Dans sa chronique du 25 novembre, Francine Pelletier invitait la politique COVID-19 de chez nous à se « canadianiser », provoquant derechef une salutaire ruée de commentaires outrés des habitués du Devoir électronique, refusant de voir ainsi bafouée la juridiction québécoise de la Santé. Je suis d’accord, mais ne devrait-on pas tous regarder plus loin, vers l’Organisation Mondiale de la Santé et vers l’Agora des Habitants de la Terre (Riccardo Petrella) en vue d’une politique mondiale de vaccins gratuits et accessibles à tous les pays, même appauvris?
S’ils avaient écouté l’OMS dès la fin février, Trudeau aurait fermé les aéroports et Legault-Arruda recommandé la distanciation et le port du masque, sans doute responsables de la performance remarquable des pays asiatiques quant au taux d’infection. Mais, je l’écris depuis des années, l’ONU est déconsidérée par le gouvernement canadien à cause de :
- son ministre de la Défense soumis à l’OTAN pro-nucléaire;
- ses liens forcés pendant quatre ans avec le président raciste Donald Trump, qui a sorti son pays de l’OMS par pure détestation de l’Africain Ghebreyesus;
- sa récente agressivité sinophobe, ressentie par les néo-canadiens d’origine asiatique, depuis qu’a eu lieu, il y aura deux ans le 1er décembre, le kidnapping de Meng Wang-zhou, que les Artistes pour la Paix ont commenté en plusieurs articles. Ils invitent leurs membres à le commémorer et à le dénoncer mardi prochain à midi, en se joignant avec masques et distanciations à Montréal au métro Monk pour une manifestation du Mouvement Québécois pour la Paix devant les bureaux du ministre de la Justice David Lametti, dont on se souvient qu’il fut catapulté à la succession de la ministre autochtone intègre, Jodi Wilson-Raybould.
Hier soir le 24 novembre, à l’instigation de Ken Stone (Hamilton coalition to stop the war -HCSW), s’est tenu un webinaire de deux heures animé par la directrice de Canadian Foreign Policy Institute, Bianca Mugyenyi (son deuxième en moins d’une semaine!) où ont pris la parole des experts canadiens discutant l’aspect légal de cette affaire honteuse pour le Canada, responsable de la détérioration des relations avec la Chine.
John Philpot, avocat et expert en loi criminelle internationale, a démonté l’injustice fondamentale de l’arrestation de madame Meng, alors que la syndicaliste Cathy Walker, le président du Congrès canadien pour la paix Christopher Black et le journaliste K.J. Noh dressaient le portrait d’une Chine en évolution… mais ça, c’était jusqu’à la mise aux arrêts de madame Meng demandée par Trump sur la base de sa déchirure du traité JCPoA avec l’Iran.
Depuis, ulcérée de l’attaque concertée contre la numéro 2 de Huawei aux visées 5G contrecarrées, la Chine a coupé plusieurs échanges commerciaux et culturels avec le Canada et mis en prison deux espions canadiens[i], ce contre quoi le NPD et surtout le Parti Vert représenté par le député Paul Manly, harcelés depuis l’annonce du débat d’hier par la presse conservatrice sinophobe[ii], ont porté l’essentiel de leurs arguments, faisant légèrement dévier le débat[iii]. Malgré les tensions, peut-être responsables de l’annulation de sa présence au débat de la députée Niki Ashton dont on connaît le courage pour avoir lancé une pétition signée par plus de cinq cents Canadiens, le débat suivi par un quart de millier de spectateurs a réussi à surpasser la timidité proverbiale des Chinois qui ont exprimé leurs frustrations, mais aussi leur rêves d’un meilleur avenir commun.
La libération de madame Meng, qui n’a pas pu serrer dans ses bras ses enfants depuis deux ans, serait pour nous un geste humanitaire important qui empêcherait la dégradation de l’opinion internationale face à notre pays qui, sous Trudeau père et Jean Chrétien, était respecté à l’ONU pour son courage à garder une certaine distance avec les expéditions militaristes de son encombrant voisin; ce geste s’impose aussi pour freiner la sinophobie rampante dont on a eu quelques échos navrants au cours du débat.
Notre article récent sur le militarisme faisait déjà observer combien l’insatiable complexe militaro-industriel à la recherche avide de commandes lucratives d’armements, sources de ses profits pharamineux, est en train d’influencer les médias à lentement substituer à leur cible préférée la Russie, un nouveau bonhomme sept-heures dont les progrès informatiques font peur, l’Empire du milieu, la Chine[iv].
[ii] Les Conservateurs devraient se garder une petite gêne, étant responsables de la vente de la société pétrolière canadienne Nexen à la Chine et d’une entente secrète subséquente avec le Canada qui se voit obligé par contrat d’agrandir le pipeline vers le Pacifique : http://www.artistespourlapaix.org/?p=16727
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