La guerre au sein de l’Establishment américain
Dans cette saga électorale américaine, dont nous suivons la trace depuis des semaines https://les7duquebec.net/archives/259308 l’oligarchie – la ploutocratie – a joué à fond la carte électorale, car la guerre est en marche entre les deux factions du Grand capital mondialisé dans sa loge étatsunienne.
La faction des anciens secteurs industriels dégradés (moyens de transport automobile, énergie fossile, mines, foresterie, construction, tourisme, services de proximité, agriculture subventionnée, etc.) qui avait appointé Donald Trump et le Parti Républicain au pouvoir en 2016 vient d’être rétrogradée dans l’opposition par la faction du capital financier (banques, assurances et boursicoteurs), des industries des télécommunications (GAFAM), des nouvelles technologies (aérospatiale, intelligence artificielle, nanotechnologie), des industries chimiques et pharmaceutiques (Big Pharma).
Cette guerre de factions au sein même de la classe dominante, dont la populace votante n’est que l’exécutante, est la résultante des profondes transformations que subit le procès de production international. En d’autres termes, depuis des années le grand capital américain opère la transformation des rapports sociaux de production sur son territoire et il ne sait comment se débarrasser des dizaines de millions d’anciens travailleurs salariés déclassés – en surplus – inutiles – endettés – insolvables, et, parallèlement, comment assurer l’exploitation profitable – rentable – des dizaines de millions de travailleurs salariés restants.
D’autant plus que les capitalistes étatsuniens doivent opérer ces transformations gigantesques dans un contexte international défavorable, troublé, contesté, les puissances impériales concurrentes (Chine, Russie, Union européenne, Japon) cherchant chacune à tirer leur épingle de ce jeu cacophonique qui perturbe la planète tout entière sous confinement dément, dont le concurrent chinois s’extirpe tranquillement prenant avantage sur tous les autres.
Cette cacophonie internationale, cette foire d’empoigne est la conséquence du déclin de la puissance impériale américaine qui ne parvient plus à jouer son rôle d’arbitre international, empêtrée qu’elle est dans ses contradictions nationales. L’équipe Trump-Républicain croyait que la meilleure façon de redonner sa puissance mondiale à l’Amérique bancale consistait à renforcer au pays les anciens secteurs industriels périclitants, de protéger ces vieux secteurs industriels déclinant par des barrières tarifaires et commerciales, et de cesser de dilapider le capital US à jouer les arbitres sur toutes les scènes militaires internationales «America First».
L’équipe Démocrate et Joe Biden représentante des industries de plateforme ascendante (GAFAM), de Big Pharma en croissance, de l’aéronautique performante, et de l’armement payant, pense qu’il est préférable de laisser s’écrouler les anciens secteurs industriels dégradés (la loi et l’ordre répressifs s’imposeront aux BLM et aux Antifa agités), et de soutenir fortement les secteurs industriels où l’Amérique peut espérer imposer son hégémonie internationale. Pour ce faire, les États-Unis doivent ouvrir davantage leurs frontières aux concurrents et réciproquement pénétrer les marchés des concurrents, la Chine et l’Union européenne. Il se pourrait que demain l’Europe et la Chine, si heureuses de voir Joe Biden à la présidence, déchantent. Celui que les GAFAM ont porté à la gouvernance de l’État fétiche sera celui par lequel la concurrence américaine pénétrera davantage les marchés du monde entier.
Le contexte économique et politique internationale
C’est dans cette optique à haut risque qu’il faut comprendre l’élection de Donald Trump et des Républicains en 2016 et celle de Joe Biden et des Démocrates en 2020. Malgré les apparences superficielles, chacun de ces polichinelles est parti du soi-disant « État profond » et intégré à une faction ou à l’autre de l’Establishment. Trump a pu compter sur les « Déplorables » parce qu’il avait mission de ses patrons de tenter de résister à la liquidation des anciens secteurs industriels en perdition où travaillaient les Déplorables, ce qui s’avère impossible comme son mandat de quatre ans l’a démontré.
Biden peut aujourd’hui compter sur la petite bourgeoisie des banlieues et des salariés des services urbains qui n’ont pas encore compris que le réalignement de l’Amérique dans l’axe de la concurrence mondiale, de la conquête et du partage des marchés internationaux, ainsi que de la dévalorisation du travail salarié qui en découle, sont les conditions du « Grand Reset » (sic) la nouvelle dénomination de la Grande Dépression qui donnera le coup d’envoi du soi-disant «Nouvel Ordre Mondial» qui n’aura rien de nouveau si ce n’est de mieux ressembler aux États totalitaires et pseudos libéraux de la Seconde Guerre mondiale.
Nous pensons qu’il nous faudra passer par là si nous souhaitons que survienne enfin la toute première Révolution prolétarienne.
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Source: Lire l'article complet de Les 7 du Québec