Julian Assange et la loi de la relativité générale — Viktor DEDAJ

Julian Assange et la loi de la relativité générale — Viktor DEDAJ

Si je ne devais retenir qu’un seul indice du niveau de déchéance intellectuelle et éthique de la classe dirigeante dans son ensemble, des médias dans leur écrasante majorité, et même des progressistes dont le qualificatif devrait être impérativement précédé de « pseudo », c’est en observant leur attitude dans l’affaire Julian Assange. Plus précisément, en comparant leurs arguments avec le traitement subi par Assange, et la punition extrême qu’il encourt.

En admettant sans broncher tous leurs arguments, et je dis bien tous sans exception (même s’ils sont tous, sans exception, basés sur des mensonges), il reste quand même un mystère : comment font-ils pour faire cohabiter dans leurs esprits les reproches qui lui sont faits avec la sévérité du sort qui lui a été réservé ?

Quel crime aurait-il commis qui mériterait 175 ans de prison, et peut-être la peine de mort (même si les autorités américaines jurent sur leurs grands dieux que jamais au grand jamais…)

A ceux-là, je dis :

« Julian Assange est un violeur. » S’agirait-il, dans vos esprits, de viols accompagnés de violences abominables ? Les victimes, dans vos esprits, auraient-elles été retrouvées découpées en morceaux, ou s’agirait-il d’histoires de préservatifs ?

Vous en êtes certains ? 175 ans ?

« Julian Assange aurait mis des vies en danger. » S’agirait-il, dans vos esprits, de vies innocentes ou de collaborateurs dans des guerres illégales ? Et si oui, lesquelles ? Et que signifie « en danger » ? Et pourquoi cette préoccupation incongrue pour précisément ces vies là, dans ces guerres là ?

Vous en êtes sûrs ? 175 ans ?

« Julian Assange a fait perdre Hillary Clinton. » Et ce faisant, il aurait fait gagner qui, exactement ? Hitler ou tout simplement l’autre candidat en lice, candidat officiellement investi par le deuxième parti officiel du pays ? S’il avait fait le contraire, le porteriez-vous en héros ? Pour le même « crime », mais à l’envers ?

Vous êtes sérieux ? 175 ans ?

« Julian Assange a publié des documents classifiés. » Vous voulez dire, comme le Washington Post, le New York Times, le Monde, El Pais, et des dizaines d’autres ? Savez-vous au moins ce que signifie « classifié » ? Savez-vous au moins pourquoi ils étaient supposément classifiés (la plupart ne l’étaient pas, mais ne chipotons pas) ? Savez-vous au moins ce qu’ils contenaient ?

Sans déconner ? 175 ans ?

Julian Assange a commis d’autres abominations. Comme porter des chaussettes sales (parait-il)

Vraiment ? 175 ans ?

Bon, alors, Julian Assange, en gros, n’est pas sympa, il est inconséquent, ne pense qu’à lui, n’a aucun respect pour les autres, et pleins de trucs du même style. Comme nous tous, quoi.

Mais 175 ans ?

Alors, à ceux-là, tous ceux qui sont contre la peine de mort (évidemment), tous ceux qui s’offusquent au moindre commentaire posté sur un forum qui n’est pas politiquement correct (faut être vigilant), tous ceux qui hurlent au fascisme pour un oui ou un non, je dis :

Dans cet étrange univers où vous vivez, toute idée de proportionnalité ou de mesure semble vous échapper. Toute idée de priorité semble obéir à des lois mystérieuses. Vos lumières voyagent à des vitesses subsoniques et les évidences de proximité ont été reléguées aux confins de votre espace. Vous avez démontré que « E » n’égale plus « MC au carré ». Félicitations.

Par contre, cet univers là est apparemment bien en expansion. Et c’est peut-être finalement ça le plus effarant.

Viktor Dedaj

Pas besoin d’être Einstein pour comprendre

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Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

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