Recherche menée par Robert Gil
L’Association paritaire d’action sociale (Deutsche Paritätische Wohlfahrtsverband) a publié un rapport sur le développement régional de la pauvreté en Allemagne en 2013 intitulé «Entre prospérité et pauvreté – une épreuve de vérité». Le rapport réfute la propagande officielle comme quoi l’Allemagne n’a pratiquement pas été touchée par la crise et est un paradis de la prospérité en Europe.
Selon le rapport, la pauvreté «atteint un triste record» en Allemagne. Des villes et des régions entières sont plongées dans une crise économique et sociale de plus en plus profonde. Le rapport discrédite la légende officielle selon laquelle une légère reprise économique de ces dernières années et un chômage en baisse avaient eu un impact positif sur la situation sociale de la population laborieuse. Le rapport constate que le contraire est le cas: «Le développement de la pauvreté a, selon les données, été découplé du développement économique…, et on observe une importante tendance à la hausse à moyen terme.»
L’Association examine l’écart entre le développement économique et la pauvreté. En 2011, lorsque l’Allemagne avait annoncé une croissance économique de 3,9 pour cent en termes réels, en même temps qu’une baisse du chômage, le taux de pauvreté avait bondi de 14,5 à 15,1 pour cent. En 2012, lorsque la croissance économique n’avait augmenté que de 0,9 points en termes réels et que le taux de chômage était resté stable, le taux de pauvreté avait augmenté de 0,1 pour cent supplémentaire.
En d’autres termes, alors que les profits de l’essor économique atterrissaient dans les poches d’une riche élite financière et patronale, les emplois nouvellement créés étaient à bas salaires. L’exploitation et la pauvreté ne cessent d’augmenter. Le rapport dit que ceci «soulignait de façon incontestable de bas salaires et des conditions d’embauche précaires et inadéquates… Les bons résultats statistiques réalisés par la politique relative au marché du travail ont été atteints grâce à l’américanisation du marché du travail, le phénomène des travailleurs pauvres (“working poor”).»
Selon l’Association, le fossé entre États «riches» et «pauvres» est de façon générale en train de se creuser tandis que la pauvreté est en train de croître dans la plupart des États. Onze des 16 États fédéraux ont enregistré les pires statistiques par rapport à l’année précédente. L’étude conclut en remarquant que pour «les régions prospères les choses continuent de s’améliorer et pour les “régions pauvres” les choses empirent.».
Un «drame tout particulier» est en train de se développer dans la région de la Ruhr qui, aux côtés de Berlin, a «pour la première fois été identifiée comme une région particulièrement pauvre en Allemagne». Dans cette ancienne région industrielle, «un développement effréné de la pauvreté» prend place. L’étude constate que «des régions entières s’enfoncent dans une infernale projection en spirale ou s’y trouvent déjà pleinement». Les conséquences en sont la dégradation de l’infrastructure et le départ de la main-d’œuvre qualifiée et des familles «vers des sites plus attrayants».
L’Association prédit dans les années à venir une nouvelle dégradation catastrophique de la situation. Début 2020, on verra l’application du «frein à l’endettement» qui a été inscrit dans la constitution interdisant à tous les États fédéraux de contracter de nouveaux prêts. Des coupes massives aggraveront tout particulièrement la pauvreté dans les États qui en sont déjà fortement affectés.
À ceci s’ajoute que le système de péréquation financière entre les États expirera en 2019. «Si des États financièrement faibles devaient recevoir des transferts inférieurs à ceux reçus dans le passé, leur situation financière déjà précaire se détériorerait davantage», prévient le rapport. «Le gouffre entre les États financièrement forts et faibles, entre les régions prospères et pauvres s’accentuerait encore plus »
Source: Lire l'article complet de Les 7 du Québec