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En cette période de mensonge pandémique caractérisé et de grand reset annoncé, reprenons les analyses d’Oliver Piacentini sur la mondialisation totalitaire.
Quelques définitions
- Le totalitarisme est la mise en sourdine de la liberté d’expression, de la démocratie, du pluralisme, des contre-pouvoirs et la négation des droits humains les plus fondamentaux. Il est la soumission de la population à une idéologie qui s’impose à tous et qui conditionne l’ensemble de la société.
- La mondialisation sous sa forme politique représente quant à elle un monde ouvert à tous les vents, à toutes les idées, à toutes les modes, à toutes les pratiques, quelles qu’elles soient. Cette mondialisation est notamment liée à un individualisme généralisé qui amène à l’hédonisme, l’égocentrisme et au narcissisme selon notre auteur. Si elle semble être en apparence le meilleur rempart au totalitarisme, nous allons voir que les deux notions se complètent pour se renforcer.
Le nouveau totalitarisme par le nudge ou l’ingénierie sociale
Le totalitarisme qui évolue subrepticement depuis une bonne trentaine d’années dans le monde est d’un genre nouveau, car il se positionne comme le chantre de la liberté absolue et sans limites. Il serait donc à priori l’exact inverse de sa définition originelle. Effectivement, l’objectif de ce nouveau totalitarisme est différent des anciens : à la place de la matraque et du goulag, nous avons maintenant les enquêtes d’opinion, les sondages, le neuromarketing et tout un ensemble d’outils de puissance douce (nudge/ingénierie sociale) pour promouvoir le consentement volontaire et appréciable.
Son instrument clef consiste à sonder nos cerveaux. Derrière les médias, les discours politiques, la publicité, les opérations de communication, il y a des études scientifiques, marketing et de vraies stratégies pour nous pousser à agir d’une telle façon et pas d’une autre ; l’achat de tel produit, le vote vers tel parti, etc. Le pouvoir totalitaire a toujours voulu tout contrôler, mais aujourd’hui il en tire également profit économiquement, d’une façon bien plus considérable qu’avant.
Ceci n’a rien d’étonnant vu que le totalitarisme actuel est très lié à l’oligarchie économique et financière, caste qui s’est distinguée en captant des montagnes de profits. Ce n’est donc pas pour rien que le nudge (« coup de coude ») a été développée par la science du Capital par l’intermédiaire de Richard Thaler, prix Nobel d’économie en 2017. Cette technique issue de l’économie comportementale se propose d’influencer nos comportements dans notre propre intérêt. Vous noterez le paternalisme et le mépris de classe de cette idée. Et vous vous doutez bien que cela intéresse les multinationales et les pouvoirs publics de parvenir à leurs fins tout en nous caressant dans le sens du poil. Point de complot ici, écoutez cette émission de France Culture qui nous explique que le nudge a été mis en place pour justifier le confinement. Cet anglicisme barbare rejoint d’ailleurs le concept d’ingénierie sociale largement étudié par l’écrivain Lucien Cerise.
Ce totalitarisme soft n’est pas forcément un grand complot centralisé, mais plutôt un processus ou une résultante de rapports de force qui s’appuient sur l’évolution technique, scientifique, économique, psychologique… Quand on a les moyens d’influer sur le cerveau pour gagner les cœurs et de l’argent, évidemment on le fait.
La mondialisation économique industrielle libéralisée
Mais revenons plutôt aux années 1960, lorsqu’une partie de la population occidentale se lançait dans une insurrection contre la société de consommation, le capitalisme, mais également contre l’ordre traditionnel, le militarisme et l’autorité en général. C’est la fameuse alliance libérale-libertaire décryptée par Michel Clouscard à l’époque et par Jean-Claude Michéa ou Alain Soral aujourd’hui.
Les mouvements sociaux de mai 68 ont notamment profondément embarrassé le patronat français. Il était déjà contraint par l’État-providence et sa législation étouffante, mais à partir de ce moment-là une main-d’œuvre instable et rebelle commençait à faire des siennes. Suite à ce phénomène, une première vague de délocalisation fut lancée par les multinationales vers les pays du Sud et la réduction des dépenses de l’entreprise se concentra sur le coût du travail.
Ensuite vint l’effondrement de l’URSS, avec des pays du bloc communiste qui devenaient soudainement une chance inestimable pour les capitalistes occidentaux. Ils ont eu la possibilité d’implanter leurs industries dans ces pays aux mains-d’œuvre corvéables et dociles et de vendre leurs produits à de nouveaux consommateurs. Le monde est donc devenu plus ouvert pour les multinationales qui pouvaient dorénavant se déplacer d’un pays à l’autre en fonction de leurs intérêts.
Cette liberté de circulation changea complètement la donne et là était enclenché tout le processus que nous connaissons aujourd’hui. L’ouverture économique de la Chine fut ensuite une aubaine pour les multinationales occidentales qui pouvaient profiter des conditions encore plus profitables : des zones franches, des terrains industriels mis à disposition, des salaires dix à vingt fois inférieurs, l’absence de syndicat et de congés payés, des cadences très soutenues, etc. Mais pour faire revenir les marchandises délocalisées vers le pays d’origine, il fallait ouvrir les marchés occidentaux aux importations ce qui a considérablement creusé les balances commerciales vis-à-vis de pays comme la Chine ou l’Inde. Ce qui explique les politiques économiques d’un Donald Trump qui vont se généraliser aux États-Unis, qu’il soit réélu ou non, et peut-être dans tout le monde occidental s’il y a un retour à la souveraineté (le Covid-19 ayant rendu le phénomène à la mode).
La mondialisation totalitaire financière après la chute du mur de Berlin
Vingt ans après la guerre froide et l’instauration du libre-échange tous azimuts, les échanges internationaux rendent les États de plus en plus interdépendants les uns les autres. La part des multinationales dans les échanges mondiaux atteint 35 % et environ 850 000 firmes transnationales se partagent le monde sur la dernière décennie. Ce sont évidemment les principales bénéficiaires de la mondialisation, car elles profitent de la baisse des coûts liés aux délocalisations tout en ayant accès aux consommateurs des pays occidentaux. C’est tout simplement la meilleure stratégie à avoir pour maximiser ses profits.
En conséquence, des entreprises peuvent aujourd’hui être plus puissantes politiquement et économiquement qu’un pays. Ceci ne concerne pas forcément les plus importants bien entendu, mais vu que les nations sont de plus en plus insérées dans la mondialisation, les gouvernements doivent s’adapter à la conjoncture et aux conditions des multinationales pour avoir une position dans le monde.
Le développement des entreprises issues de fusions ou d’OPA a amené le monde que l’on connait aujourd’hui, celui des multinationales ultra-concentrées et ultras financiarisées qui délocalisent ou font du dumping fiscal à leur guise. La concentration par fusion ou rachat n’a épargné aucun secteur : les entreprises bancaires, l’automobile, l’industrie pharmaceutique, chimique, les assurances, le textile, la grande distribution… tout y passe. La mondialisation impose à toute entreprise internationalisée un seuil de taille critique pour assurer sa survie face aux poids lourds de la concurrence.
La multinationale s’accapare en plus toutes les ressources naturelles avec l’argument que les capacités d’investissement de l’entreprise permettent d’apporter les techniques les plus modernes pour un meilleur approvisionnent des ressources et une meilleure efficacité (et surtout plus de rendements). Or, c’est exactement le contraire qu’il se passe : les marchés les plus rentables ne profitent généralement pas aux régions du monde les plus précaires. Le contrôle privé de l’eau ou de la nourriture donne concrètement le droit de vie ou mort à grande échelle sur n’importe quelles région et population du monde. C’est un simple constat objectif.
En 2017, trois groupes contrôlaient environ de 55 % de la production mondiale de semences alors qu’elles n’en détenaient que 10 % vingt ans auparavant. Il s’agit de l’entreprise suisse Syngenta et des Américains Monsanto et Dupont pour ne pas les nommer. La logique financière privilégie également de promouvoir les espèces animales les plus rentables pendant que les autres s’éteignent, comme pour les animaux de fermes : sur 6 000 espèces bovines, 1 300 sont en voie de disparition faute de rendements suffisants, tandis qu’à peine 5 races prennent de vitesse toutes les autres. La biodiversité animale et végétale est donc en train de subir le même sort que la concurrence des multinationales face aux PME, à l’artisanat et aux petits commerces : elle s’éteint. Sans parler de la manipulation du génome humain qui ouvre également la porte à l’appropriation sous forme de brevets des meilleurs d’entre eux pour les commercialiser in fine comme de vulgaires semences (cf. mon entretien avec un expert de la manipulation génétique, de la PMA et de la GPA pour faire le lien).
Ce processus d’expansion de la puissance de l’entreprise multinationale s’est de plus couplé avec la libéralisation de la finance. Ceci s’est notamment fait avec la fin du système de Bretton Woods en 1971 qui garantissait la stabilité monétaire en limitant l’émission de liquidités avec l’adossement des devises à l’étalon-or (au travers du dollar américain). Le processus a ensuite franchi une étape avec la dérégulation financière des années 1980. L’interdiction de financement des États directement par leur banque centrale, officiellement pour s’autodissuader de s’engouffrer dans des politiques déflationnistes, participe également à l’affaiblissement des nations par rapport au secteur privé qui assure le refinancement d’une bonne partie des dettes souveraines.
Le poids des activités financières dans le PIB des pays de l’OCDE atteint environ 8 % ce qui est 2 % de trop par rapport aux besoins réels de l’économie. On en arrive à un système absurde où la simple évocation d’une possible victoire de Marine Le Pen à l’élection présidentielle ou la montée de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages fait décoller les taux d’intérêts d’emprunts français. Les États surendettés se retrouvent ainsi soumis à l’humeur des marchés financiers et autres agences de notation, alors que les déficits des banques sont supportés par l’État et donc l’argent des impôts.
Couillonavirus et grand reset : l’étape supérieure de la mondialisation totalitaire
Avec la concentration d’entreprises toujours plus puissantes, il pourrait avoir à terme moins de concurrence, moins de diversité, moins de créativité et peut-être aussi moins de choix pour le consommateur. Un changement de mode de production/consommation plus localiste, régionaliste et nationaliste serait efficace pour lutter face aux dérives de la mondialisation économique et financière. Mais alors que la plupart des citoyens semblent en accord avec cette tendance réellement écologique et sociale, le confinement forcé dû à l’épidémie peu létale du coronavirus amène au contraire à la destruction de la production locale (fermeture des magasins de proximité) et à une recrudescence de la consommation du supermarché internationale (en gros, Carrefour pour l’alimentaire et Amazon pour le reste).
Nous arrivons donc ici à un stade supérieur de la mondialisation totalitaire accompagnée par des gouvernements au pire complices ou au mieux profondément incompétents. Le grand reset ne changera rien mis à part prendre le pire de la mondialisation pour asseoir un peu plus la domination d’une élite internationale.
Nous verrons dans la suite de cet article l’aspect idéologique de la mondialisation, autrement dit le totalitarisme du mondialisme, du progressisme et du cosmopolitisme.
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