par Dr Frédéric Badel.
Nous pensions que le monde démocratique dans lequel, quelles que soient nos croyances et nos opinions, nous pouvions débattre, avait un sens car nous avions un référentiel commun. Nous nous trompions sans doute car ce sens a disparu en peu de temps.
Le 17 mars, le confinement a été mis en place. Chacun a espéré qu’il ne durerait pas. L’état d’urgence a permis d’imposer des mesures de restrictions de liberté, plus ou moins bien acceptées, comprises probablement comme étant transitoires et justifiées par la santé de tous.
Le 14 octobre sont apparus les couvre-feux, notions évoquant les guerres et les coups d’État. Premier non-sens. Pourquoi de telles mesures ? Nos efforts d’adhésion aux mesures transitoires n’auraient-ils servi à rien ?
Durant cette période de sept mois, de mars à octobre, nous avons tenté de nous adapter, d’être patients, de nous rassurer, en nous situant encore dans un espace d’illusion qui nous garantissait que le Gouvernement prenait soin de notre sécurité à l’aide de décisions justifiées par l’intérêt général.
Mais progressivement, dans le même temps, une série de non-sens a éclos, rendant les analyses difficiles et confuses.
Le non-sens, une réalité
– Pourquoi annoncer un monde d’après dès le début d’une épidémie virale saisonnière ? La question aurait pu alerter dès avril.
– Pourquoi les masques, inutiles quand nous n’en disposions pas, sont-ils ensuite devenus obligatoires ? Et pourquoi le sont-ils par intermittence ? Aucune mention de protection contre un virus ne figure sur les boîtes… Ils sont imposés en station debout, pas en station assise… dans certaines villes et pas dans d’autres… Leur mode d’utilisation habituelle est fantaisiste ; et quand bien même ils auraient une efficacité prouvée, celle-ci ne pourrait que très rapidement disparaître, les masques étant touchés, enlevés, remis à longueur de journée.
En plus d’être inutiles pour nous protéger ou protéger les autres, ils peuvent se révéler toxiques.
Quel sens donner à tout cela ?
– Pourquoi recourir aux test PCR (polymerase chain reaction) ? Ces tests, très sensibles, détectent le moindre fragment d’ARN viral mais ne disent pas si la personne est malade, si elle est contagieuse, quelle est sa charge virale. La population crédule, anxieuse, ou encore sous le choc du confinement (ou du dé-confinement) se presse vers des laboratoires saturés de demandes pour se rassurer.
L’organisation de la campagne de détection a favorisé cette ruée vers les tests et a créé une épidémie de « cas positifs », néo-entité de personnes considérées comme malades, et de cas contacts, souvent mis en quarantaine. De nombreuses personnes asymptomatiques ont été testées. La population s’est fait piéger en facilitant ainsi, de plein gré mais sans le réaliser, la formation de cette deuxième vague attendue depuis le mois d’avril.
– Pourquoi laisser pratiquer à grande échelle des tests non interprétables qui maintiennent une tension insupportable dans la population ? Cela n’a pas de sens.
– Pourquoi parler, pour la première fois dans l’histoire de la médecine, d’une épidémie de cas positifs ? Cela défie l’entendement.
– Les nouvelles rassurantes n’ont pas droit de cité. Les Professeurs Raoult, Toussaint, Toubiana pour ne citer qu’eux sont passés de personnalités scientifiques reconnues à des complotistes originaux. Pourquoi ce dénigrement systématique et cette ostracisation ? Pourquoi continuer à nous affoler en nous privant des informations qu’ils peinent à donner ?
– Le confinement a été dénoncé par l’OMS -récemment il est vrai et après s’être lourdement compromise avec l’hydroxychloroquine- mais le Gouvernement ne s’en est aucunement fait l’écho. Autre non-sens. Notre Gouvernement s’affranchirait-il désormais des avis l’OMS qu’il a pourtant été prompt à suivre et s’en remettrait-il maintenant au seul conseil scientifique ?
– Nous disposons de molécules efficaces mais interdiction a été faite aux médecins de les utiliser. Ceux qui ont défié l’interdiction ont pu soigner leurs patients, comme leur intime le serment qu’ils ont signé, dans la limite des connaissances du moment. D’autres molécules, très chères et moins efficaces, ont fait l’objet de publicité. Quel sens donner ?
– L’épidémie aurait fait 30’000 morts en France mais aucune surmortalité n’est observée par rapport à l’année dernière selon l’Insee. Le nombre de décès survenus au mois de septembre 2020 est même inférieur à celui du même mois de l’année précédente. Comment est-ce possible ?
– Les mesures qui visent à épargner les personnes à risque, principalement les personnes âgées, appliquées à toute la population ont déjà fait plus de victimes (retard de soins et d’intervention, retard de diagnostic, suicides) que le virus lui-même ; elles n’ont pas non plus épargné nos aînés morts dans un isolement affectif total. Nous ne tirons aucune leçon des désastres de ce confinement et y ajoutons encore en décrétant un couvre-feu. D’autres pays, sans avoir recouru à ces mesures, sortent de l’épidémie et recouvrent un mode de vie proche de celui d’avant. Cela non plus n’a pas de sens.
– Un virus qui vit la nuit, épargne les foules entassées sur les quais de métro et s’y attaque après 21 heures quand elles sont installées dans un bar, c’est délirant.
Point n’est besoin de multiplier à l’infini les exemples de non-sens.
Le non-sens, une menace
Le non-sens est une puissante arme de destruction mentale. Le cerveau a du mal à fonctionner quand les repères logiques disparaissent. Le non-sens permet à la sidération initiale créée par la peur, la culpabilisation et la sanction de s’établir plus durablement dans l’esprit. Privé des informations logiques et cohérentes qui pourraient l’orienter, le cerveau « patine ». Ce qui n’a pas de sens ne peut s’exprimer avec des mots. L’intelligence reste défaillante, comme débranchée, les facultés d’analyse deviennent inopérantes.
L’afflux d’informations contradictoires permet le maintien de l’emprise et du doute, la persistance de l’espoir qu’en se comportant bien, l’ordre ancien pourrait revenir.
Ainsi observons nous des excès de confusion chez les personnes qui portent un masque seules à la campagne, à la plage ou dans leur voiture. Ce pourrait être risible si ce n’était là le signe d’une intense soumission liée à une perte de contact avec la réalité de l’environnement, soumission issue d’une terreur savamment entretenue. La plupart de ces personnes ne mesurent pas qu’elles adoptent un mode de pensée qui leur était totalement étranger il y a peu de temps encore et qu’elles développent des comportements régis exclusivement par la peur. C’est pourquoi elles deviennent imperméables aux discours rationnels, par exemple aux chiffres qui démontrent que la situation sanitaire actuelle n’est en aucun point comparable à celle des mois de mars et avril. Leur cortex (le cerveau qui réfléchit) est incapable de freiner l’alarme (située dans des structures plus archaïques du cerveau) sans cesse activée par des messages terrifiants. Ceux qui pourraient rassurer sont immédiatement disqualifiés et ils le resteront tant que les sources officielles resteront alarmistes.
Un patient resté lucide me confiait ne pouvoir répondre aux questions de son fils sur le port du masque. « Que lui dire puisque ça n’a pas de sens ? Alors je lui dis que c’est comme ça, que c’est la règle, que tout le monde le fait ». Terrible constat que de ne pouvoir expliquer à son enfant de huit ans qui, lui, a perçu les absurdités, la logique de ces nouvelles normes.
Le non-sens conduit progressivement à l’impuissance apprise, terme issu de l’expérimentation animale. Après avoir essayé de rechercher nombre de solutions toutes aussi vaines les unes que les autres, l’animal renonce à s’échapper et s’immobilise, même s’il continue à être martyrisé (le rat qui reçoit des décharges électriques dans les pattes ne cherche plus à fuir la situation). Il a intégré que toute tentative est vouée à l’échec. Chez l’homme, l’observation clinique permet de mettre en évidence ces phénomènes après des séquestrations, des violences répétées par des personnes ayant autorité, ou après des violences conjugales par exemple. De tels cas sont longs et difficiles à traiter. Ils sont d’autant plus compliqués que l’agresseur a une ascendance, une autorité sur la victime, et que le mauvais traitement se prolonge. Il existe un lien direct entre personne ayant autorité et durée des mauvais traitements d’une part, et sévérité du tableau clinique d’autre part. Le psychisme de la victime peut être littéralement colonisé par des pensées qui ne lui appartiennent pas. Ces pensées sont issues du discours de l’agresseur ; elles ont fini par faire effraction dans l’esprit de la victime. Sa personnalité peut se modifier durablement, voire définitivement.
La violence institutionnelle installée depuis le mois de mars produira des effets délétères indélébiles. Il est difficile de croire qu’un gouvernement inflige ce type de traitement. Pourtant, regardons autour de nous et admettons qu’il en est ainsi aujourd’hui : nous voyons des foules impersonnelles, masquées, attendant un transport dans lequel elles vont s’amasser avant de rentrer chez elles pour ne plus en sortir jusqu’au lendemain. Transformer la foule en masse informe, cela rappelle les écrits de Hannah Arendt bien souvent convoqués ces derniers temps. Mais nous le banalisons chaque jour car c’est le seul moyen de nous adapter et de rendre ces nouvelles exigences vivables.
Un homme décide seul pour l’ensemble des citoyens, coupé du système de contrôle qui en temps normal permet la régulation du pouvoir et en limite les abus.
Tous les régimes totalitaires ont utilisé ces mêmes stratégies efficaces. La peur, la culpabilisation, la sanction, l’usage de l’arbitraire qui prive de sens, constituent la matrice des dictatures.
Renoncer à comprendre ou, plus précisément, renoncer à identifier une logique permet d’échapper à la sidération, à l’emprise, au chaos mental.
L’agresseur -celui qui maltraite, persécute, séquestre, humilie, peu importe les actes qu’il fait subir- a sa propre logique. Pour échapper à la folie, il faut rester dans nos repères habituels, les valider chaque jour, et identifier le fonctionnement de l’agresseur comme relevant du pathologique sous peine de s’identifier à lui (syndrome dit de Stockholm).
Les premières mesures de restrictions des droits fondamentaux n’ayant pas déclenché de réaction hostile dans la population, ce qu’il est facile de traduire par « le peuple a été bien conditionné », il semble que nous soyons prêts à accepter d’autres privations. Un non-sens de plus ou de moins, qui sera encore capable d’en être conscient ?
Rien ne fera plus dorénavant obstacle, quels que soient les indicateurs sanitaires par ailleurs et à supposer qu’ils soient encore d’actualité, à imposer à une population soumise et martyrisée un confinement permanent, une vaccination ou des conditions drastiques à son déplacement, par exemple un passeport sanitaire. Qui nous garantit même qu’une élection aura lieu dans un an et demi ?
Les dictateurs choisissent seuls les chemins menant au bonheur du peuple.
Quand le non-sens est établi en système, la valeur de l’être humain est niée et la personne, privée de sa logique, peine à conserver une organisation psychique cohérente.
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Source: Lire l'article complet de Réseau International