Éteignez les Lumières

Il aura fallu des siècles d’ignorance, de superstition, d’Inquisition, de guerres de religions, d’exécutions sommaires, de sorcellerie, de chasses aux sorcières, de bûchers, d’excommunications, de croisades avant qu’enfin, au Siècle des Lumières, la raison finisse par prévaloir.

Il semble bien, avec les évènements que nous vivons, que l’embellie n’aura eu qu’un temps et que, comme le soulignait récemment Lise Bissonnette, c’est l’obscurantisme qui semble s’installer à demeure.

Un professeur d’histoire est égorgé le 16 octobre par un jeune tchétchène. Un vieux curé de 86 ans est égorgé dans son église le 26 juillet 2016. À Toulouse, le 11 mars 2012, un attentat fait 8 morts et 6 blessés. À Tunis, le 18 mars 2015 : 24 victimes et 45 blessés. À Paris, au Bataclan, le 13 novembre 2015 : 90 morts et 413 blessés. À Bruxelles, le 22 mars 2016 : 32 morts et 320 blessés. À Londres, le 7 juillet 2005 : 56 morts et 784 blessés. À Nice, le 14 juillet 2016 : 86 morts et 400 blessés. À Berlin, le 19 décembre 2016 : 12 morts et 50 blessés. En Espagne et en Catalogne : 37 morts les 17 et 18 août 2017. Le 9 janvier 2015, au Marché Hyper Cacher près de Paris : 5 morts et 9 blessés. À Copenhague, le 4 février 2015 : 3 victimes et 5 blessés. À Carcassonne, le 23 mars 2018 : 5 morts et 5 blessés. Au Koweït, le 26 juin 2015, des sunnites attaquent une mosquée chiite : 27 morts et 227 blessés. À Yaounde, le 24 octobre 2020 : 8 enfants morts, 12 blessés. À Liège, le 29 mai 2018 : 4 morts et 4 blessés. À Westminster, le 22 mars 2017 : 6 morts et 49 blessés. À Ouadougou, le 15 janvier 2016, 6 Québécois sont tués. À Saint-Petersbourg, le 3 avril 2017 : 15 morts et 70 blessés. À Madrid, le 11 mars 2004 : 191 morts et 1858 blessés. À Boston, le 15 avril 2013, 3 morts et 264 blessés. À Paris, le 7 janvier 2015, un attentat au journal Charlie Hebdo fait 12 morts et 11 blessés.

Tous ces morts et tous ces blessés ont été le fait de soldats du Prophète…

La liberté

Ici, on n’égorge pas les professeurs – du moins pas encore ! C’est leur liberté, leur parole libre qu’on étouffe.

Après la journaliste de la CBC qui a dû s’excuser d’avoir utilisé le N-Word. Après cette professeure de Concordia elle aussi à genoux pour l’utilisation de ce fameux mot, voilà que c’est au tour d’une professeure de l’Université d’Ottawa qui a dû battre publiquement sa coulpe pour avoir commis le même péché. Comme aux belles heures des Gardes rouges, on a même évoqué dans son cas la nécessité d’une rééducation…

Et dire qu’au Moyen Âge, dont on raconte qu’il était marqué par l’obscurantisme, les universités étaient alors des oasis de liberté…

Il y a Tartuffe, qui disait : Cachez ce sein que je ne saurais voir ! Et il y a le recteur Frémont de l’Université d’Ottawa qui écrit : « L’enseignante avait tout à fait le choix d’utiliser ou non le mot commençant par N ; elle a choisi de le faire avec les conséquences que l’on sait », a-t-il commenté.

Autrement dit, cachez ce mot que je ne saurais dire.

Et la dignité, M. McSween ?

L’autre jour, Pierre-Yves McSween, comptable de son état et chroniqueur radiophonique – celui-là même qui ne voit pas de problème à ce qu’une banque québécoise, la Laurentienne, soit dirigée de Toronto par une personne qui ne parle qu’anglais – expliquait doctement comment les travailleuses et travailleurs en lock out chez Jean Coutu ne parviendraient jamais à récupérer les salaires perdus.

Un souvenir m’est revenu.

Cela se passait en 1973 dans une petite ville du Centre-du-Québec où, dans une usine de métallurgie, un conflit de travail persistait. J’y étais pour préparer un journal qui serait distribué dans la population pour expliquer le conflit et susciter la solidarité des citoyens.

À l’époque, à l’occasion d’un conflit, la CSN louait un vieil autobus scolaire qui était transformé en local de grève. Assis derrière se trouvaient deux grévistes qui discutaient. L’un très jeune, l’autre beaucoup plus âgé. Le jeune expliquait combien il avait perdu d’argent depuis le début de la grève. Le vieux l’écoutait en fumant sa pipe.

À un moment donné, le vieux prit la parole. Et moi, je pris des notes.

« Tes calculs ne sont pas bons. Si l’abbé Masson n’était pas venu en 1943 nous aider à fonder un syndicat, on n’aurait pas les salaires qu’on a aujourd’hui. Mais je vais te dire une chose : quand on a déclenché la grève, c’était pour des questions de salaire et de fonds de pension. Mais après quatre mois, ce n’est plus ça. Ce qui compte maintenant, quand la gate* de l’usine va ouvrir, c’est de pouvoir regarder le boss dans les yeux et pas avoir honte. »

 Cela s’appelle la dignité ouvrière, M. McSween ! La vie ne se résume pas aux colonnes des pertes et profits…

* Barrière

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