Après la recrudescence estivale des traversées clandestines de la Manche en direction du Royaume-Uni, Londres aurait, selon des documents «confidentiels et sensibles» révélés le 30 septembre par le Guardian, envisagé de multiples pistes concernant la prise en charge des migrants sur son territoire. Tels que présentés par le célèbre journal britannique, les documents en question correspondent aux réponses d’experts du ministère des Affaires étrangères, qui auraient émis une série de suggestions sur ce sujet.
Création de centres d’accueil offshore dans le sud de l’océan atlantique ?
«Traiter les demandeurs d’asile dans des centres offshore sur les îles de l’Ascension ou de Sainte-Hélène serait extrêmement coûteux», auraient par par exemple mis en garde les fonctionnaires sollicités par le 10 Downing street, pointant en outre l’existence d’«obstacles juridiques, diplomatiques et pratiques».
La piste ici évoquée n’est pas sans rappeler un article du Financial Times publié la veille, informant du fait que la Secrétaire d’Etat à l’Intérieur Priti Patel aurait demandé à des fonctionnaires britanniques d’étudier la possibilité de construire un centre de traitement des demandes d’asile sur l’île de l’Ascension, un territoire britannique d’outre-mer situé dans le sud de l’océan Atlantique, à quelque 1 500 kilomètres des côtes méridionales du Liberia.
Relocalisation de demandeurs d’asile au Maroc ?
«Aucun pays d’Afrique du Nord, y compris le Maroc, ne dispose d’un système d’asile pleinement opérationnel», auraient par ailleurs écrit les experts, soulignant qu’il était «très peu probable» qu’un Etat d’Afrique du Nord comme le Maroc accepte d’accueillir des demandeurs d’asile relocalisés. «Le Maroc n’aurait pas les ressources [ou l’envie] de payer pour un centre de traitement», peut-on encore lire dans le document cité par le Guardian.
Des transferts en Moldavie et Papouasie-Nouvelle-Guinée ?
«Semblant rejeter l’idée d’envoyer des demandeurs d’asile en Moldavie, les fonctionnaires du ministère ont souligné qu’il [y] existait un conflit prolongé […] ainsi qu’une corruption « endémique »», poursuit encore le quotidien britannique avant de mentionner une solution envisagée par l’exécutif en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Là encore, les experts auraient évoqué d’«importants obstacles politiques et logistiques» concernant ce pays, insistant sur la fragilité du système de santé en question : «C’est l’un des derniers pays au monde en termes de personnel médical par tête d’habitant», auraient par exemple mis en garde les experts.
Fait notable, ce territoire est déjà utilisé par l’Australie dans le cadre de sa politique de traitement des demandes d’asile. Critiquée pour l’opacité avec laquelle ces camps sont géré, l’Australie affirme que cette politique radicale sauve des vies en dissuadant les migrants d’entamer le périlleux voyage qui doit les conduire sur les côtes australiennes.
Des centres d’asile flottants ?
«Le Times a rapporté que le gouvernement envisageait aussi sérieusement l’idée de créer des centres d’asile flottants dans des ferries désaffectés amarrés au large des côtes britanniques», note également le Guardian, en référence à des informations simultanément révélées par ses confrères, dans un article affirmant qu’une des options envisagées par le 10 Downing street serait «d’acheter des ferries hors d’usage et de les convertir en centres de traitement des demandes d’asile».
Ces révélations sur d’hypothétiques pistes envisagées par le gouvernement britannique interviennent dans le contexte de la hausse des arrivées de migrants par voie maritime, à laquelle le Royaume-Uni a été confronté pendant l’été. «Plus de 5 600 migrants ont traversé la Manche à bord de petites embarcations cette année», selon le ministère britannique de l’Intérieur cité le 5 septembre par l’AFP.
Plus loufoque, il aurait également été envisagé d’installer des barrages de navires sur la Manche afin d’empêcher les bateaux de fortune des migrants de franchir la mer épicontinentale. La possibilité de créer de puissants courants artificiels dans le but de pousser les embarcations vers les côtes françaises aurait également été sérieusement discutée.