Critique d’après le site Antipresse par Bruno Bourgeon, porte-parole d’AID – vendredi 20 novembre 2020, par JMT
L’irruption de Hold-Up dans le débat sur la pandémie change la règle du jeu. La gestion de cette crise a donné lieu à des critiques dès le début. Le documentaire donne un aperçu de la désinvolture avec laquelle les autorités françaises ont abordé la crise en mars 2020. Le bricolage, les collusions, les conflits d’intérêts et les décisions contradictoires n’ont fait que s’aggraver depuis sans que personne n’en réponde, sans que les médias ne demandent de comptes.
Hold-Up, l’infalsifiable
Sorti le 11 novembre en VOD, le documentaire Hold-Up de Pierre Barnérias a soulevé une polémique colossale. Déprogrammé par Vimeo, il est allé gonfler l’affluence des plateformes alternatives comme Odysee.
L’irruption de Hold-Up dans le débat sur la pandémie change la règle du jeu. La gestion de cette crise a donné lieu à des critiques dès le début. Le documentaire donne un aperçu de la désinvolture avec laquelle les autorités françaises ont abordé la crise en mars 2020. Le bricolage, les collusions, les conflits d’intérêts et les décisions contradictoires n’ont fait que s’aggraver depuis sans que personne n’en réponde, sans que les médias ne demandent de comptes.
Dès février-mars, des personnalités du monde de la science, de la médecine, des sciences sociales ont exprimé leurs doutes ou leurs préoccupations face à la gestion pour le moins étrange de cette crise dans les pays occidentaux et aux dérives du pouvoir et de l’information qui en résultaient.
Pierre Barnérias a donné une tribune à nombre d’entre elles, dont certaines voix très difficiles à réfuter. Son film rassemble en un seul endroit l’essentiel des objections depuis mars 2020. 2h40 de témoignages de médecins, de savants, de praticiens, de penseurs tissent le scénario d’une pandémie surexploitée, prétexte à une dépossession tous azimuts : des peuples dépossédés de libertés, de moyens, de représentation politique, de voix et d’yeux pour comprendre ou maîtriser leur propre sort. Serait-ce un coup d’État technologique ? Pour servir le passage au tout-numérique, à la monnaie dématérialisée et au gouvernement mondial ? C’est la thèse du film.
La réaction hostile des médias généralistes mis en cause par le film est logique. Quand un récit alternatif fait irruption sur le marché, et qu’il paraît convaincant, les détenteurs du récit officiel réagissent vigoureusement. Ils connaissent mieux que leur public la fragilité de leur construction et ses failles. Ils savent les taux de confiance désastreux dont l’opinion les gratifie.
La réaction la plus sage face à Hold-Up eût été de laisser faire les « complotistes » se conforter entre eux. Plus élégamment encore, de reconnaître qu’au-delà des points de détail contestables, certaines contributions auraient dû trouver leur place dans n’importe quel canal d’information.
Car la première question que soulèvent ces témoignages, la plupart frappés au coin du bon sens, est : pourquoi ne les a-t-on pas entendus ailleurs ? Pourquoi une scientifique de haut vol comme Alexandra Henrion-Caude, généticienne et ancienne directrice de recherche à l’INSERM, n’a-t-elle été interrogée que par TV-Libertés et par le réalisateur de Hold-Up ? Pourquoi l’anthropologue Jean-Dominique Michel, parlant d’expérience (il a survécu à la Covid), a-t-il été condamné par contumace dans les médias de service public de Suisse plutôt que d’y être invité à débattre ?
Hold-Up révèle aussi la pauvreté et le huis clos du débat public. Comment se fait-il qu’à la place de ces gens qui pensent, qui cherchent et qui s’interrogent, pratiquement tout le temps d’antenne soit occupé par de péremptoires semeurs de panique, souvent criblés de conflits d’intérêts, et qui ne font que légitimer sans preuve ni discussion les décisions les plus extrêmes des autorités ? Sommes-nous soudain tombés en démocrature, pour que le vrai débat social, philosophique et scientifique doive se faire malgré le système et non plus en son sein ?
Depuis le début de cette crise, nous avons tous éprouvé un problème de saturation des vidéos. On a produit cent fois plus d’heures de vidéo pour contrer la gestion officielle du Covid et la « science » qui la sous-tend. Le basculement de l’enquête et de l’argumentation du texte vers la vidéo est un obstacle pour l’intelligence.
Vérifier le moindre dire prend un temps fou, et retrouver l’endroit exact d’une affirmation est très fastidieux. Les arguments sont simplifiés, le langage appauvri. Mais du moment que la bascule est faite et que l’influence passe par l’image, Hold-Up est un vecteur redoutable. Voir toutes les interventions des protagonistes interviewés serait physiquement impossible. Ce film en propose une compilation, la substantifique moelle. Philippe Douste-Blazy, qui s’est désolidarisé du film, s’est plaint de ce qu’on n’a retenu que quelques minutes sur deux heures d’enregistrement. Mais ces minutes sont une véritable flèche au curare !
Ce film unifie une opposition éparse, anarchique, dont personne n’avait jusqu’ici un aperçu exact. On voit désormais qu’elle est multidisciplinaire, multinationale, multiforme, mais structurée.
Ces 160 prétendues longues minutes en forment un résumé. Le message aurait été plus convaincant si l’on s’était arrêté aux constats au lieu de vouloir esquisser une thèse dramatisante. La sociologue Monique Pinçon-Charlot dénonce aujourd’hui le documentaire, on aurait pu se passer de ses propos sur l’extermination des pauvres dont les riches n’ont que faire.
Bien entendu, le film a été étiqueté « fake news » par les « fact checkers » systémiques. C’était attendu. Aux chiffres et sources des uns on oppose ceux des autres. Les personnalités ayant participé au film ou qui le soutiennent (comme Sophie Marceau) sont prises à partie. Une députée du Parti LREM exige sur CNEWS sa censure et son éradication face à une journaliste qui lui rappelle qu’il existe tout de même quelques restes de liberté d’expression.
Les réseaux sociaux s’y sont mis : sur Facebook, chaque allusion au film s’accompagne d’une mise en garde renvoyant sur les censeurs autorisés du Monde. Vimeo élimine un contenu pourtant commercialisé en VOD. Le système ne se serait pas mobilisé à ce point pour censurer ce film s’il ne contenait pas, outre ses défauts, quelques vérités incommodantes. Que faut-il étouffer ?
Dans la guerre des dogmes et des chiffres, le camp minoritaire part perdant. Blaise Pascal disait avec ironie que le débat académique n’est pas décidé en fonction de qui tient le vrai et qui le faux, mais du nombre de docteurs qui soutiennent tel ou tel parti.
Certes Hold-Up contient des affirmations sans preuves et des chiffres contestables, encore que la plupart d’entre eux sont puisés au sources mêmes des administrations, comme l’INSEE, mais il véhicule surtout un apport infalsifiable. Qui n’est ni factuel ni médical.
Car le visionnage de Hold-Up peut être dangereux. Sa vérité ne tient pas tant dans les faits que dans le ton, le bon sens et l’humanité de ceux qui les exposent. La comparaison avec les manières, les incantations lugubres et les faciès des défenseurs de la doctrine officielle est inévitable et déstabilisante. Et le simple fait de mettre le nom juste sur leurs comportements, comme le fait Martine Wonner au sujet des accès de frénésie du ministre Véran lorsqu’on lui dit « chloroquine », suffit à ouvrir les yeux.
Hold-Up s’insurge contre la reconstruction d’une réalité, en l’occurrence sanitaire, qui aurait pu et dû être gérée autrement. Or les systèmes idéologiques reposent sur la logique d’une idée. Les mots créent la réalité. Lorsque quelqu’un perturbe cette nomenclature en appelant les choses par leur nom, l’hypnose s’écroule et ne reste pour soutenir l’édifice que l’outil de la coercition, bien plus coûteux.
C’est pourquoi les systèmes totalitaires, toujours fondés sur la « science », n’ont jamais été réfutés par des preuves scientifiques, mais par des témoignages humains. Ils ouvrent les yeux de millions de gens sur la réalité de la condition totalitaire parce qu’ils leur ont permis d’éprouver cette horreur de l’intérieur. Parce qu’ils ont activé l’empathie. Parce qu’ils ont rétabli la vision juste en remettant les mots à leur place. La masse ne sait pas la tromperie tant qu’on ne le lui dit pas.
La scène éclairante est ce passage où l’on montre à une sage-femme un discours de Laurent Alexandre, pro-transhumanisme, parlant de « l’âge d’or » qui vient pour les winners, les « dieux », par opposition aux « inutiles », aux losers, largués par la révolution technologique. Où l’élite s’arroge un droit de vie et de mort sur les esclaves. Elle dit, « c’est absolument effrayant », or cela a pignon sur rue. C’est enseigné. Soudain, les mots retrouvent tout leur poids. Ainsi l’espérance de vie résiduelle des aînés dans les asiles, décimés par cette pandémie et par l’euthanasie tacite.
C’est là que se trouve le potentiel subversif du film : il est infalsifiable. Car il introduit un regard éthique et humain là où il n’y aurait dû y avoir que des critères de gestion et des instincts de conservation. Hold-Up, avec ses exagérations, ses caricatures, sa thèse, est à ranger ici : c’est un témoignage moral. La réaction même du système, avec son stupide réflexe de censure, ne fait que lui donner raison.
Bruno BOURGEON, porte parole d’AID d’après Antipresse
LIENS :
- L’article critique dans Antipresse in extenso
- version sonore et filmée du texte ci-dessus dit par Bruno Bourgeon
Source : aid97400.re