par Christelle Néant.
En Ukraine, le cabinet des ministres a soumis au parlement (la Rada) une proposition de loi qui permettra d’interner les citoyens russes dans des camps. Cette mesure vise clairement les habitant de la Crimée et du Donbass, et constitue un pas de plus vers la nazification totale du pays.
Analyse du projet de loi visant à interner les citoyens russes dans des camps en Ukraine
Dans le projet de loi n°4327 soumis le 5 novembre à la Rada par le cabinet des ministres de l’Ukraine, si le pays dont les citoyens sont concernés par cette possibilité d’internement en camps n’est pas clairement mentionné, il n’y a pas besoin d’être un génie pour comprendre que cette loi vise avant tout les citoyens russes.
En effet, le projet de loi stipule que pendant un état d’urgence (c’est-à-dire l’état actuel de l’Ukraine depuis 2014 et le début de l’opération anti-terrorise dans le Donbass, renommée plus tard opération des forces interarmées), les citoyens d’un pays menaçant d’attaquer ou menant une agression contre l’Ukraine (c’est-à-dire la Russie, puisqu’elle est officiellement en Ukraine qualifiée d’état agresseur), doivent être identifiés, ainsi que leur dangerosité potentielle, par le SBU (services secrets ukrainiens) et que ces informations doivent ensuite être envoyées au quartier général des Forces Armées Ukrainienne, qui décidera alors de l’internement ou non de ces personnes « en prenant en compte les menaces réelles et potentielles pour la sécurité nationale de l’Ukraine ».
Avec un énoncé aussi vague, l’Ukraine peut faire interner n’importe quel citoyen russe se trouvant sur son territoire, à coup de « menace potentielle pour la sécurité du pays », puisque la loi n’oblige pas l’armée à justifier l’internement.
Le projet de loi précise ensuite que l’administration des autorités centrales qui décident de la politique à mener concernant les « territoires temporairement occupés des régions de Donetsk et de Lougansk » et ceux « de la République de Crimée et de la ville de Sébastopol », détermineront les « lieux d’internement forcé » de ces personnes « en accord avec les normes du droit international », et organiseront leur transport, sans utiliser le transport routier (précisant un peu plus loin que c’est la compagnie de chemin de fer qui assurera leur transport).
Une fois traduit en langage clair cela veut dire que les citoyens russes de la Crimée et du Donbass qui auront le malheur de tomber entre les mains de l’Ukraine se verront envoyer dans des camps d’internement (par le train), au bon vouloir des autorités militaires ! Si cela vous rappelle quelque chose c’est normal. L’Ukraine réinvente les camps de concentration (pour les citoyens russes au lieu des juifs, des Tziganes, et des Soviétiques), dans une énième preuve que le pays est en pleine nazification depuis le Maïdan de 2014 !
Je rappelle que les premières personnes à avoir été envoyées dans des camps par les Nazis étaient les opposants politiques, les syndicalistes, et les personnes jugées « dangereuses » pour le régime et le pays. Or c’est exactement le critère sous lequel l’Ukraine veut interner des citoyens russes dans des camps. Sans parler de la méthode de transport (le train) strictement identique.
Et vu le nombre de crimes de guerre, et de violations de toutes les conventions internationales par Kiev (tirs délibérés contre les civils du Donbass, enlèvements, usage systématique de la torture et du viol contre les prisonniers et prisonnières, etc), je doute fort que cet internement sera réellement « en accord avec les normes du droit international ».
Pareil pour l’appel judiciaire qui peut être fait par la personne internée contre cette mesure. Il suffit de voir combien de temps des prisonniers comme Daria Mastikacheva ou Kirill Vychinski ont passé dans les geôles ukrainiennes, soumis à la torture, sans jugement, alors qu’il n’y avait aucune charge sérieuse contre eux, pour se rendre compte que les citoyens russes vivant en Ukraine ne pourront pas compter sur la justice du pays pour les sauver !
Cette loi prévoit d’ailleurs que l’internement de ces citoyens d’un « pays agresseur » pourra durer jusqu’à la fin de la guerre et même au-delà si l’état d’urgence est maintenu ! Autant dire que vu le temps qu’est parti pour durer le conflit du Donbass, des citoyens russes pourraient être internés en Ukraine dans des camps pour des décennies, le tout sans jugement !
Et histoire de fignoler le tableau, c’est la Garde Nationale ukrainienne (c’est-à-dire un des pires repères de néo-nazis en uniformes en Ukraine) qui sera chargé d’assurer la sécurité des camps où seront internés les citoyens russes. Là au rayon histoire qui se répète, on est servis. Parce qu’il n’y a pas mieux que la Garde Nationale ukrainienne, qui est composée de bon nombre de bataillons néo-nazis, pour jouer la version 2.0 de la SS dans ces camps de concentration à l’ukrainienne.
D’ailleurs, comme à l’époque de l’Allemagne Nazie, les autorités ukrainiennes prévoient de mettre en place un système de collecte et de transfert des « biens de valeurs des prisonniers de guerre et des personnes internées ». Il n’y a pas de petit profit on dirait, surtout en Ukraine.
Le gouvernement ukrainien tente d’obtenir le vote des néo-nazis
Le signal qui est envoyé aux habitants du Donbass et de la Crimée via cette loi, est clairement plus que négatif, comme l’a déclaré le politologue Vadim Karassiov.
« On a la sensation que le « clan de Lvov » s’est lancé dans un séparatisme latent. D’une part, il s’agit d’un signal adressé aux personnes provenant des territoires non contrôlés pour qu’elles partent en Russie avec leur passeport russe. Et pour ceux qui viennent ici, ils veulent préparer, en fait, des camps de filtration. Du point de vue des technologies politiques – ils espèrent obtenir les votes du public patriote et éviter la démission. Ils ont peur de Porochenko, qui semble être à la hausse après les élections locales et qui veut reprendre l’agenda patriotique. Je pense que Chmygal comprend qu’en soulevant un tel sujet, il se substitue à Zelensky. Mais il est assuré de l’électorat patriotique et du public patriotique, qui peuvent facilement soutenir une telle idée de manière générale, » explique l’expert.
Sergueï Chakhov, un député du parti de Zelensky, de l’oblast de Lougansk, a déclaré qu’il ne voterait pas pour cette initiative.
« De telles idées sont tout simplement impossibles ! Je suis moi-même originaire de la région de Lougansk et je n’imagine pas que mes proches soient obligés de rester quelque part après avoir quitté Lougansk pour prouver leur loyauté envers l’Ukraine. Bien sûr, nous devrions soulever cette question et demander aux auteurs de ce projet ce qu’ils avaient à l’esprit et ce qu’ils espéraient lorsqu’ils ont soumis ce projet. Nous ne voterons pour aucun camp de filtration, et je ne comprends pas comment nous pouvons soutenir cela, » a déclaré le député.
Pour le politologue Rouslan Bortnik, cette initiative vise à saper le processus de négociation sur le Donbass (qui est déjà dans l’impasse la plus totale après la proposition de feuille de route délirante fournie par l’Ukraine).
« Tout est fait pour qu’il n’y ait pas de progrès vers un règlement politique. Dès qu’il y a le moindre progrès, les autorités font tout pour provoquer un réflexe de nausée de l’autre côté de la ligne de démarcation. Cela mine la confiance entre les parties aux négociations, fait échouer toute tentative de processus de paix. Cela ressemble également à une menace possible de rafles pour les résidents des territoires contrôlés. Dans tous les cas, ces objectifs et instruments sont criminels, et l’État a tous les pouvoirs pour ne pas causer de problèmes aux habitants des territoires non contrôlés, qui ont déjà suffisamment souffert. Cela s’avère étrange : d’une part, ils parlent de double nationalité, et d’autre part, ils proposent de telles idées, qui ne peuvent que provoquer une réaction extrêmement agressive des habitants du Donbass. Et pour que les autres régions ne s’illusionnent pas, il est toujours possible d’introduire un amendement pour les passeports hongrois et roumains », a-t-il déclaré.
Pour le politologue Mikhaïl Pogrebinski, il s’agit d’une tentative d’attirer l’attention de la nouvelle administration américaine, en jouant à celui qui sera le plus russophobe, entre Porochenko, Zelensky et Chmygal.
Quelle qu’en soit la raison, ce projet de loi d’internement des citoyens russes est une honte totale et pour l’Ukraine et pour ses « partenaires occidentaux » dont aucun n’a réagi contre cette horreur digne du Troisième Reich…
source : http://www.donbass-insider.com/fr
Source : Lire l'article complet par Réseau International
Source: Lire l'article complet de Réseau International