La jeune femme est palpée (chevilles) à l’abri des regards. Les policiers sont venus vers moi : « si vous ne circulez pas dans 30 secondes vous êtes interpellée, ce sont les ordres ». pic.twitter.com/zJkvwodvaU
— Meriem Laribi (@Meriem_Laribi) November 21, 2020
La manifestation parisienne du 21 novembre 2020 contre la loi de sécurité globale a été couverte par les journalistes de RT, qui sauvent un peu l’honneur des grands médias français, grands par les effectifs et les budgets, pas par la déontologie. Ce sont les mêmes qui ont déclaré Biden élu alors que rien n’était joué le 4 novembre 2020.
Il y a un air de Gilets jaunes dans ces rassemblements de fin novembre 2020, et cela nous rappelle que le mouvement social a commencé il y a deux ans et quatre jours. Aujourd’hui, c’est la contestation contre une loi très critiquée par les journalistes, une nouvelle catégorie sociale qui s’ajoute à la contestation de la France périphérique et des anti-vaccins contre le pouvoir néolibéral destructeur de Macron.
Les images de ce 21 novembre 2020, dans une moindre mesure, rappellent celles des mois chauds de novembre et décembre 2018, au plus fort de la répression politico-policière. La journaliste Aïda Touihri s’émeut de ce retour de « bâton » :
Un pays sans police, ça n’existe pas. Mais cette police-là, qui met en joue, à terre, blesse et tabasse, qui peut la cautionner ? Comment peut-on justifier ? Au nom de quoi ? https://t.co/zkDJcsMUGo
— Aïda Touihri (@AidaTouihri) November 21, 2020
Et comme bien souvent, le pouvoir utilise des procédés illégaux en sachant que le petit peuple ignore probablement les ficelles complexes de la loi. Mais pas un avocat, qui rappelle à ces nervis de l’Etat qu’ils commettent une action totalement irrégulière, ce qu’ils (les gradés, tout au moins) ne peuvent ignorer :
Du côté des forces de l’ordre, au bénéfice desquelles l’article 24 (celui interdisant de filmer les visages des policiers) a été voté à l’Assemblée la veille (vendredi 20 novembre), on est satisfait. Seul le syndicat Vigi, celui d’Alexandre Langlois qui avait déjà défendu les Gilets jaunes il y a deux ans et dénoncé la répression policière disproportionnée, critique le corpus de cette loi, point par point.
« Dans sa rédaction modifiée, l’article 24, adopté par 146 voix pour et 24 contre, prévoit de pénaliser d’un an de prison et 45.000 euros d’amende, « sans préjudice du droit d’informer », la diffusion de « l’image du visage ou tout autre élément d’identification » d’un agent de la police nationale, gendarme ou d’un agent de police municipale, « dans le but manifeste qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique ». » (LCI)
Cette loi est censée, accessoirement, protéger la liberté de la presse, ce qui a fait rire (jaune) toute la profession. Un journaliste ne pourra plus filmer, sans autorisation, le visage d’un policier en action.
Voici le communiqué de Vigi dans son intégralité :
Nous, syndicats Gilets Jaune et de la Police, nous unissons pour dire NON à la proposition de loi relative à la sécurité globale.
Les députés du gouvernement Macron ont choisi la date du 17 novembre 2020, marquant les deux ans du Mouvement des Gilets Jaunes, pour présenter une énième proposition de loi liberticide pour les citoyens, et qui aura pour conséquence de diviser encore davantage le peuple et sa police.
Cette loi prévoit : « Art. 35 quinquies. – Est puni d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende le fait de diffuser, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique, l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale lorsqu’il agit dans le cadre d’une opération de police. »
Est-ce que cette Loi vise à protéger les policiers ? NON.
Le harcèlement est déjà puni d’une peine d’emprisonnement deux fois supérieur et les menaces de commettre un délit ou un crime d’une peine d’emprisonnement trois fois supérieure, voir cinq fois supérieure en cas de menaces de mort.
Est-ce que cette Loi va restreindre la liberté d’information ? OUI.
“Adopter ce texte serait une grave atteinte à la liberté de la presse en France. Pour mettre fin à ces abus comme à cette défiance, ce sont les règles du maintien de l’ordre et la formation des policiers qui doivent être revues, et non les libertés journalistiques qui doivent être restreintes.” Paul Coppin, responsable juridique de Reporters Sans Frontières, qui classe la France pays des Droits de l’Homme, seulement 34ème au classement mondial de la liberté de la presse.
Mais qui veut-on protéger alors ? Les BENALLA et les policiers délinquants ?
La piste la plus probable est de protéger des personnes déguisées en policier commettant des exactions, mais travaillant pour l’Elysée, comme Alexandre BENALLA ou Vincent CRASE.
La seconde piste possible est un choix politique de camoufler des délits commis par certains fonctionnaires, plutôt que de les sanctionner, évitant de remonter la chaîne hiérarchique des donneurs d’ordres et creusant encore plus le fossé entre la population et sa police.
Cette loi prévoit également une mise en place d’une surveillance généralisée de la population avec, entre autres, la légalisation de l’utilisation des drones :
« Art. L. 242-3. – Le public est informé par tout moyen approprié de la mise en œuvre de dispositifs aéroportés de captation d’images et de l’autorité responsable, sauf lorsque les circonstances l’interdisent ou que cette information entrerait en contradiction avec les objectifs poursuivis. »
Une Loi permettant à la fois des opérations de police efficaces tout en protégeant les libertés aurait listé les circonstances précises interdisant la diffusion de cette information au public. En l’état actuel du projet, tout le monde peut être filmé par drone sans en être informé au motif que cela « entrerait en contradiction avec les objectifs poursuivis ».
Nous rappelons au gouvernement et à son armée de députés En Marche, que la police doit garantir les libertés individuelles, non les réprimer. Qu’il s’agit d’un service public agissant pour l’intérêt général du peuple et non pour l’intérêt particulier du pouvoir en place.
A ce titre chaque citoyen est en droit d’en contrôler la bonne exécution et les images sont le seul moyen, vu que la France est un des rares pays d’Europe à ne pas avoir un contrôle indépendant de la police, mais une Inspection Générale de la Police Nationale aux ordres du ministre de l’Intérieur et du directeur général de la police nationale ou du Préfet de Police sur la zone de compétence de la Préfecture de Police.
Avec cette loi, le dernier contrôle citoyen tombe. Cela participera à fracturer encore davantage le lien entre la police et la population.
Nous ne tomberons pas dans le piège de la division que nous tend en permanence ce gouvernement irresponsable.
Nous sommes le peuple et nous unissons nos forces pour dire NON à cette nouvelle atteinte à nos droits et à nos libertés.
L’analyse complète de la loi (adoptée) est ici.
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation