L’Union des producteurs et productrices du cinéma québécois (UPPCQ) manifeste son approbation de principe auprès du ministère du Patrimoine canadien concernant la présence de nos productions sur les services par contournement, mais tient à préciser que cela ne peut être qu’un début vu l’état actuel de la situation de la culture et de l’industrie audiovisuelle du Québec.
L’UPPCQ souligne tout d’abord qu’elle ne partage pas les conclusions optimistes du rapport Yale sur la télévision de langue française. En effet, les jeunes Québécois ont de moins en moins d’habitudes d’écoute sur les réseaux nationaux et par conséquent, de culture commune généralement abandonnée au profit du contenu Internet des plateformes étrangères.
Ensuite, l’UPPCQ rappelle que les services de contournement contribuent aussi à l’anglicisation des habitudes d’écoute au Québec. Ceci, couplé au vieillissement maintenant alarmant de nos publics, présage à son avis du pire pour l’avenir de la culture québécoise, soulevant un ensemble de vastes questions identitaires. C’est pourquoi elle appelle d’urgence à une refonte complète de l’industrie pour réparer l’impact du « tsunami numérique » des vingt dernières années sur nos médias.
Au sujet de la loi sur la radiodiffusion, l’UPPCQ remarque que le gouvernement a choisi de poursuivre dans la lignée d’une délégation graduelle au privé des fondamentaux de la filmographie nationale. Elle déplore franchement le manque d’autonomie avéré du ministère face au privé, cette privatisation allant jusqu’à la production de ses rapports annuels sur la situation du cinéma et de la télévision. L’UPPCQ souligne que cette délégation au privé des obligations qui reviennent au ministère ne dégage pas celui-ci de respecter les objectifs de la loi sur les langues officielles. Elle demande donc que, sur les plateformes de contournement, le tiers de la production et du contenu soit de langue française, comme c’est le cas des financements de Téléfilm Canada.
Par ailleurs, dans une perspective citoyenne, il faut aussi considérer d’urgence l’état de la culture à l’image au Québec et au Canada. Pour ce faire, l’UPPCQ propose de débuter par l’enseignement de notre cinématographie. En plus de contribuer au développement de la cinéphilie et de constituer un nécessaire regard sur nous-mêmes, cela permettrait de développer l’esprit critique dans une société de l’image.
« Pour maintenir chez nous une certaine cohésion, il faudra finalement trouver comment rétablir un espace médiatique commun et contrer l’effet délétère sur le tissu collectif d’un espace de communication recomposé par les algorithmes de plateformes et de médias qu’il est bien étrange de qualifier de ‘’sociaux’’ vu leurs effets sur nos sociétés. » a précisé Galilé Marion-Gauvin président de l’UPPCQ.
L’UPPCQ sait bien qu’il s’agit là de questions auxquelles elle ne saurait seule répondre. Les grandes politiques que donne l’État à un secteur aussi stratégique que les médias se doivent d’être cohérentes à la vision d’avenir du pays. L’Union aimerait y contribuer, dans la mesure de ses moyens, à la suite de son AGA du 16 novembre prochain.
À propos de l’UPPCQ :
L’UPPCQ est une organisation regroupant essentiellement des producteurs de cinéma, provenant de la relève et de la production de films d’auteur. Ce sont souvent de plus petites entreprises où l’art, la culture et l’accompagnement des créateurs est au centre des préoccupations. Avec 39 membres des plus actifs dans la production de cinéma, elle compte un total de plus de 75 sympathisants chez les producteurs du Québec, actifs lors de sa constitution et de la définition de ses objectifs. L’AGA de novembre 2020 sera l’occasion de son lancement officiel et du regroupement de ses forces larges.
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