A la suite du discours d’Emmanuel Macron, à l’occasion de l’hommage au professeur Samuel Paty, décapité par un barbare, le monde musulman tout entier se déchaîne sur la France et demande le boycott de tous ses produits dans sa zone d’influence, à la demande du président Turc Recep Tayyip Erdogan qui rêve sans doute de devenir le grand Sultan et le restaurateur de l’empire Ottoman…
Ce ne sont pas des « islamistes » qui réagissent aux paroles de Macron, mais le monde musulman dans son ensemble, et cela nous oblige à être plus clairs que jamais sur la question religieuse.
1 – La tolérance
La pratique d’une tolérance radicale devrait logiquement nous obliger à̀ être tolérants envers l’intolérance elle-même, ce qui n’aurait aucun sens, puisque si la tolérance tolérait l’intolérance, cette dernière aurait tôt fait de réduire au silence la tolérance qui pourtant aurait permis à l’intolérance d’être intolérante !
Les théories religieuses qui se basent sur une affirmation de « révélation » non relative mais absolue, par définition, de la part d’un dieu personnel transcendant, engendrent, les unes autant que les autres, des systèmes condamnés à se faire une guerre perpétuelle. L’existence des religions « coalitionnelles » (pour comprendre ce terme Cf., La libération de l’homme, tome 1, éditions Publibook, 2012, pages 123 et ss.) patriarcales monothéistes « révélées » est le plus pur garant d’une perpétuité de la guerre et l’assurance d’une impossibilité de la paix sur Terre.
Les musulmans tués en Irak ou en Afghanistan par les soldats américains, iront-ils dans l’enfer chrétien ou dans le paradis d’Allah? Les soldats américains tués par des musulmans Irakiens iront-ils dans l’enfer des musulmans ou dans le paradis du christianisme paulinien que nous connaissons? Les musulmans tués par les juifs en Palestine, iront-ils dans l’enfer du judaïsme (le Shéol ou Géhenne) ou dans le paradis d’Allah ? Les juifs tués par des musulmans en Palestine iront-ils dans l’enfer des musulmans ou dans le paradis d’Abraham ?
Le discours religieux se réclamant d’une révélation d’un dieu personnel transcendant, au sens qui a été théologisé par les trois monothéismes, ne révèle que son intolérance intrinsèque! Mais cette question ne se pose évidemment pas pour les adhérents «fidèles» de part et d’autre, puisque la religion de l’autre n’est jamais la vérité, ou ne représente «qu’une part de la vérité», incomplète donc au regard de la sienne !
Les « fidèles » des uns et les « infidèles » des autres sont condamnés à rester perpétuellement dans cette incohérence, puisque le principe dogmatique ferme et enferme une réalité à l’origine vivante, évolutive, dans l’étau d’une formulation verbale figée et abstraite, par définition. Disons-le d’emblée : C’est la conscience humaine qui est en cause au-delà de ces phénomènes de récupérations créant les religions.
2 – La conscience
La conscience humaine est, par nature, évolutive. C’est parce que l’hominisation est progressive que la conscience peut s’incarner progressivement dans l’émergence sémantique, elle aussi progressive.
Cette émergence sémantique et son évolution permanente, rendent compte de l’évolution permanente du savoir ainsi que des permanentes nouvelles capacités du cerveau à percevoir la réalité aléatoirement liée à l’évolutif permanent de ses capacités à l’appréhender.
Les capacités mentales nées des nouvelles capacités cérébrales permettent l’émergence d’une nouvelle conscience toujours plus élaborée. La réalité vivante perpétuellement évolutive de la conscience fait que celle-ci est en advenir permanent, infini. Il est impossible de l’enfermer dans les cages culturelles, religieuses, dogmatiques, coalitionnelles du dressage de l’Homme à l’amour de sa soumission.
3 – Le dogme
Ainsi, le dogme n’est pas «un radeau qui nous permettrait la traversée d’un fleuve nous séparant des rives de la ‘boddhéité’, de la ‘Terre Promise’ ou du ‘Royaume des Cieux’ ou du ‘Paradis d’Allah’ et dont il faudrait ensuite se débarrasser lorsqu’on aurait réalisé ce voyage », comme l’exprimait en substance André Comte-Sponville, mais je pense pour ma part que le dogme est en soi, dès le départ, une épave de la psychopathologie humaine nous entraînant à coup sûr vers les chutes vertigineuses des cataractes tumultueuses de la violence sectaire et de sa captivité mentale.
Chacun, par son propre parcours initiatique de la vie, peut trouver le gué naturel permettant de franchir lestement l’obstacle qui sépare sa conscience encore non suffisamment éveillée d’une intériorisation libérée ! Le parcours initiatique de la vie a pour finalité la connaissance mystique. L’incertitude, l’indécidabilité, le relatif, l’antagoniste paradoxal complexe, caractérisent l’expérience mystique qui est la pointe la plus avancée de ce que peut devenir une conscience supérieure, intériorisée. La religion en revanche est une déviation de cette expérience, elle est l’expression d’un échec de ce qui aurait dû naturellement devenir un éveil supérieur de la conscience…
La notion du « divin » doit donc être complètement revisitée et radicalement épurée des motivations coalitionnelles de la théologie au service d’une vision psychopathologique du divin.
L’expérience intérieure n’est possible qu’à travers une « nuit obscure de la foi », c’est-à-dire, une expérience qui a valu aux mystiques de toutes les religions coalitionnelles patriarcales (les trois monothéismes) les persécutions organisées par ces systèmes religieux. L’histoire des religions en est témoin. Juifs, Chrétiens et Musulmans honnêtes peuvent faire ce constat à travers leur histoire !
4 – La différence entre Spiritualité et religion
L’intériorité humaine, souvent nommée spiritualité, relève d’une histoire naturelle de l’hominisation. Cette histoire démontre que l’origine des religions institutionnelles patriarcales s’enracine dans les processus inconscients des défenses pathogènes. C’est le phénomène coalitionnel, constituant l’un de ces processus inconscients des défenses pathogènes, qui va expliquer la nature de la religion. Il est indispensable de sortir du pathologique pour libérer l’harmonieux. Si l’Homme de ce temps désire retrouver sa capacité à vivre l’intériorité, il est nécessaire qu’il s’affranchisse du phénomène de la religion et de tout ce que celui-ci a généré dans la culture et la société.
Une critique de la religion est ce qui reste le plus nécessaire à notre temps et le plus fondamental, si nous voulons libérer la spiritualité profonde de sa captivité et de son enfermement par le phénomène religieux. La religion en soi, est une perversion directement issue des défenses pathogènes des personnes qui ont été confrontées à cette expérience que Paul Diel appelait « l’effroi du sacré » (Cf., La divinité, Petite Bibliothèque Payot, 1991)… La religion est née à cause d’une erreur de comportement face à ce type d’expérience : au lieu de répondre à leur expérience de « l’effroi du sacré » par le système de défense naturelle, notamment la sublimation qui ouvre la porte à la surconscience qui est une sacralisation de la conscience appelée spiritualité, les créateurs des trois religions monothéistes (Akhénaton (alias Abraham) pour le judaïsme, Paul de Tarse (inventeur du christianisme que nous connaissons), Mohammed pour l’Islam) ont répondu à cette expérience par leur système de défenses pathogènes donnant naissance aux religions directement associées à une question de contrôle de l’angoisse par le pouvoir qu’elles ont toutes les trois justifié en le rattachant à une loi venue directement du dieu personnel transcendant « révélé » et donc incontestable…
Les religions se sont ainsi construites sur une interprétation orientée ; elles se sont élaborées à travers ce que la psychanalyse a appelé un processus « d’archi-écriture » ou phénomène de mythologisation. Si l’intériorité humaine est une question qui concerne l’histoire de la conscience et celle de son évolution, elle a également quelque chose à voir avec la connaissance qui est essentiellement une expérience d’harmonisation du masculin et du féminin, permettant un éveil supérieur de la conscience. La connaissance « Gnose », c’est une expérience, un savoir par expérience, une compréhension du monde à la fois visible et invisible.
Pour l’incarnation de la spiritualité, à travers le soutient d’une symbolique donnant visibilité à l’expression de l’expérience spirituelle, toutes les traditions spirituelles du monde ont exprimé cette connaissance et cette expérience naturelle de l’intériorité. L’archéologie, la critique historique factuelle et existentielle, la philologie, l’ensemble des sources connues le démontrent. Il n’est pas nécessaire ni encore moins inévitable de représenter l’intériorité en faisant appel à un dieu personnel transcendant révélé.
5 – La nécessité d’une critique des religions
Le champ pluridisciplinaire de la connaissance ainsi que les nombreux documents découverts par l’archéologie et déchiffrés par la philologie notamment, mettent à notre disposition, aujourd’hui, une somme considérable d’éléments majeurs qui nous permettent désormais d’opérer une complète relecture du phénomène religieux et de saisir, avec une plus grande précision, la nature de son origine, que nous pouvons appeler « intériorité humaine » ou « spiritualité » ou encore phénomène de conscience supérieure : la surconscience.
Accepter cette analyse nécessite, pour le lecteur, une volonté impliquant la capacité d’une remise en cause personnelle, psycho-culturelle, la conscience de la nécessité évolutive permanente, véritable renaissance perpétuelle pour une libération jamais achevée de soi… Remettre à sa place la question de la religion et du même coup celle de l’intériorité humaine, c’est en réalité remettre à l’honneur la féminité libertaire qui redonne sens à l’éveil de conscience d’une humanité incarnée en évolution jamais achevée. Et c’est justement pour cela que surgit le blocage défensif pour les religions qui traitent les femmes comme le problème majeur de l’homme masculin…
Ainsi, se pencher sur la question de la libération de la personne humaine, nécessite l’examen du phénomène des religions « révélées », car il explique le fondement de tout ce qui va, ensuite, constituer l’organisation coalitionnelle des civilisations de répression ! On ne peut pas comprendre la pensée légitime d’une critique de la religion, avec ses motivations profondes, si la psychopathologie du phénomène religieux monothéiste reste méconnue. Cet examen et ce diagnostic doivent être posés si l’on veut comprendre ensuite la logique de la libération permanente de la personne humaine et ce que va impliquer le combat politique sur le terrain concret de la vie collective se voulant digne d’une humanité revendiquant sa conscience de Sapiens Sapiens !
« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire librement. » (Déclaration attribuée à Voltaire)
« …Au cours de toute ma vie, j’ai acquis la conviction que la religion constitue la barrière la plus redoutable à la libération de l’esprit… » Taslima Nasreen, Le Monde du 8 mars 1996.
Le droit de penser, de dire ou d’écrire librement, découle naturellement de ce que la Déclaration des Droits de l’Homme affirme, notamment : qu’il n’existe ni droit, ni liberté de tuer, de torturer, de tourmenter, de maltraiter, d’opprimer, de contraindre, d’affamer, d’exploiter ou d’humilier une personne.
Chacun est libre de ses opinions, et personne ne peut humilier quelqu’un sous prétexte que ses opinions sont contraires aux siennes. Actuellement l’amalgame est répété à profusion. Pourtant, critiquer n’est pas humilier. Si quelqu’un se sent « humilié » par la critique objective légitime, il doit alors se poser la question d’une emprise de sa psychopathologie personnelle et se faire aider par un professionnel…
On ne combat pas efficacement la bêtise humaine toujours possible ou l’ignominie en leur interdisant de s’exprimer. Au contraire, plus on permet l’expression, plus on crée une situation de fait qui remédie naturellement à ce qui pourrait être sot ou ignoble. C’est en ouvrant une plaie infectée que l’on assure sa guérison.
Dans ce sens, la Loi Gayssot de 1992, est contraire au principe de la Déclaration des Droits de l’Homme. Cette loi suppose que face à un propos nocif ou choquant, l’individu se trouverait a priori incapable de porter un jugement par lui-même et qu’il aurait besoin, implicitement, d’un Surmoi tout-puissant qui penserait pour lui et qui veillerait sur lui en permanence, entraînant ipso facto sa relation de soumission à ce pouvoir qui prétend ainsi aller jusqu’à conduire sa conscience.
Si la conscience peut s’exprimer librement, on lui donne dans ce cas le moyen de s’affiner, car une pensée haineuse ou intolérante périt de son propre venin. Une vérité qui s’impose à travers une affirmation absolutiste et intolérante s’interdit humainement d’être vraie. Elle est inévitablement condamnée à disparaître. Il faut le dire ici, c’est justement le cas des religions « révélées » qui affirment la loi d’un dieu absolu incontestable entraînant un discours de foi ne permettant pas une tolérance pour les autres manières de voir les réalités de la vie, puisque toute adhésion à un absolu exclut en soi tout le reste considéré comme relatif! Si l’absolu existe, le relatif ne peut exister. C’est pourquoi, toute religion « révélée » est en soi intolérante ; elle ne peut logiquement tolérer aucune relativisation puisqu’elle vient directement d’une « révélation » de l’absolu en soi. Enfin, les égarements éventuels d’une pensée ne sont pas moins instructifs que la droite ligne des adhésions conformistes.
Ceci étant dit, l’expérience reste prioritaire sur les discours. Chercher à connaître par expérience, permet le discernement de la conscience et l’amour de ce qui peut être aimé, ainsi que le rejet de ce qui ne peut pas être aimé par une conscience éclairée.
Ce qui éclaire la conscience c’est une connaissance qui associe l’analyse rationnelle à l’expérimentation émotionnelle existentielle. François Jacob écrivait dans « le jeu des possibles », Fayard 1981, que « rien ne cause autant de destruction que l’obsession d’une vérité considérée comme absolue… Tous les massacres ont été accomplis par vertu… au nom du combat contre la vérité de l’autre… »
Depuis que les «religions révélées» patriarcales existent, celles-ci ont dénoncé «l’intolérance» de ceux qui ont osé les remettre en question et l’Homme a enfin découvert ce que pouvait être l’enfer ! Il n’y a, effectivement, plus de doute là-dessus : l’enfer est né avec les religions patriarcales puis il est devenu un « enfer-mement » à partir du moment où ces religions se sont affirmées comme « révélées ».
Ainsi, critiquer la nature in se de la religion est souvent considéré, par les intellectuels eux-mêmes, comme une violation des non-dits. Au niveau individuel, la critique de la religion prend l’allure d’une agression, d’une menace pour son intégrité. C’est pourquoi, lorsqu’on émet une critique de la religion, on a toujours en face de soi, des réactions violentes, explicables du fait que l’Homme qui a construit la conscience de son être à partir d’une référence religieuse sécurisante et sécuritaire ne sait généralement pas qu’il a élaboré cette conscience sur la base de ses peurs fondamentales : celles qui habitent son angoisse existentielle.
Il est devenu impossible de prononcer honnêtement une parole compétente sur la question religieuse et sur celle de l’intériorité, en se réclamant simplement de sa qualification d’historien des religions ou de théologien ou d’exégète… Tout en ayant éventuellement ces qualifications spécifiques, il est, de plus, tout à fait indispensable de se donner la peine de consulter l’ensemble des travaux qui ont été réalisés par la « cosmologie observationnelle », la paléontologie, l’archéologie, l’anthropologie, la philosophie, la psychologie cognitive, la psychosociologie, la psychologie des profondeurs, la psychanalyse, les psychologies analytiques, la psychologie transpersonnelle, l’ethnologie, la critique historique, la critique littéraire, la philologie tout ce qui appartient au domaine d’investigation des neurosciences et de la physique théorique elle- même, pour aborder honnêtement la question du phénomène des religions et encore plus celle de l’intériorité. Tout cela constitue aujourd’hui l’outillage nécessaire au travail critique.
Dans cette perspective d’exploration sur la question de la religion et de l’intériorité, mon propos est d’aider toute personne de bonne volonté, à comprendre l’idée que nous pouvons nous faire, aujourd’hui, de l’intériorité humaine et comment les religions patriarcales «révélées» peuvent constituer un détournement de cette intériorité à des fins, dites « coalitionnelles ». Or, là il faut bien l’avouer, l’Islam notamment est très loin d’être à l’aube d’une critique de sa religion et de ses archaïsmes évidents liés au créateur de cette religion qui dans la modernité est largement dépassée par l’existentiel concernant les humains d’ici et de maintenant…
6 – Le fanatisme religieux
Il faut bien l’avouer, dans ce domaine, il est habituel de rencontrer le mépris et la haine, parfois la tétanie de la raison ou l’hystérie de ceux qui réagissent à la critique jugée blasphématoire et quasi passible des fatwas spécifiques à chacune des trois religions patriarcales « révélées », car précisons-le, les autres traditions qui ne se revendiquent d’aucune révélation de dieu personnel transcendant n’ont pas de fatwa ni prétention à imposer leurs idéologies dogmatisées.
« Tirs Croisés », publiée chez Calmann-Lévy, 2004, nous révèle, ce que l’on peut s’attendre à trouver dans les trois religions patriarcales «révélées» en matière de fanatisme.
La croyance, les dogmes, la morale des trois religions monothéistes, le fanatisme sectaire de toutes les religions patriarcales coalitionnelles « révélées », les bigoteries de tout poil, l’organisation de tous les cléricalismes, sont le symptôme visible d’une psychopathologie collective invisible, relevant d’une arriération mentale de l’humanité. Les religions patriarcales sont le « péché originel » d’une certaine société qui n’est pas parvenue à assumer son accession à la conscience de la conscience…
Pouvons-nous, l’espace de quelques secondes, nous imaginer un monde sans les religions patriarcales coalitionnelles « révélées » ? Il n’y aurait plus les massacres du Sinaï, de Jéricho… Plus de croisades, plus d’Inquisition, plus de chasse aux sorcières, plus de massacre de la Saint Barthelemy, plus de fatwas, plus ces chapelets d’attentats suicides, plus de décapitation barbare dans la rue, plus d’atrocités entre les catholiques et les protestants d’Irlande du nord, plus de guerre israélo-palestinienne, plus de massacres entre orthodoxes et serbo-croates, plus d’extermination des Juifs, plus de goulags idéologiques, plus de Conspiration des poudres, plus de partition de l’Inde, plus d’assassinats de médecins pratiquant l’IVG par les catholiques et protestants fanatiques, plus de télévangélistes hystérisés pour hurler hypocritement à la face des abusés ou des imbéciles heureux que « dieu veut qu’ils déversent leur porte monnaie jusqu’à ce que cela fasse mal »(!), plus de Talibans pour pratiquer des égorgements publiques, lapidations et pendaisons de jeunes filles qui ont osé chercher à exister en respectant leur nature humaine, plus de femmes lapidées, humiliées et flagellées jusqu’au sang pour avoir découvert un carré d’épaule, plus d’Institutions totalitaires religieuses pour éliminer à la dynamite les grands témoins des civilisations qui ont rendu compte de l’histoire de l’hominisation et de la conscience, plus de négation systématique d’une nature humaine accusée d’être déchue, tombée, pécheresse, coupable… ! Quel silence tomberait soudain sur la Terre, quelle paix inouïe, quelle tranquillité sereine envahirait le monde, quel soulagement inespéré, pour tous, d’être enfin libérés de la haine et de la corruption de la morale et de la croyance, quel bonheur de voir enfin fleurir le printemps, tant espéré, de l’éthique naturelle des humains éveillés ainsi à une conscience supérieure de la vie, du mouvement et de l’être… !
7 – Incompatibilité entre dogme religieux et la réalité de l’indécidabilité
Mon expérience personnelle est toute relative à moi-même, elle est liée à mon état d’évolution intra-psychique, à mes connaissances, à ma conscience là où elle est parvenue, notamment en relation avec la capacité de mon cerveau de Sapiens Sapiens à se représenter ce qui peut, par lui, être perçu. La réalité étant antagoniste (au sens de Stéphane Lupasco), paradoxale et complexe, il est impossible de l’enfermer dans une vision déterministe des choses. C’est dire à quel point toute forme de dogmatisme peut être dérisoire. Ce qu’il y a donc de plus certain, c’est l’incertitude perpétuelle dans laquelle nous nous trouvons et avançons au cours de notre parcours de vie qui semblerait, de cette manière, avoir manifestement une finalité initiatique. Dans cette perspective, le contraire d’une vérité ne serait pas une erreur mais, plus humblement, une vérité contraire.
Il est certainement sage de se situer dans l’indécidabilité, comme la présente le théorème de Gödel, pour appréhender le réel, car ce réel implique bien autre chose que ce que nous avons pris l’habitude d’entendre déclaré comme « vérité révélée ». S’il y a une « vérité », il est nécessaire de considérer celle-ci comme étant une « vérité relative ».
8 – Ignorance et vie privée
Rien n’est aussi difficile à apercevoir que ce qui devrait nous crever les yeux !
Le grand succès de la domination du discours religieux coalitionnel patriarcal a été garanti par l’ignorance entretenue grâce à la confiscation du savoir. En ce qui concerne le christianisme que nous connaissons, il est évident qu’une domination de l’idéalisme platonicien a été favorisée par l’historiographie classique. C’est le christianisme judaïsant, initié par Paul de Tarse, qui va utiliser cet idéalisme et l’imposer par la force à tout l’Occident et aux nations « évangélisées » à coup de canons et d’interdits.
Concernant l’Islam, l’actualité récente autour de l’affaire d’une republication des caricatures du prophète n’a fait que confirmer davantage ce propos. Pourquoi, malgré la Révolution et les Lumières, le pouvoir républicain laïc continue-t-il de dérouler le tapis rouge à ce monde religieux qui nous vend son intolérance? Pourquoi continuer à lui offrir une tribune de choix, pourquoi plier le genoux devant lui et lui faire tant d’honneur?!
La manipulation opérée par les musulmans et en particulier les Imams présents en Europe, est violente dans l’affaire des caricatures : l’intention est claire, la religion affirme qu’elle ne peut être considérée, pour l’Islam, (ni, en réalité, pour aucune des deux autres religions patriarcales révélées, devenues, quant à elles, plus discrètes dans leur affirmation aux méthodes plus subtiles) comme une question purement privée, elle est communautaire, elle s’impose à tout individu.
Le phénomène des religions est un phénomène relevant de la psychologie coalitionnelle et dont le but, surtout pas annoncé, est le dressage à l’amour de la soumission.
C’est d’ailleurs l’un des sens du mot « Islam » qui ne se réduit pas seulement à la « soumission ». Ce qui est sans doute le plus consternant, c’est la « pérennité » de l’ignorance. L’ignorance est l’origine perpétuelle des égarements de l’Homme et le secret de son dressage à l’amour de sa soumission entraînant la cause même de tous ses malheurs.
Conclusion
L’intériorité humaine, contrairement à la religion, appartient à ce que l’on peut appeller l’Homo Sapiens Sapiens Ethicus. La conscience intime de la personne humaine lui donne accès à la spiritualité donnant naissance à une éthique de responsabilité et de liberté. La religion impose une loi divine et la morale précédant tout débat libre et responsable de la personne humaine, entre le bien et le mal. La religion impose la loi divine comme étant supérieure à toute loi humaine, alors que cette loi venue d’un interventionnisme divin, prétend réparer les avatars de sa création avec laquelle il se contredit formellement, puisque c’est lui, la perfection et l’absolu, qui fut le créateur de ce monde ayant pu, paradoxalement devenir mauvais, en ayant besoin de son interventionnisme réparateur et de sa « révélation », sa création ayant été incapable de reconnaître par elle-même son créateur… !
Le « phénomène de l’intériorité humaine » est, en réalité, un phénomène naturel, et non pas surnaturel, issu du fonctionnement spécifique de la complexité cérébrale de l’homo Sapiens Sapiens ! Le « phénomène de la religion » se différencie complètement du «phénomène de l’intériorité humaine». L’intériorité humaine est reliée à un besoin naturel de sublimation et elle est une conséquence, naturelle, du fonctionnement du cerveau humain, tel qu’il s’est développé à travers la longue histoire de l’hominisation.
Ainsi donc, les athées eux-mêmes sont tout aussi concernés par la spiritualité que les « autres » non athées. Des études statistiques ont démontré que nous n’avons pas besoin de références religieuses pour être bons ou mauvais. Ce sont les gens qui appartiennent aux religions patriarcales coalitionnelles « révélées », exploitant la culpabilité des individus, qui pensent que c’est la religion qui porte quelqu’un à être bon. La réalité est tout autre.
Dans la France constitutionnellement laïque, les Français, se différenciant des « élites » au pouvoir bien souvent en opposition frontale avec la Constitution, pensent que la religion est définitivement une affaire de vie privée et qu’elle doit rester dans la sphère de la vie privée si quelqu’un estime légitimement qu’il a besoin de cette prothèse idéologique l’aidant provisoirement à vivre sa vie.
Jean-Yves Jézéquel
Source: Lire l'article complet de Mondialisation.ca