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par Christelle Néant.
Dix civils et quatre journalistes, dont deux Français, ont été blessés lors du bombardement de la ville de Martouni, puis de la capitale du Haut-Karabakh, Stepanakert, par l’Azerbaïdjan. De son côté, l’Arménie dit avoir abattu plusieurs drones de l’armée azerbaïdjanaise alors qu’ils se trouvaient dans son espace aérien. Et alors que l’escalade dans le Haut-Karabakh se poursuit, et qu’aucune négociation n’a pu être lancée entre les belligérants, l’Ukraine et la Turquie s’ingèrent dans le conflit au risque d’enflammer toute la région, voire plus.
Quatre journalistes blessés lors du bombardement de la ville de Martouni
Hier, 1er octobre 2020, l’armée azerbaïdjanaise a bombardé la ville de Martouni, située non loin de la ligne de démarcation entre le Haut-Karabakh et l’Azerbaïdjan.
Lors de ces bombardements, deux journalistes français travaillant pour le journal « Le Monde », Allan Kaval et Rafael Yaghobzadeh, et deux journalistes arméniens ont été blessés alors qu’ils roulaient dans une voiture portant clairement la mention « Presse ». Le militaire qui les accompagnait a quant à lui été tué.
Vehicle of the reporters of https://t.co/3avgb8yDG7 and #Armenia TV which were wounded as a result of #Azerbaijan|i shelling https://t.co/QhLpQeJY05 pic.twitter.com/Bo2Kd9Izer
— MFA of Artsakh (@mfankr) October 1, 2020
Les deux journalistes français blessés ont été emmenés à l’hôpital afin d’y être opérés. Allan Kaval était très grièvement blessé, mais les chirurgiens de l’hôpital de Stepanakert ont réussi à lui sauver la vie. La France a envoyé un avion médical et a rapatrié les deux journalistes dès que leur état l’a permis.
Les deux journalistes arméniens blessés sont Sevak Vardoumian, un correspondant de la chaîne 24 News, et Aram Grigorian, un cameraman de la télévision publique arménienne.
Lors de ce bombardement des journalistes de l’Agence France Presse (AFP) se sont aussi retrouvés pris pour cible par l’armée azerbaïdjanaise, mais n’ont heureusement pas été blessés.
Reporters of the Agence France-Presse @afpfr have been also targeted by #Azerbaijan‘s armed forces. They were not injured. Several reporters of Armenian mass-media received injuries https://t.co/nPhHIESRm1 pic.twitter.com/rcw8OMq7DP
— MFA of Artsakh (@mfankr) October 1, 2020
Un journaliste du média russe Dojd, Dmitri Yelovski, s’est lui aussi retrouvé pris sous les tirs de l’Azerbaïdjan alors qu’il interviewait des civils victimes des bombardements précédents, non loin de là où se trouvaient les journalistes du journal « Le Monde ». Le journaliste de Dojd a heureusement réussi à se réfugier dans un abri et n’a pas été blessé.
Ces tirs délibérés de l’Azerbaïdjan contre des journalistes sont des crimes de guerre, et semblent indiquer que Bakou cherche à les empêcher de montrer ce qui se passe dans le Haut-Karabakh.
La capitale du Haut-Karabakh bombardée par l’Azerbaïdjan
Or la situation continue de s’aggraver. Après les tirs contre des localités proches de la zone de front, aujourd’hui c’est la capitale du Haut-Karabakh, Stepanakert, qui a été bombardée par l’Azerbaïdjan.
Les tirs de lance-roquettes multiples ont touché un bâtiment du ministère des Situations d’urgence du Haut-Karabakh, endommageant sérieusement ce dernier et blessant dix secouristes qui se trouvaient là. Leur vie n’est pas en danger d’après les autorités.
Comme on peut le voir sur des vidéos filmées sur place, plusieurs murs et fenêtres ont été détruits ou endommagés, ainsi que des voitures garées devant le bâtiment.
Suite à ce bombardement, les autorités de la République d’Artsakh ont promis à l’Azerbaïdjan une réponse adéquate.
Plusieurs journalistes russes, dont un correspondant de RIA Novosti, ainsi que des journalistes arméniens, se sont retrouvés pris aujourd’hui sous les tirs de l’armée azerbaïdjanaise alors qu’ils revenaient vers Stepanakert.
Les journalistes s’étaient rendus à Martakert, dont les habitants sont partis à cause des tirs d’artillerie, et alors que leur minibus quittait Martakert pour retourner à Stepanakert, un obus est tombé près de leur minibus, soufflant les vitres de ce dernier. Les journalistes se sont alors jetés au sol dans le minibus qui a continué de rouler un peu avant de s’arrêter pour que les journalistes puissent aller se réfugier dans un abri anti-bombardements. Aucun n’a été blessé.
Suite au bombardement de la capitale du Haut-Karabakh, les sirènes d’alarme avertissant d’une attaque aérienne retentissent régulièrement dans Stepanakert, comme l’indique le journaliste russe Alexandre Kots qui se trouve sur place.
Ce soir, les bombardements contre Stepanakert se poursuivent, et les sirènes d’alarme retentissent à nouveau, comme on peut l’entendre dans cette vidéo d’Alexandre Kots.
Ces bombardements frappent les quartiers résidentiels, faisant de nouveaux dégâts, mais aussi de nouvelles victimes parmi les civils.
À l’heure où j’écris ces lignes le bilan humain concernant les civils est de 19 morts et 55 blessés côté azerbaïdjanais et 13 morts et plus de 60 blessés côté arménien.
Suite à cette recrudescence de bombardements de l’armée azerbaïdjanaise contre les zones résidentielles, plusieurs villages proches de la ligne de front ont été évacués dans le Haut-Karabakh.
Guerre de l’information entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan
Pendant que les victimes civiles continuent de s’accumuler des deux côtés de la ligne de front, Arménie et Azerbaïdjan poursuivent leur guerre des chiffres.
L’Arménie a ainsi annoncé ce matin que depuis le début de l’escalade dans le Haut-Karabakh, elle avait abattu 107 drones, 10 hélicoptères, 5 avions de combat, et détruit 205 chars d’assaut et un lance-roquettes multiples de l’armée azerbaïdjanaise. Erevan annonce aussi que 1 280 soldats azerbaïdjanais sont morts et 2 700 seraient blessés.
Face aux dénégations de l’Azerbaïdjan concernant les avions et drones abattus, les autorités du Haut-Karabakh ont publié des vidéos montrant que leur défense anti-aérienne a bien abattu des aéronefs :
De son côté, l’Azerbaïdjan prétend que 2 300 soldats ennemis ont été tués ou blessés, et que son armée a détruit 130 chars d’assaut et autre véhicules blindés, plus de 200 pièces d’artillerie, de lance-roquettes multiples et de lance-grenades, environ 25 systèmes de défense anti-aérienne, six postes de commande et d’observation, cinq dépôts de munition, environ 50 systèmes antichars et 55 véhicules.
La République d’Artsakh admet 151 soldats tués et 120 blessés, alors que l’Azerbaïdjan ne communique pas sur ses pertes militaires.
D’après les informations communiquées par Erevan, des drones azerbaïdjanais ont pénétré l’espace aérien arménien, dont un qui aurait tiré sur la localité de Mets Masrik, tuant une personne et blessant deux civils. Ensuite plusieurs autres drones auraient mené des vols de reconnaissance vers Erevan, et auraient tous été abattus par la défense anti-aérienne arménienne. L’Arménie a fermement condamné ces vols de drones envoyés par l’Azerbaïdjan et considère cela comme un pas de plus vers l’aggravation du conflit.
Ingérence de la Turquie et de l’Ukraine dans le conflit du Haut-Karabakh
Une aggravation entretenue entre autres par la Turquie. Le Président turc Tayyip Erdogan a ainsi déclaré espérer que l’Azerbaïdjan va continuer son offensive jusqu’à ce que Bakou ait récupéré la totalité du territoire du Haut-Karabakh.
La Turquie a aussi critiqué l’appel à cesser le feu prononcé par le groupe de Minsk de l’OSCE, disant que cet appel n’est pas sincère et peu convaincant.
Or, Istanbul ne fait pas que jeter verbalement de l’huile sur le feu. En effet, le Président français Emmanuel Macron a confirmé les informations publiées par la Russie sur la présence de terroristes venus de Syrie pour combattre dans le Haut-Karabakh.
Si la Russie n’a, par diplomatie (et pour préserver son rôle de médiateur), pas nommé la partie au conflit qui utilise des terroristes, la France a précisé que c’est l’Azerbaïdjan qui a récupéré 300 combattants venus de Syrie, qui ont été envoyés à Bakou via la ville turque de Gaziantep.
Istanbul n’étant pas neutre dans le conflit, le Premier ministre arménien a appelé à exclure la Turquie du Groupe de Minsk de l’OSCE, qui est chargé des négociations concernant le conflit du Haut-Karabakh. En effet en tant que médiateur, la Turquie se doit de rester neutre.
Dans le même temps l’Arménie s’est dite prête à travailler avec le Groupe de Minsk de l’OSCE pour rétablir le cessez-le-feu dans le Haut-Karabakh.
Et comme si l’ingérence de la Turquie dans le conflit ne suffisait pas, l’Ukraine est venue rajouter son grain de sel. Une députée du parti du Président ukrainien, Volodymyr Zelensky, Lioudmila Martchenko, a ainsi déclaré que l’Ukraine est prête à aider l’Azerbaïdjan tant sur le plan militaire qu’humanitaire.
Et d’après les informations publiées par la RPD (République Populaire de Donetsk), cette aide ne serait pas que verbale. La milice populaire de la RPD a ainsi annoncé que l’Ukraine serait déjà prête à fournir à l’Azerbaïdjan des systèmes de missiles antichars Stugna-P sous couvert d’aide humanitaire. Le quartier général ukrainien aurait ainsi déjà approuvé l’envoi vers l’Azerbaïdjan de 54 systèmes antichars et 324 missiles, ainsi qu’un groupe d’instructeurs pour entraîner les soldats azerbaïdjanais.
Comme s’il n’y avait pas déjà assez de victimes parmi les civils du Haut-Karabakh et surtout de sa capitale, Stepanakert, qui passent cette nuit au rythme des sirènes d’alarme et des bombardements menés par l’armée azerbaïdjanaise.
source : http://www.donbass-insider.com/fr
Source: Lire l'article complet de Réseau International