Cet article a été publié initialement en français le 21 juillet 2016
Ils ne sont pas intervenus car leurs règles d’engagement ne le prévoyaient pas. Ils n’ont donc pas accouru à la rescousse des gens à l’intérieur du Bataclan ou se trouvant dans la rue en face. Il y a eu 89 morts et plus de 100 blessés.
Un article d’un journal belge (daté du 5 juillet) nous apprend que le soir de l’attaque perpétrée au Bataclan à Paris le 13 novembre 2015, six militaires de la force Sentinelle française (créée par le ministère de la Défense de la France) se trouvaient devant la salle de spectacle le soir des attentats.
Ils ne sont pas intervenus parce que les circonstances [de l’attaque au Bataclan] n’entraient pas dans leurs « règles d’engagement », a affirmé mardi matin [5 juillet] le député cdH [parti politique] Georges Dallemagne à la chaîne belge RTL TV.
Un article publié précédemment par le Nouvel Obs (6 mai 2016) confirmait la présence de 8 militaires. Ils dépassaient donc en nombre les 4 terroristes présumés à l’intérieur du Bataclan. S’ils étaient intervenus, des vies auraient été sauvées. L’article n’indique toutefois pas clairement à quel moment ils étaient postés en face de la boîte de nuit.
Les militaires obéissent systématiquement aux ordres de leurs supérieurs. La question qui se pose alors est celle‑ci : Qui leur a donné l’ordre de ne pas venir à la rescousse des gens à l’intérieur de la boîte de nuit? Était‑ce la police ou le ministère de la Défense? D’après le Nouvel Obs : « Les militaires n’ont pas toujours le feu vert pour tirer. Les victimes ne seront secourues que plus tard, sans l’aide de l’armée. »
Il convient de noter que les quatre terroristes présumés étaient connus de la police. Il a été confirmé aussi qu’on avait eu connaissance à l’avance des attaques du 13 novembre 2015.
D’après le New York Times : « La plupart des hommes qui ont perpétré les attaques à Paris étaient déjà dans la mire des services secrets en France et en Belgique; »
Règles d’engagement
« On sait que la gendarmerie [française] n’est pas intervenue alors qu’elle était présente sur place, a affirmé le député. On sait que la force Sentinelle, qui avait six militaires en armes devant le Bataclan, n’est pas intervenue au moment où le carnage se produisait au Bataclan. »
« Ils ont estimé qu’ils ne devaient pas intervenir car leurs règles d’engagement ne prévoyaient pas qu’ils devaient intervenir. Leurs règles prévoyaient qu’ils ne pouvaient que se protéger eux‑mêmes. C’est tout à fait incroyable, hallucinant. » Le Soir et 7sur7.be
L’explication fournie pour justifier la non-intervention n’a effectivement aucun sens. Le mandat du projet Sentinelle de la France sous l’égide du ministère de la Défense est pourtant clair à cet égard. L’opération Sentinelle a été lancée en janvier 2015 à la suite de l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo. Son mandat (établi le 13 novembre 2015) est le suivant :
« L’opération Sentinelle vise à protéger les Français et sécuriser, en appui des FSI, les sites les plus sensibles à Paris et en province. »
Camouflage médiatique
Aucun des grands médias français n’a parlé du reportage belge citant un député de la Belgique. Les médias anglophones n’ont pas repris la nouvelle non plus.
Les articles laissent entendre que seul un groupe de policiers précis triés sur le volet ont été autorisés à entrer dans la boîte de nuit. Pourquoi??
L’opération Sentinelle mobilisait 10 000 soldats en France. Ils relèvent du ministère de la Défense. Les « règles d’engagement » définies par ce ministère pour la force Sentinelle le 13 novembre étaient clairement définies. Ils étaient mobilisés et déployés partout au pays dans le cadre d’une opération de contre-terrorisme. Leur mandat était de protéger les Français contre les terroristes présumés.
Voici le communiqué du ministère de la Défense qui définissait le mandat de la force Sentinelle le 13 novembre 2015 :
Aujourd’hui, la force Sentinelle est constituée de 10 000 soldats – dont 6 500 en Île-de-France et 3 500 en province. Au total, 50 unités de l’armée de terre ont été mises à contribution pour participer à cet effort. Retour sur cette montée en puissance.
Dans la nuit du 13 novembre 2015, l’armée a immédiatement renforcé les dispositifs sécuritaires des forces de sécurité intérieure (FSI) sur les sites frappés par les attentats terroristes.
Dans les 48 heures qui ont suivi les attentats, 1 000 hommes sont venus renforcer le dispositif Sentinelle d’Île-de-France.
Puis en 72 heures, 2 000 hommes supplémentaires portent les effectifs déployés en France à 10 000 hommes. En région parisienne, l’arrivée de ces renforts porte à 150 le nombre d’unités militaires déployées. Elles sécurisent plus de 350 lieux – en appui des FSI. En province, la vigilance reste maintenue et le 20 novembre, 500 hommes ont renforcé les 3 000 soldats déjà lancés à la suite des attentats survenus à Paris les 7, 8 et 9 janvier 2015, l’opération Sentinelle vise à protéger les Français et à sécuriser, en appui des FSI, les sites les plus sensibles à Paris et en province.
Michel Chossudovsky
Article original en anglais :
The Paris Bataclan Terror Attack: Six French Military Were Present, Instructed Not to Intervene, People Died…, publié le 11 juillet 2016
Traduction par Daniel pour Mondialisation.ca
Source: Lire l'article complet de Mondialisation.ca