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par Oscar Fortin.
En septembre 2015, une année et demie après son élection à la Papauté, le pape François se présente à la Tribune des Nations Unies pour y livrer un premier message, relié, avant tout, à la protection de l’environnement et des droits fondamentaux des personnes et des peuples.
Dans son intervention, il a eu ces paroles concernant les Nations Unies :
« L’expérience de ces 70 années, au-delà de tous les acquis, montre que la réforme et l’adaptation aux temps sont toujours nécessaires, progressant vers l’objectif ultime d’accorder à tous les peuples, sans exception, une participation et une incidence réelle et équitable dans les décisions », a toutefois déclaré le chef de l’Église catholique, se référant à la nécessité de réformer l’Organisation pour en rendre le fonctionnement plus équitable.
C’est dans ce contexte, qu’il a rappelé « que la limitation du pouvoir est une idée implicite du concept de droit, soulignant qu’aucun individu ou groupe humain ne peut se considérer tout-puissant. » Il s’agit là d’un message clair qui affirme qu’aucune personne ou institution (gouvernements ou autres) ne peut se considérer au-dessus des lois. En langage clair, ceci s’applique à toute forme d’impérialisme qui se situe au-dessus des lois et qui s’impose aux personnes et aux peuples comme s’il en était le maître.
Ces propos, tenus en septembre 2015, ne sont guère ressortis dans les médias et dans les débats politiques de l’époque. Pas plus qu’ils ne ressortent aujourd’hui. À l’époque, l’environnement demeurait le thème central. Aujourd’hui, avec la « pandémie » du Covid-19, tout est centré sur ce virus, sans oublier l’environnement qui y occupe encore beaucoup de place.
Message septembre 2020
La participation du Pape à la célébration des 75 ans des Nations Unies s’est réalisée par l’envoi d’un message vidéo au Secrétaire général.
« Thème de prédilection du Saint-Père : la culture du déchet. À son origine, il y voit « un grand manque de respect pour la dignité humaine, une promotion idéologique avec des visions réductionnistes de la personne, une négation de l’universalité de ses droits fondamentaux et un désir de pouvoir et de contrôle absolus qui domine la société moderne d’aujourd’hui. Appelons-le par son nom : c’est aussi un attentat contre l’humanité ».
« Pour le Pape, le multilatéralisme est une nécessité absolue. Mais cinq ans après sa visite au Palais de Verre, il constate que les relations internationales sont davantage régies par les déclarations purement nominatives et moins par des actes concrets, principalement en matière environnementale. Il s’inquiète ainsi de la « dangereuse situation de l’Amazonie et de ses peuples indigènes ». « Cela nous rappelle que la crise environnementale est indissociablement liée à une crise sociale et que le soin de l’environnement exige une approche intégrale pour combattre la pauvreté et combattre l’exclusion ».
« Dans ce contexte le monde a besoin d’une ONU qui soit un « atelier » pour la paix plus efficace. François appelle les États membres permanents en particulier à agir avec « unité » et « détermination ». Il salue ainsi l’adoption par le Conseil de Sécurité d’un cessez-le-feu global durant la « pandémie », mais regrette toutefois que les sanctions contre certains États les empêchent toujours de soutenir correctement leur population ».
Commentaire
Il n’y a pas de doute que son enthousiasme, à son arrivée au Vatican, le 13 mars 2013, fut orienté vers les problèmes politiques et économiques dont sont victimes de nombreux peuples, particulièrement en Amérique latine, en Afrique et au Moyen-Orient. Dans son Exhortation apostolique Evangelii gaudium, rédigée dans les premiers mois de son Pontificat, son langage est clair et les réalités sont identifiées pour ce qu’elles sont, par leurs noms. Sa manière de parler du capitalisme libéral en a fait, pour plusieurs, un pape socialiste. Je vous réfère au débat présenté par l’hebdo « La Vie » à savoir « Le pape François un socialiste ? ».
Il est évident que son message a été accueilli avec beaucoup d’enthousiasme par les gouvernements émergents de l’Amérique latine de cette époque, tels la Bolivie, le Venezuela, l’Équateur, le Nicaragua et Cuba. Il a également fait grincer des dents de nombreux pays, profondément enracinés dans le capitalisme néolibéral. Il faut croire que les centres d’influence au sein du Vatican n’étaient pas encore parvenus à l’encadrer. Un pape qui affirme qu’aucune personne, qu’aucune institution, qu’aucun gouvernement ne peut se placer au-dessus des lois, ce qui ressemble beaucoup à ce nous considérons comme impérialisme, n’a pas de quoi plaire à l’oncle Sam dont les caractéristiques correspondent à celles d’un Empire. En 2014, un pacte de coopération entre le Vatican et Washington aurait été signé entre Obama et le pape François visant une collaboration plus étroite pour empêcher le communisme et le socialisme de s’implanter en Amérique latine.
Dans sa seconde intervention qui a suivi celle de 2015, le pape a un message qui ne reprend aucunement ce qu’il avait dit sur la question du droit des personnes, des institutions et des gouvernements. Il se garde de parler des ingérences de certaines puissances dans les affaires internes d’autres pays, comme c’est le cas de l’interventionnisme de l’oncle Sam en Bolivie, au Venezuela, en Colombie, à Cuba, etc. Il ne condamne pas le ou les pays qui s’associent pour rendre la vie plus difficile à certains autres pays qui se battent pour leur souveraineté et indépendance et leur droit de décider de leur constitution et du régime politique qui répond au mieux à leurs intérêts. Une occasion perdue pour rappeler, à tous les pays, le respect du droit international tel qu’affirmé dans la Charte des Nations Unies. Sur les politiques de sanctions qui affectent profondément les peuples et les gouvernements, il n’a que ces paroles : « je regrette toutefois que les sanctions contre certains États les empêchent toujours de soutenir correctement leur population ».
LE MOT INTERVENTIONNISME N’APPARAÎT À AUCUN MOMENT DE SON MESSAGE TOUT COMME LA RÉFÉRENCE À LA CHARTE DES NATIONS UNIES QUE TOUS SE DOIVENT DE RESPECTER.
LA BOLIVIE, L’ÉQUATEUR ET PARTICULIÈREMENT LE VENEZUELA SONT VICTIMES DE CET INTERVENTIONNISME DONT LE PAPE S’EST GARDÉ DE PARLER.
On peut toujours se demander pourquoi.
D’anti-impérialiste et de socialiste (pris dans un sens humaniste et non idéologique) qu’il eut pu être, on en a fait un bon pape, sensible aux intérêts de Washington et plutôt critique de ceux qui lui résistent. C’est, entre autre, le cas du président Nicolas Maduro que le Vatican et l’épiscopat vénézuélien ne reconnaissent pas comme président légitime du Venezuela, en dépit du fait que les N.U. et les 2/3 des États du monde le reconnaissent.
Il faut croire que les forces d’influence de Washington, au sein du Vatican, sont parvenus à encadrer ce Pape de manière à en faire un ami plutôt qu’un ennemi.
source : http://humanisme.blogspot.com
Source: Lire l'article complet de Réseau International