L’artiste et activiste Paolo Cirio affiche des visages de policiers pour alerter et dénoncer la reconnaissance faciale

L’artiste et activiste Paolo Cirio affiche des visages de policiers pour alerter et dénoncer la reconnaissance faciale

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« Pourquoi les policiers veulent-ils nous identifier, alors qu’eux se cachent le visage ? », interroge Paolo Cirio qui a créé un projet artistique pour alerter les Français sur les dangers de la reconnaissance faciale.

La semaine dernière, l’Italien a affiché sur les murs de la capitale, des photos de policiers français, prises pendant des manifestations. Une cinquantaine environ.

« J’ai traité ces images avec un logiciel de reconnaissance faciale, très commun, et je les ai publiées sur un site Internet. Toute personne qui reconnaît l’un de ces visages peut renseigner leur nom pour créer une base de données qui comprend environ 4 000 policiers ».

Le but de l’artiste est de démontrer que « la reconnaissance faciale est une atteinte à la liberté publique extrêmement grave ».


L’activiste italien, fervent défenseur de la vie privée sur Internet, veut alerter les Français sur les dangers de la reconnaissance faciale. Dans sa performance artistique, il colle des portraits de policiers dans la rue pour les identifier et créer une base de données.

« Pourquoi les policiers veulent-ils nous identifier, alors qu’eux se cachent le visage ? », interroge Paolo Cirio qui a créé un projet artistique pour alerter les Français sur les dangers de la reconnaissance faciale.

La pétition pour « bannir la reconnaissance faciale en Europe » a recueilli près de 14000 signatures. Le hacker militant et artiste Paolo Cirio y participe grâce à une performance bien particulière, en placardant à travers la capitale française des centaines d’affiches de visages de policiers récupérés sur Internet.

Entretien…

Paolo Cirio est très connu dans le milieu des défenseurs de la vie privée sur Internet. Il l’est moins du grand public, ce qui pourrait changer après sa performance artistique urbaine nommée « Capture » et lancée ce premier octobre 2020.

Les actions très engagées de cet artiste et « technicien hybride » datent du début des années 2000. En 2001, il rend indisponible le serveur web de l’OTAN, détourne le service de publicités Ad Sense de Google en 2005, exploite les failles d’Amazon pour redistribuer des textes protégés en 2006, puis à partir de 2011, lance des projets de « hacking artistique » qui lui vaudront une notoriété internationale jusqu’à obtenir plusieurs prix. Les plus connus de ses projets sont Street GhostsPersecuting.US, Face to FacebookGlobal DirectDaily Paywall

À l’origine, Paolo Cirio rentre dans la catégorie des hackers éthiques, mais d’un genre un peu particulier : ses piratages en ligne n’ont pas vocation à aider à améliorer la sécurité informatique des entreprises — comme c’est souvent la règle dans le domaine —, mais à dénoncer les abus politiques, sociaux et économiques effectués par des acteurs privés ou publics usant de technologies numériques. Ce travail de détournement — parfois de piratage — n’a donc jamais de finalité mercantile ou destructrice : leur auteur en fait des expositions sur le Net ou des affichages urbains et parfois même expose dans des musées.

Sa dernière œuvre, en 2018, consistait en une sélection de brevets d’algorithmes de grandes entreprises, classés par catégories, telles que : la discrimination, la polarisation, la dépendance, la tromperie, le contrôle, la censure et la surveillance. Les algorithmes les plus « nocifs » qu’il a récupérés, Paolo Cirio les a publiés sur un site Web où les visiteurs étaient invités à partager, signaler et demander d’interdire ces brevets, liés à la « réglementation sur les technologies de l’information de surveillance et de manipulation des comportements sociaux ». Ce site s’est ensuite transformé en un ouvrage : « Le livre de coloriage des technologies de manipulations sociales » (The Coloring Book of Technology for Social Manipulation).

« Le visage est la part de notre corps la plus publique qui soit. », Paolo Cirio

Paolo Cirio — pour son dernier projet nommé Capture — a créé une base de données contenant 4000 visages de policiers français pour les identifier avec une technologie de reconnaissance faciale, via sa plateforme https://capture-police.com. Ce jeudi premier octobre 2020, l’artiste effectue donc une performance de « street art » en dévoilant une partie des portraits des officiers de police tirés de sa plateforme, affichés un peu partout dans la capitale française.

Le projet vise à soutenir la pétition lancée par l’association internationale de défense des droits numériques EDRi (European Digital Rights, Droits numériques européens, un regroupement de 44 ONG) pour « bannir la reconnaissance faciale en Europe ». Le procédé utilisé par Paolo Cirio est en tout point similaire à celui de Clearview, une entreprise américaine qui extrait des images d’Internet, établit un profil des visages et vend ces données de reconnaissance faciale avec un logiciel d’identification aux forces de l’ordre, ainsi qu’à des milliardaires.

Paolo Cirio mène sa performance artistique « Capture » dans le cadre de la campagne européenne pour le bannissement de la reconnaissance faciale en Europe menée par l’EDRi

« Quand vous capturez un visage avec un appareil photo vous faites la même chose que ce que fait la police qui tente de capturer quelqu’un. », Paolo Cirio

L’artiste a aussi procédé à des entretiens de membres d’associations de défense des libertés numériques — au sujet de la reconnaissance faciale — aidé par l’agence de journalisme « Labo 148 ».


Paolo Cirio : J’ai choisi le mot « Capture » parce qu’il est court et qu’il résume bien le concept qu’il y a derrière la reconnaissance faciale. Particulièrement lorsque cette technologie est utilisée par la police. Ils l’utilisent pour capturer des criminels, des manifestants, pour les attraper, donc les capturer grâce à des logiciels et des caméras.

Quand vous capturez un visage avec un appareil photo vous faites la même chose que ce que fait la police qui tente de capturer quelqu’un. C’est comme ça que m’est venue l’idée de ce projet « Capture », en utilisant des photos de visages de policiers, des visages que j’ai capturés moi aussi, sur le Net.

« Tout le monde doit être inquiet par l’émergence de cette technologie qui va permettre la surveillance de masse, les analyses des comportements, des émotions des gens dans la rue, comme en Chine. »

*

TV5MONDE : Pourquoi des visages de policiers affichés dans les rues ?

Paolo Cirio : J’ai en fait renversé le procédé de la reconnaissance faciale en l’utilisant contre ceux qui normalement l’utilisent contre des citoyens, c’est-à-dire les policiers. Je veux démontrer que cette technologie est très puissante et qu’elle peut être utilisée par des activistes, des citoyens, mais aussi par des criminels ou des terroristes, et ce, contre la police.

Cela peut ressembler à une grosse provocation, mais en fait, cela peut-être aussi pris comme une manière de protéger la police en leur montrant les dangers de cette technologie. En fait, j’aimerais que les policiers signent eux aussi la pétition pour bannir la reconnaissance faciale en Europe.

« La première chose que vous voyez quand vous rencontrez quelqu’un est son visage. Avec son visage, vous avez un moyen de savoir si quelqu’un est content, triste. »

TV5MONDE : Pourquoi la reconnaissance faciale est-elle un problème selon vous ?

Paolo Cirio : Je pense que la reconnaissance faciale est très dangereuse parce que cela piste les gens dans leur intimité. Le visage est la part de notre corps la plus publique qui soit. La première chose que vous voyez quand vous rencontrez quelqu’un est son visage. Avec son visage, vous avez un moyen de savoir si quelqu’un est content, triste. Le visage est un outil de communication à part entière entre êtres humains. Donc, s’il y a une technologie qui utilise ces outils de communication humains extrêmement importants, pour les suivre à la trace, les surveiller, ou les juger de façon parfaitement injuste, c’est un énorme problème !

C’est pour cela que tout le monde doit être inquiet par l’émergence de cette technologie qui va permettre la surveillance de masse, les analyses des comportements, des émotions des gens, dans la rue, comme en Chine. Il est donc vraiment important de bannir la reconnaissance faciale en Europe. La bannir pour l’identification et la mise en base de données. Parce que si vous l’autorisez, cela peut tomber entre de très mauvaises mains. Je ne pense pas qu’il soit trop tard, mais il faut agir vite, c’est pour cela que certaines villes américaines ont déjà banni cette technologie de leurs rues.

TV5MONDE : Qu’attendez-vous du projet Capture ?

Paolo Cirio : Je ne sais pas ce qu’il va se passer avec cette action dans les rues de Paris. Je ne sais pas quelles réactions il va y avoir, il est possible que la police n’apprécie pas ce que je fais. Mais j’espère que le sujet de la reconnaissance faciale va se trouver un peu plus sur le devant de la scène médiatique, qu’il y aura un débat public et que la campagne pour son bannissement en Europe se renforcera.

Je vais de toute manière continuer à travailler autour de cette campagne d’information et certainement par des voies politiques et légales, en allant rencontrer des parlementaires européens, des représentants de la Cour européenne des Droits de l’homme.

Le Ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a demandé jeudi 1er octobre à l’artiste italien Paolo Cirio, qui a mis en ligne une base de données de 4000 visages de policiers français, de retirer les photos de son site sous peine de poursuites.

Le port d’un casque, d’un masque ou d’une cagoule pour dissimuler son visage lors d’une manifestation fait encourir un an de prison et 15 000 euros d’amende. Issu de la loi visant à renforcer et à garantir le maintien de l’ordre public lors des manifestations.

Le délit de dissimulation totale ou partie du visage créé par la « loi antimanifestants » du 10 avril 2019 a été validé par le Conseil constitutionnel. Il porte pourtant une atteinte non-nécessaire et disproportionnée à la liberté d’expression et de communication.

source : https://aphadolie.com

Source: Lire l'article complet de Réseau International

À propos de l'auteur Réseau International

Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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