Ni moyens ni fins, les passions sont les réponses aux représentations qu’autrui se fait de nous ; ce sont donc des représentations au second degré. On appellera cela, plus tard, des formes de la conscience de soi. D’ailleurs, si l’on se penche sur la liste des passions que donne Aristote, on voit bien qu’il n’y a pas là ce que les Modernes appelleraient passions puisqu’il y a, parmi elles, le calme et la honte. On voit mal un contemporain se dire pris de la passion du calme, par exemple ! Quelles sont ces passions chez Aristote ? Dans la Rhétorique, les passions représentent des réponses à autrui et, plus précisément, à la représentation qu’il se fait de nous. Les passions reflètent au fond les représentations que nous nous faisons des autres, étant donné ce qu’ils sont par rapport à nous, en réalité ou dans notre imaginaire. Autant dire qu’il y a là un jeu d’images, sinon d’images réciproques, bien plus que la source des réactions morales, dont l’objet serait alors celui de l’Ethique. (Michel Meyer)
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