« Pression maximale » de Trump sur l’Iran : des sanctions cruelles et criminelles

« Pression maximale » de Trump sur l’Iran : des sanctions cruelles et criminelles

Par Tyler Cullis, 8 octobre 2020

Source : Responsible Statecraft

Traduction : lecridespeuples.fr

L’administration Trump qualifie sa politique envers l’Iran de « pression maximale ». Par sa dernière initiative, il serait plus approprié de la décrire comme une politique visant à « assiéger et affamer » le peuple iranien, car la prétendue volonté de créer un levier en faveur de négociations globales avec l’Iran a été remplacée par une poussée à plein régime pour pulvériser l’économie iranienne et faire effondrer sa vie sociale et économique.

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L’administration Trump a maintenant inclus tout le secteur financier iranien sous le décret exécutif 13902, soumettant toutes les institutions financières iraniennes, formelles ou non, à un véritable boycott international. Même avec les sanctions écrasantes imposées jusqu’à présent à l’Iran, cette décision aura un impact dévastateur, visant tout bonnement à rompre les liens limités qui relient le peuple iranien au monde extérieur et qui lui permettent de maintenir un minimum de vie économique. Déconnectée du système financier mondial, incapable de mener les transactions financières transfrontalières les plus élémentaires et privée de ses réserves de devises limitées à l’étranger, l’économie iranienne sera poussée vers l’effondrement, survivant, le cas échéant, grâce à un régime souterrain de troc et de sociétés écrans. C’est du moins ce qu’espère le résident de la Maison Blanche.

L’impact humanitaire pourrait bien être important. Le peuple iranien mérite plus que les médicaments et les denrées alimentaires les plus élémentaires, mais même ceux-ci seront rendus difficiles à trouver en raison de cette politique. Même si l’administration Trump prétend qu’elle préservera les exceptions humanitaires existantes, la majorité des banques qui restent liées à l’économie iranienne rompront ces relations, incertaines de ce que l’avenir leur réserve, incertaines des avantages financiers du maintien du commerce avec l’Iran et craignant d’être sanctionnées pour avoir traité avec les banques iraniennes à quelque titre que ce soit, humanitaire ou autre, et ce malgré la pandémie de Covid-19.

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Ceux qui pratiquent les sanctions américaines sont depuis longtemps conscients des défis particuliers du commerce de biens humanitaires avec l’Iran, qui existaient même lorsque des pans importants de l’économie iranienne restaient ouverts aux affaires. Ces défis ne seront pas seulement exacerbés, mais érigeront une barrière prohibitive. Personne, de bonne foi, ne pourrait dire que le commerce des biens humanitaires avec l’Iran est sans risque de sanctions. Seule une poignée de pays comme la Chine ou la Russie oseront braver l’embargo de Washington.

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Certaines personnes, comme les membres du think-tank Fondation pour la Défense des Démocraties (FDD), le cerveau de la politique iranienne de l’administration Trump et un groupe dont les vues s’alignent généralement sur le Likud israélien, contesteront tout cela, affirmant que la nouvelle politique laisse ouverts des canaux clairs pour le commerce humanitaire avec l’Iran. Personne ne peut prendre cet argument au sérieux. Ceux qui sont à l’origine de cette décision cherchent depuis longtemps à écraser l’économie iranienne —et, par implication, son peuple— notamment en ciblant explicitement l’accès de l’Iran aux biens humanitaires. Cela explique les sanctions contre la Banque centrale iranienne et la dernière tentative du FDD d’ajouter un autre niveau de sanctions et d’inclure toutes les banques iraniennes non désignées. Leur objectif est clair : écraser le peuple pour provoquer un changement politique. Dans certains contextes, nous utilisons un autre mot pour désigner cette tactique : le terrorisme.

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Selon plusieurs rapports, la nouvelle politique de l’administration Trump est née après les visites du gouvernement israélien et les efforts de lobbying du FDD. Rien de surprenant : le FDD a longtemps fait œuvre de blanchiment des éléments de langage et des renseignements israéliens auprès du gouvernement américain pour donner l’impression qu’il y avait une circonscription domestique naturelle pour la politique préconisée. Mais il n’y a pas de circonscription anti-iranienne importante, du moins pas américaine. C’est pourquoi la politique est lancée tranquillement au milieu d’une saison électorale très turbulente. Elle vise à cacher au peuple américain la manière dont son gouvernement cible vicieusement les Iraniens et à préparer le terrain pour un ultime effort de guerre. Les partisans de cette politique savent qu’il n’y aura pas de référendum à son sujet, et que noyé par la saturation totale du marché de l’information par le Président Trump, le public américain aura même peu de chance d’en être informé.

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On ne peut qu’espérer que la tempête sera de courte durée pour les Iraniens, qui ont résisté victorieusement à 40 ans de destabilisation américaine. Dans moins d’un mois, les États-Unis organiseront des élections présidentielles, et il est désormais clair que l’ancien vice-Président Joe Biden est le favori. La campagne Biden a laissé entendre son désir de revenir à l’accord nucléaire iranien et de lever les sanctions américaines en échange du rétablissement par l’Iran de ses restrictions nucléaires. Cela pourrait annoncer un retour rapide au statu quo qui existait à la fin de l’administration Obama, dans lequel l’Iran se réintégrait lentement dans l’économie mondiale tandis que la communauté internationale avait des garanties que le programme nucléaire iranien était limité.

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Mais un retour à l’accord nucléaire ne résoudra pas les pathologies qui sous-tendent la politique de « siège et de famine » de l’administration Trump à l’égard de l’Iran et ne compensera pas non plus ce qui est devenu une « génération perdue » en Iran, aux prises avec l’hégémonie économique américaine. La communauté politique de Washington ne tardera pas à pardonner à ceux qui ont plaidé en faveur de cette politique d’agression scandaleuse et criminelle, les réintégrant dans son giron et les traitant comme des interlocuteurs honnêtes. La perspective iranienne continuera d’être ignorée, exclue de toute considération par la puissante combinaison d’un embargo qui interdit un dialogue significatif entre les Américains et les Iraniens et d’une attitude de mépris pour la façon dont nos adversaires voient les choses. De cette manière, la roue est contunuellement réinventée et les enseignements ne sont jamais tirés.

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Mais si les États-Unis recherchent une politique sensée envers l’Iran, une politique lucide sur la République Islamique mais qui ni ne cherche à détruire le pays ou à risquer la guerre à chaque tournant, ils devront tenir dûment compte de la manière dont ils en sont arrivés à cette politique, imposant un siège économique sans précédent dans le monde moderne et réduisant en lambeaux ce qui reste de leur moralité.

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Khamenei : l’Iran transformera la politique américaine de « pression maximale » en « humiliation maximale » pour l’administration Trump

Déclaration de Sayed Ali Khamenei, Guide Suprême de la Révolution Islamique, le 12 octobre 2020.

Sources : Khamenei.ir, Press TV

Traduction : lecridespeuples.fr

Le Guide Suprême de la Révolution islamique, l’Ayatollah Ali Khamenei, a qualifié les efforts et les sanctions des États-Unis contre l’Iran d’actes « vraiment criminels », mais a déclaré que la République Islamique continuerait de résister jusqu’à ce qu’elle apporte autant de honte à Washington que possible.

« Concernant nos problèmes économiques, nous ne négligeons pas le rôle pervers des Américains et leurs sanctions qui sont vraiment criminelles », a déclaré l’Ayatollah Khamenei. Mais le pays « maintiendra sa fermeté et sa résistance jusqu’à ce que la pression maximale des États-Unis devienne une humiliation maximale et une source de regret pour eux », a-t-il poursuivi.

Khamenei a évoqué les récentes déclarations du Président américain qui a exprimé sa joie d’avoir perturbé les affaires économiques de l’Iran et d’avoir commis des crimes contre la nation iranienne, en déclarant : « Seuls des scélérats comme Trump peuvent se sentir fiers de commettre de tels crimes. »

Khamenei a poursuivi : « Aujourd’hui, les États-Unis sont dans une situation désastreuse en raison de leur déficit budgétaire de milliards de dollars et aussi en raison de l’existence de dizaines de millions de citoyens américains souffrant de la faim et en dessous du seuil de pauvreté. Cependant, avec la grâce de Dieu, la nation iranienne surmontera les problèmes auxquels elle est confrontée grâce à la puissance de sa foi, à sa détermination nationale et malgré les désirs insensés des politiciens pervers, perfides et criminels aux États-Unis. Et nous utiliserons les sanctions comme un moyen de renforcer l’économie du pays. »

Il a souligné que le remède aux problèmes nationaux se trouve à l’intérieur du pays : « Bien que nombre de nos problèmes soient liés à des problèmes internationaux, leur remède existe à l’intérieur du pays. Le remède consiste à s’appuyer sur des calculs corrects, à adopter la bonne vision des affaires du pays et de la région et à agir avec sagesse, diligence et détermination. Le remède ne doit pas être recherché à l’extérieur du pays car nous ne gagnerons rien des étrangers. De plus, l’agitation créée par les bandits qui dominent la nation américaine ne devrait occuper les pensées de personne. Le remède à nos problèmes économiques est de nous concentrer sur la production domestique, d’empêcher la dévaluation continue de la monnaie nationale et de bloquer la voie à la contrebande, aux importations inutiles et à la corruption. »

Khamenei a poursuivi : « Une défense solide est l’un des éléments de notre force nationale. Nous considérons qu’il y a trois piliers principaux pour la force nationale d’un pays, qui sont : 1/ La force et la stabilité économiques ; 2/ La capacité et l’harmonie culturelles ; 3/ Une défense solide. Une défense solide est vitale pour la force de chaque nation. Si les nations n’ont pas une défense solide, alors ceux qui cherchent à transgresser et à profiter d’autres nations et qui souhaitent s’immiscer dans leurs affaires internes, des pays comme les États-Unis et d’autres puissances du même genre, ne les laisseront jamais tranquilles. Ils attaqueront tout ce que ces nations pour s’emparer de ce qu’elles possèdent. Vous pouvez voir aujourd’hui quelles transgressions sont commises contre des pays du monde entier. »

Khamenei a déclaré que la raison pour laquelle les bandits pleins de morgue qui dirigent les États-Unis continuent de déclamer contre les capacités défensives et balistiques de l’Iran est la force de dissuasion et la souveraineté entraînées par ces capacités : « Leurs jacasseries continuelles à notre encontre est le résultat de leur peur et de nos prouesses dans ce domaine. Sans tenir compte de l’impression qu’ils essaient de créer, nous devons préserver notre ligne, et avec la grâce de Dieu, la République Islamique continuera de progresser dans tous ces domaines. »

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Khamenei a décrit les questions culturelles comme un autre élément de la force nationale, soulignant : « Lorsque la question de la confrontation à l’invasion culturelle se posait, l’ennemi orientait avec anxiété ses efforts de propagande vers ce problème parce qu’il avait peur du réveil du peuple et des efforts du peuple pour faire face aux tentatives d’invasion culturelle. »

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Exprimant sa gratitude aux professionnels de la santé et aux médecins et infirmières dévoués, Khamenei a déclaré que les pertes en vies humaines résultant de la troisième vague de la pandémie de coronavirus dans le pays étaient très douloureuses [au 15 octobre, l’Iran déplore 517 835 cas et 29 605 décès, soit 351 morts par million d’habitants ; pour sa part, la France compte 809 684 et 33 125 décès, soit 507 morts par million d’habitants]. Il a exigé que le respect de la réglementation dans la lutte contre cette maladie soit rendu obligatoire.

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« La voix des peuples et de la Résistance, sans le filtre des médias dominants. »[Le Cri des Peuples traduit en Français de nombreux articles de différentes sources, principalement sur la situation géopolitique du Moyen-Orient. C'est une source incontournable pour comprendre ce qui se passe réellement en Palestine, en Syrie, en Irak, en Iran, ainsi qu'en géopolitique internationale.]

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