par Régis de Castelnau.
Le travail entrepris cet été afin de rédiger un livre exposant et documentant l’analyse que j’ai fait du fonctionnement du système judiciaire français au service de Emmanuel Macron, s’est révélé être beaucoup plus important que ce que j’imaginais au début. L’ouvrage paraîtra d’ici trois semaines et sera copieux puisqu’il approchera me dit l’éditeur les 600 pages…
Nous allons pouvoir reprendre des publications plus régulières qu’elles soient d’ailleurs écrites ou en vidéo. Autour des problématiques étudiées dans le livre, mais pas seulement.
Nous publions aujourd’hui quelques réflexions sur des événements qui se sont produits il y a quelques jours et qui montrent nous semble-t-il que la magistrature française politisée apporte un soutien, moins à la personne de Emmanuel Macron, qu’au système qu’il l’incarne.
« Qui t’a fait roi ? »
Les deux derniers attentats terroristes, celui perpétré par un ressortissant pakistanais devant les anciens locaux de Charlie hebdo, et la décapitation du malheureux Samuel Paty ont encore posé avec crudité la question de l’attitude globale de la magistrature dans le traitement d’un certain nombre d’affaires. Concernant le ressortissant pakistanais, celui-ci agé de plus de 25 ans prétendant être mineur avait sollicité d’être pris en charge par les services départementaux de l’Aide Sociale à l’Enfance. Les services ayant refusé cette prise en charge compte-tenu de l’âge évident du demandeur, elles y furent contraintes par une décision d’un juge refusant d’ordonner le test osseux qui aurait permis de dévoiler l’escroquerie. Adoptant en cela la position du Syndicat de la Magistrature qui a pris position contre le principe même de ces mesures permettant d’éviter ce qui s’apparente tout de même à un détournement de fonds publics. Concernant l’assassinat de Samuel Paty, c’est la décision du juge délivrant, contre l’avis de la commission, le statut de réfugié politique au père du futur djihadiste. Chacune de ses deux décisions n’a pas de lien direct avec le passage à des criminels mais caractérise une attitude générale où un certain nombre de magistrats rendent leurs décisions sur la base de leurs préjugés politiques.
Cette situation n’est malheureusement pas nouvelle. Il y a une trentaine d’années, le pouvoir judiciaire a décidé de s’émanciper du pouvoir exécutif et d’acquérir une indépendance dont pour des raisons historiques il ne disposait pas. Les épisodes de l’occupation et de la guerre d’Algérie en étant la démonstration. Ce fut d’abord un combat contre les politiques dans une alliance avec la presse. Puis, cette émancipation, cette obtention de l’indépendance a de façon très paradoxale abouti au contraire de ce que cette indépendance doit apporter. Celle-ci est en effet le levier permettant d’obtenir l’impartialité du juge du siège. Cette culture de l’impartialité est faible dans notre magistrature, comme l’a illustré la lamentable affaire du « mur des cons ». Je dirais même que la partialité est quasiment revendiquée dans certaines circonstances. Depuis une quinzaine d’années Il est difficilement contestable que le corps des magistrats penche politiquement du côté du parti socialiste d’abord puis de celui de Emmanuel Macron.
Et force est de constater que depuis l’arrivée de celui-ci au pouvoir, le soutien de la magistrature ne lui a pas été compté.
Mais il ne faut pas se tromper, le nouveau président de la république n’a pas eu besoin d’instrumentaliser lui-même directement la justice à des fins politique, le corps des magistrats s’est mis spontanément à son service pour des raisons d’intérêt de classe sociale et d’intérêt de corps. Il l’a fait, d’abord en liquidant judiciairement François Fillon, favori de la présidentielle. Ensuite, une fois Emmanuel Macron installé au pouvoir, en poursuivant ses adversaires politiques, en ménageant soigneusement ses amis, et en assurant une répression de masse sans précédent contre les Gilets Jaunes et les autres mouvements sociaux.
Alors l’affrontement violent auquel on assiste cet automne, entre Éric Dupond Moretti et la magistrature pourrait-il faire penser que Macron aurait commis une erreur tactique en le nommant des Sceaux ?
L’image de la magistrature dans l’opinion étant calamiteuse, peut-être a-t-elle pensé nécessaire en nommant EDM de prétendre qu’on allait remettre un peu d’ordre. Mauvaise pioche, puisque cette nomination en forme de provocation s’apparentait au rappel à l’ordre que lança Hugues Capet à Adalbert de Périgord qui refusait de lever le siège de Tours : « qui t’a fait Comte ? » Ce à quoi le Comte insolent répondit : « qui t’a fait Roi ? ». C’est exactement ce que la magistrature française, ulcérée de la nomination de Dupond Moretti place Vendôme, a fait à deux reprises la semaine dernière au président de la république.
Il y a eu d’abord le rodéo judiciaire géant avec les cinq perquisitions simultanées des ministres de Macron à leur domicile. La perquisition qui est un acte d’instruction particulièrement violent, était en la circonstance techniquement inutile dans ces dossiers, et n’a pu être organisée et réalisée que par la haute fonction publique judiciaire. Celle qui dirige la révolte de l’ensemble du corps des magistrats contre la nomination de Éric Dupond Moretti et sa volonté de voir certains magistrats dévoyés rendre des comptes.
Il y a ensuite, la nouvelle mise en examen de Nicolas Sarkozy dans un dossier parfaitement creux, et qui dure depuis neuf ans.
Le message est clair, la magistrature dit au pouvoir exécutif que c’est elle qui tient le manche de la violence légitime, qu’elle n’a de compte à rendre à personne, et qu’il a intérêt à filer doux.
Car il faut bien comprendre que le ralliement de ce corps particulier s’est fait au profit du système Macron et non particulièrement à sa personne.
Cette politisation assumée, voire revendiquée est particulièrement grave par la menace que tout cela fait peser sur le fonctionnement démocratique des institutions de la République. En effet, on peut légitimement craindre que le poids politique dont dispose désormais la justice pénale soit utilisé pour fausser la prochaine élection présidentielle. Le précédent de l’affaire Fillon, est là pour en rappeler la possibilité. Et personne ne devrait être surpris si pendant la période qui conduit au scrutin, des candidats dangereux en termes électoraux pour Emmanuel Macron et son système, se trouvaient brutalement confrontés à des procédures pénales médiatisées.
On connaît la citation attribuée à Richelieu : « Donnez-moi six lignes écrites de la main du plus honnête homme, j’y trouverai de quoi le faire pendre. » Sans aller jusque-là, mises en cause spectaculaires, violations répétées du secret de l’instruction, utilisation des médias moutonniers, François Fillon et les Français sont bien placés pour savoir que cela peut arriver, et fausser une élection. Il y a également la crainte d’interventions judiciaires postérieures à une victoire électorale qui aurait vu l’arrivée au pouvoir d’un camp considéré comme néfaste à ses intérêts de classe et de corps par la magistrature. Qui, ayant tourné le dos à ses devoirs d’impartialité et de neutralité, céderait la tentation de regagner dans les prétoires ce qui aurait été perdu dans les urnes.
N’y aurait-il pas là un lourd danger pour la démocratie ?
source : https://www.vududroit.com
Source: Lire l'article complet de Réseau International