Cuba annonce des réformes économiques de grande envergure

Cuba annonce des réformes économiques de grande envergure

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par Alexandre Lemoine.

Des changements conséquents attendent l’économie de Cuba. Parmi les initiatives les plus résonnantes – la fusion des deux monnaies nationales en circulation actuellement, l’augmentation de salaires, la dévaluation progressive du peso cubain, ainsi que l’annulation de plusieurs subventions sociales.

Les discussions concernant des changements majeurs à Cuba n’ont pas cessé cette année. Et voici que le chef de la commission des réformes Marino Murillo a dévoilé à la télévision nationale de nombreux détails concernant le processus à venir, qui a été baptisé « réglementation de la circulation monétaire ». En d’autres termes, il s’agit d’une réforme monétaire.

« L’objectif du processus lancé consiste à régler le problème de deux monnaies nationales, de deux cours de change, à renoncer aux subventions et dotations massives, à apporter les changements nécessaires au système des revenus de la population », a annoncé les grands axes Marino Murillo.

L’un des éléments centraux de la réforme prévue concerne la suppression du peso cubain convertible (CUC). À l’heure actuelle, il existe deux monnaies nationales à Cuba – le peso cubain (CUP) et le fameux CUC devenu obsolète.

Le CUC est apparu en 1994 en tant que réponse des autorités à une très grave crise économique à laquelle le pays a été confronté après l’effondrement du bloc socialiste. Initialement le CUC, dont la valeur était d’un dollar (dont la circulation a été autorisée à Cuba un an plus tôt), était une monnaie très « élitaire ».

D’abord le CUC était effectivement librement convertible et était appuyé par la présence de la devise étrangère dans le pays. Cependant, avec le temps et une nouvelle crise économique, le CUC s’est transformé en monnaie non garantie : la possibilité d’acheter officiellement des dollars avec des CUC se réduisait, le peso convertible perdait sa convertibilité réelle. Peu à peu, la nécessité de deux monnaies disparaissait.

Maintenant, selon l’idée des autorités, à l’issue de la réforme une seule monnaie nationale restera dans le pays – le peso cubain. Sachant que les autorités n’ont pas annoncé des délais concrets quand le peso convertible cessera sa circulation dans le pays. Marino Murillo a seulement noté que ce processus demanderait au moins six mois.

Hormis l’unification monétaire il faudra régler le problème du système de change extrêmement complexe. Le fait est que de facto deux cours de change existent dans le pays. Pour le particulier 1 dollar vaut 1 CUC, et 1 CUC vaut 25 CUP. Alors que pour les entreprises 1 CUP équivaut à 1 CUC, autrement dit 1 dollar. De ce fait, il n’est pas rentable de produire à Cuba, il est bien plus bénéfique d’importer des produits de l’étranger, alors que tous les frais seront assumés par l’État. C’est en grande partie l’une des raisons de la production nationale très sous-développée et de la dépendance totale des importations. C’est pourquoi la fusion monétaire sera suivie par l’unification des cours de change en parallèle avec la dévaluation de la monnaie nationale.

L’objectif de la dévaluation annoncée par les autorités consiste à rendre les exportations plus attractives et, au contraire, rendre les achats d’importation moins bénéfiques. Toutefois, pour un pays qui dépend presque entièrement des importations une telle démarche pourrait s’avérer très risquée : d’un côté, les marchandises importées pourraient être trop chères pour la majeure partie de la population et, de l’autre, l’alternative des producteurs nationaux pourrait ne pas voir le jour. Sachant que les prix des produits importés augmenteront forcément.

Un autre changement majeur censé augmenter l’activité économique dans le pays et forcer les citoyens à travailler activement pourrait être l’abandon de la pratique des subventions largement répandue. Les autorités comptent créer des stimulations réelles qui inciteraient les Cubains à travailler.

Pour l’instant, l’intention de cesser la pratique des subventions, de toute évidence, signifie un abandon inéluctable du système de tickets via lequel des milliers de Cubains recevaient à ce jour de la nourriture à des prix cassés. Néanmoins, Marino Murillo a assuré aux Cubains que l’État continuerait de subventionner les produits socialement les plus importants.

Alors que l’argent libéré des subventions servira à augmenter les salaires. Marino Murillo a annoncé que les économistes cubains avaient déjà créé le panier alimentaire en se basant sur lequel sera calculé le montant du salaire minimal dans le pays. Toutefois, rien n’a été encore dit sur les chiffres concrets. L’objectif principal, selon l’auteur des réformes, consiste à faire en sorte que l’inflation et la dévaluation monétaire n’affectent pas le pouvoir d’achat de la population. En d’autres termes, la hausse des salaires devrait compenser la hausse des prix.

Les réformes économiques s’imposent depuis longtemps à Cuba. La nécessité de l’unification monétaire a été annoncée par Raul Castro en 2013 déjà. Sept années se sont écoulées depuis avec un rythme habituel pour Cuba, alors que la nécessité de changements est devenue encore plus évidente.

Néanmoins, l’ampleur des problèmes actuels à Cuba est incomparable avec ce qu’on appelle la « période particulière » quand l’île a été privée de l’aide de l’URSS après la chute du bloc socialiste, qui lui permettait de vivre aisément pendant une longue période. Ce pays des Caraïbes a courageusement surmonté la période très difficile des années 1990 sans perdre les valeurs établies avec la révolution de 1959. En ce sens la situation reste similaire aujourd’hui : les autorités déclarent sincèrement qu’ils n’ont pas l’intention de renoncer aux fondements du socialisme. Leur plan consiste seulement à mettre à jour le système en place. La « perestroïka à la-cubaine » serait-elle reportée ?

source : http://www.observateurcontinental.fr

Source: Lire l'article complet de Réseau International

À propos de l'auteur Réseau International

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