du Golfe + autres monarchies arabes) pour une éventuelle guerre contre l’Iran.
Cet assassinat conforte les tenants de la ligne dure au sein de la République islamique d’Iran et notamment le Corps des Gardiens de la Révolution. Il pourrait accélérer l’option nucléaire iranienne au lieu de la ralentir. Dans tous les cas, toute reprise de négociation sur un nouvel Accord nucléaire est désormais impossible. Téhéran suivra la voie de la Corée du Nord ou subira une agression hybride.
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