Clotilde, lectrice de Profession-Gendarme, nous a adressé un texte de sa composition sous forme de lettre ouverte. Une lettre ouverte pour tous les Citoyens et pour tous ses amis.
Touchés par la pertinence de ses questionnements et réflexions, nous avons voulu partager avec vous cette lettre.
Merci à Clotilde pour son partage en espérant que cela fera réfléchir le plus grand nombre.
Bonjour. Je ne vous connais que depuis très peu de temps, bien que lisant depuis des mois des études en virologie, en épistémologie, en économie, en histoire car la situation actuelle me désespère : la covid n’a de grave à mon sens que la dérive autoritaire qu’elle permet dans tous les pays du monde où on terrorise les gens.
En France cela va beaucoup trop loin dans l’abolition de tous les droits fondamentaux des citoyens. Il me semble que votre ligne éditoriale va dans le même sens d’indignation que ce que je ressens.
J’ai écrit ce texte. On me dit qu’il pourrait peut-être contribuer à faire réfléchir une ou deux personnes. Si vous pensez qu’il peut être utile…
Pourquoi ?
Je ne comprends plus mon pays. Je ne suis pas à risque : je ne suis pas assez vieille pour être à risque : je n’ai que 61 ans.
Je ne suis ni diabétique, ni obèse, ni cardiaque, je n’ai pas d’insuffisances pulmonaires, je ne suis pas asthmatique, bref, je suis désespérément en bonne santé.
Ma mère est toujours vivante, elle va très bien, n’est pas en Ehpad, elle est autonome. Mes enfants ont une trentaine d’années tous deux, ne sont pas plus à risque que moi, je ne suis pas grand-mère. Personne de mes proches ou de mes amis n’a été touché vraiment, un ou deux ont été un peu malade, pas plus que pour une grippe. Aucun de mes proches n’a perdu sa femme ou son père.
Donc, si je dis que je n’ai pas peur du Covid, vous pourrez me répondre que bien sûr je n’ai pas de raison d’avoir peur. Je n’ai jamais eu peur de cette maladie. Un peu pendant quelques jours pour ma mère.
Et pourtant, depuis février de l’année dernière, je vis dans une angoisse et une terreur permanentes, parce que je ne comprends pas. Je ne comprends pas les chiffres.
Pourquoi 2 morts à Monaco, et 75 à Andorre? Quelle différence entre ces deux villes? Les monégasques sont deux fois moins nombreux, alors pourquoi 75 morts au lieu de 4 ou 5? Est-ce le climat? Andorre n’est-elle peuplée que de vieux gros et diabétiques? L’ours des Pyrénées leur porte-t-il malheur? Je ne comprends pas.
Je ne comprends pas les chiffres. Pourquoi 2,5morts/10 000 habitants au Portugal, et 8 morts/10 000 en Espagne? Trois fois plus. C’est grâce au porto?
Pourquoi en Grèce 0,6 morts/10 000 et en Italie 6,5 /10 000? Pourquoi est-il dix fois plus dangereux d’être Italien que Grec?
Le système hospitalier italien est-il pourri, et les restructurations de la Troïka ont-elles donné à la Grèce un des tout meilleurs systèmes de soins d’Europe? Le chianti est-il toxique et l’ouzo le remède miracle que nous attendons? Je ne comprends pas.
Je ne comprends pas les chiffres. Pourquoi y a-t-il en France autant de morts que dans tout le continent africain? Pourquoi l’Afrique du Sud compte-elle à elle seule la moitié de tous les morts du dit continent? Je ne comprends pas.
Je ne comprends pas pourquoi ceux qui se doivent de nous informer ne se posent pas ces questions. Je ne comprends pas pourquoi les députés de mon pays, de quelque parti qu’ils soient ne s’étonnent pas.
Pourquoi nos instances médicales ne semblent-elles pas s’interroger? Y a-t-il un point commun entre les pays où on meurt si peu de la Covid?
Pourquoi Monsieur Véran ne se pose-t-il pas la question? Je ne comprends pas.
Pourquoi toute l’histoire des épidémies nous dit que lorsqu’on confinait toute une ville ou une région, le bilan sanitaire était nul, voire contre-productif. Qu’au plan économique, c’était toujours une catastrophe pour les plus fragiles et une aubaine pour les plus riches ?
Pourquoi lorsque les chiffres du premier confinement sont sortis, actant l’échec sanitaire de la France qui arborait à ce moment le taux de létalité le plus élevé du monde, cela n’a abouti qu’à un port du masque pour éviter un confinement, puis un confinement nocturne pour éviter un confinement puis un confinement pour lisser la courbe.
Oups, lisser la courbe, c’était la première fois.
Moi aussi, je mélange un peu, parfois, les mots d’ordres et les contre-ordres… Je ne comprends pas pourquoi mon peuple accepte. Je ne comprends pas qu’il soit à ce point devenu fou. Tous ceux qui portent des masques la journée durant l’avouent en secret : ils sentent bien que ce n’est pas bon pour eux, ce n’est pas bon pour se parler, pour se sourire, pour respirer, pour se sentir vivant et ils ont raison, bien évidemment qu’ils ont raison. Mais non seulement vous acceptez, vous que je croyais libres, mais vous en réclamez toujours plus.
Pour les enfants, maintenant. Demain pour ceux de trois ans. Je ne comprends pas. Vous ne les regardez plus vos enfants? Un enfant, c’est des rires des galopades effrénées, c’est une bouille hilare, ou en pleurs pour la mort d’une coccinelle, ce sont des bêtises et des bouderies et de grandes embrassades. Qu’avez-vous fait de vos enfants? Qu’avez-vous accepté que l’on fasse à nos enfants? Regardez les enfants de notre pays, regardez leurs jeux en sourdine, regardez leurs yeux au regard perdu, regardez leurs gestes étriqués, l’effroi qui les enveloppe.
Les enfants de mon pays me terrorisent. Leur silence, leur calme me brise. Où êtes-vous, ceux de mon peuple? Que vous a-t-on fait? Comment a-t-on fait pour vous transformer ainsi en fantômes allant à petits pas pressés du point A au point B, en vous assurant que votre couvre-figure est bien placé, en vous demandant si vous pouvez aller rendre visite à l’érable qui l’an dernier était si beau à l’automne, et renonçant : il est à plus de Un km.
Est-ce bien vous les descendants de Vercingétorix, de Cyrano de Bergerac? Toussaint Louverture et toi Aliénor, qu’êtes-vous devenus, où êtes-vous?
Je ne comprends pas. Votre renonciation me plonge dans une angoisse sans trêve. Comment peut-on vous faire croire qu’une maladie qui laisse 99,5% des gens indemnes vaille qu’on ne vive plus?
Comment peut-on vous faire croire qu’aller rendre visite à votre cousin soit un acte délictueux ? Comment pouvez-vous accepter que quiconque vous autorise ou non à changer de chaussettes? Comment pouvez-vous accepter d’écrire sur un papier que tel jour à telle heure vous avez fait le tour de votre pâté de maison pour faire pisser votre chien?
Je ne comprends pas. Et votre obéissance me terrorise.
Quand redeviendrez-vous celui ou celle que vous êtes?
Ami, entends-tu le bruit sourd…
Ami, quand jetteras-tu ce bâillon qui t’enchaîne?
Ami, quand souriras-tu à nouveau à l’inconnu qui passe?
Ami, quand oseras-tu embrasser ta belle sur un banc public?
Ami, quand voudras-tu vivre?
Clotilde Amourous.
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