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Lettre à la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann. Ce texte est appuyé par 225 signataires, historiens, professeurs, chercheurs, étudiants et associations, dont les professeurs Guy Rocher et Georges Leroux.
Dans le cadre de l’actualisation du programme de Sciences humaines au niveau collégial, un comité de rédaction suggère de remplacer le cours d’initiation à l’histoire de la civilisation occidentale par un cours sur les « fondements de l’histoire du monde du XVesiècle à nos jours ». Nous, historiens, professeurs, chercheurs et étudiants, sommes opposés à cette décision. Nous demandons que l’initiation aux héritages antiques et médiévaux occidentaux soit maintenue et clairement énoncée dans les éléments de compétences.
L’enjeu est majeur : la présente révision de la compétence en histoire va déterminer le niveau de culture générale des étudiants et étudiantes de cégep en Sciences humaines pour de nombreuses années. Actuellement, hormis ceux qui sont inscrits dans un profil dont le cheminement exige un deuxième cours d’histoire, les étudiants ne suivent généralement qu’un seul cours dans cette discipline pendant leurs études collégiales, soit le cours d’histoire de la civilisation occidentale. Ce cours, ancré dans la longue durée, propose une histoire cohérente, réfléchie, faite de continuités et de ruptures, depuis la Grèce antique jusqu’au XXe siècle. Les étudiants y découvrent des mondes à la fois étrangers et curieusement familiers, des racines, mais aussi une diversité fascinante de systèmes sociaux, politiques, économiques et culturels.
Ce cours conserve toute sa pertinence aux yeux des praticiens de l’histoire, et il répond aux idéaux humanistes de notre système d’éducation. Il respecte à la lettre les orientations déterminées par votre ministère. En effet, la compétence ministérielle actuelle demande aux enseignants de « rappeler les contributions significatives des civilisations qui sont à l’origine du monde occidental ». L’étudiant doit avoir « une connaissance adéquate de l’origine et du développement de la civilisation occidentale ». Les héritages antiques et médiévaux font partie de ces « contributions significatives ». En somme, l’histoire de la civilisation occidentale est pertinente et l’étude du passé lointain, essentielle.
Malheureusement, un comité de rédaction, formé de professeurs d’histoire de cégep, a décidé qu’il n’était plus nécessaire d’initier les étudiants à l’Antiquité, préférant laisser ce rôle aux professeurs de philosophie et — dans les quelques cégeps où subsiste encore cette discipline — aux professeurs de civilisations anciennes. Il a aussi décidé d’exclure le Moyen Âge du cadre d’étude. Pour ne donner que quelques exemples, cela signifie que ce comité propose de ne plus enseigner la démocratie athénienne, la naissance du christianisme, la romanisation, la naissance de l’Islam et la féodalité. Cette décision fait suiteà une consultation en ligne réaliséeau printemps dernier, en plein confinement, consultation qui présentait plusieurs faiblesses méthodologiques : le sondage était partiel et partial.
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La mission du cours d’initiation est de permettre aux étudiants d’acquérir des références historiques sur des contextes décisifs, à travers l’étude de l’Occident de la longue durée, de façon à les réutiliser dans un cours d’histoire plus spécialisé, dans les autres cours de Sciences humaines, puis à l’université. Pour l’instant, seul le cours d’Initiation à l’histoire de la civilisation occidentale permet de remplir cette mission.
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Source: Lire l'article complet de Horizon Québec Actuel