Mais qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?

Non, je ne veux pas parler de ce film où un couple de la grande bourgeoisie de province voit ses filles marier qui un musulman, qui un juif, qui un Chinois.

N’empêche ! Yaveh doit avoir un faible pour nous, Québécoises et Québécois !

Comme il l’avait dans le temps pour Job, Dieu le Père n’a rien épargné pour mettre à l’épreuve le peuple québécois, qu’il tient certainement en haute estime tant il l’accable d’incessants malheurs.

Quand Le Devoir l’avait choisi comme porte-parole d’une campagne de publicité il y a quelques années, j’avais trouvé Adib Alkalidey tout simplement génial. Mais quand il a dit à l’émission de Guy A. Lepage qu’il ne voit pas à la télé du monde « qui a la peau brune comme moi », je me suis dit qu’il avait la vue plutôt faible.

Dans le Journal de Montréal, Sophie Durocher a dressé une liste, même pas exhaustive, de vedettes ayant la peau pas tellement blanche : Boucar, Kavanagh, Badouri, Lord, Bousaidan, Mélissa Bédard.

Dans Le Devoir, c’est Jean-François Lisée qui a ajouté d’autres noms plutôt visibles : Brathwaite, Gregory Charles, les ministres Gibeault et Carmant, Dominique Anglade, Marwah Rizky, Horacio Arruda, Régine Laurent, Kim Thuy et le nouveau président du Parti Québécois, Dieudonné Ella Oyono.

Et quand j’ai vu qu’Amnistie internationale faisait partie d’une batterie d’organisations qui ont mobilisé des dizaines d’avocats pour combattre devant la Cour supérieure la Loi sur la laïcité, je me suis dit que sur le front des dictatures sanguinaires, des attaques aux droits de la personne, des prisonniers politiques, des tortures et des persécutions, ce devait être le calme plat puisque, visiblement, Amnistie internationale a du temps pour combattre une loi adoptée normalement par l’Assemblée nationale et soutenue par une majorité de Québécoises et de Québécois.

Et quand j’ai entendu leur publicité dans laquelle on soutient qu’il y a « des noms à qui on dit non », j’ai fait comme Joël Le Bigot, j’ai bondi de ma chaise. L’animateur a d’ailleurs poursuivi en citant les noms de Kalinda et Mobarak, en passant par Chavez, Mouriani et Azeb Wolde-Georghis, des collègues. Je ne serais pas fier d’avoir fait ça, a-t-il conclu.

Moi qui versais 120 $ par année à cette organisation, j’y ai mis fin, n’ayant pas du tout le goût de financer une organisation qui combat des valeurs qui me sont chères.

L’offre et la demande

L’adversité a ceci de particulier qu’elle fait jaillir de l’humain le pire et le meilleur.

Ô surprise ! On s’est rendu compte qu’en ces temps difficiles, une caissière avec un secondaire 5 était plus utile à la société qu’un savant avocat bardé de diplômes… Ce doit être la loi du marché, la demande de caissières et de préposées dépassant largement celle d’avocats et autres professions dites libérales…

Depuis le début de cette pandémie, des milliers de travailleuses et de travailleurs, dans les hôpitaux, dans les CHSLD, dans les municipalités, dans les écoles, dans les commerces donnent le meilleur d’eux-mêmes sans compter les heures. Ils ont payé de leur personne dans des mouvements de solidarité admirables en volant au secours de leurs concitoyens.

Mais d’autres volent autrement.

Le système capitaliste produit en effet des requins de tailles différentes. Les banquiers jouissent de l’estime de leur communauté, comme on dit, tout simplement parce que leurs actions se situent en haute mer, loin du regard du commun des mortels. Cela s’appelle brasser des affaires. Les banques canadiennes nagent dans l’argent, comme nous le confirmait Le Soleil du 22 novembre : « Les grandes banques canadiennes sont de plus en plus profitables. Leur bénéfice net total devrait dépasser les 30 milliards $ cette année. Du jamais vu. »

Amazon, Apple, Google et Facebook continuent de grossir à un rythme qui fait pâlir d’envie le reste de l’économie. Collectivement, les quatre mastodontes ont généré 228 milliards de dollars de recettes et 38 milliards de bénéfice entre juillet et septembre, nous apprenait le journal Les Échos. Sans même payer de taxes dans la plupart des pays…

Il y a aussi des requins – des brochets plutôt – qui profitent de la situation pour faire la passe. Un seul exemple : une « entreprise » qui ne compte que deux employés, l’entrepreneur et sa propre conjointe, a obtenu, sans appel d’offres, un contrat de 371,3 millions $ du gouvernement fédéral pour importer des blouses médicales le printemps dernier.

À la Bourse des horreurs, il serait étonnant qu’il ne se trouve pas de pays dans lequel les fonds engagés ici par AI contre la Loi sur la laïcité pourraient être mieux employés. La loi du marché quoi ! La demande de soutien dans des dizaines de pays est singulièrement plus élevée que l’offre de solidarité.

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À propos de l'auteur L'aut'journal

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