Par Vincent Held
Une «culture masculine problématique»! Du sexisme «parfois caché mais souvent visible»! Une «culture d’entreprise conservatrice» qui générerait des comportements «paternalistes», voire «autoritaires»! Un département dans lequel «91% des postes dirigeants sont occupés par des hommes»! Des femmes «très qualifiées» dont la carrière stagne ! Une «jeune macro-économiste hautement qualifiée» dont la candidature a été écartée «sans raison convaincante»! Des accusations de «discrimination salariale»! Des remarques déplacées, voire grivoises ! Une «vision traditionnelle de la famille»!
C’est emplis d’une sainte horreur que les médias alémaniques ont découvert, la semaine dernière, l’effroyable vérité. La Banque nationale suisse (BNS), à laquelle ils servent la soupe avec tant de zèle depuis tant d’années serait, d’après divers témoignages anonymes, gangrenée par le «machisme» et le «sexisme ordinaire»!
Une attaque en règle (et en meute) qui aurait très certainement de quoi terroriser le patron de n’importe quelle entreprise, les accusations de «sexisme» pouvant aisément se transformer en plaintes pour «harcèlement» et autre «discrimination à l’embauche»… Sauf que voilà: aucun tribunal — suisse ou étranger — n’a la compétence de venir interférer dans les affaires internes de la BNS ! C’est l’aspect positif de la fameuse «indépendance» de la Banque nationale.
Et c’est sans doute là ce qui explique la sérénité olympienne du président de la banque centrale helvétique face à cette énième resucée de #metoo. Thomas Jordan se contentant d’expliquer patiemment à la presse que, si son établissement aide effectivement les femmes à «concilier travail et famille», sa conception de la «diversité» n’inclut en revanche pas la notion de discrimination positive. De telle sorte que la prépondérance des hommes au sein de son département informatique, par exemple, ne le trouble nullement. «C’est partout comme ça.» L’essentiel, c’est que les «talents» de la Banque nationale, hommes et femmes, puissent «se développer» professionnellement, dans l’intérêt de l’établissement. Voilà tout.
Un positionnement effectivement «conservateur» et qui tranche singulièrement avec les attentes du Conseil fédéral. Car les «objectifs de développement durable» auxquels l’exécutif suisse souhaite soumettre la Banque nationale comprennent bel et bien l’idée d’imposer une politique de discriminations positives systématiques. Une orientation qui se répercuterait, par contrecoup, sur l’ensemble de l’économie suisse, via la politique de crédit de la BNS.
Comme l’évoquait récemment encore — et un peu en passant — l’agence Bloomberg, le «Grand Reset» va en effet rendre aux banques centrales leur monopole de création de la monnaie. De telle sorte que celles-ci pourront décider, au cas par cas, des acteurs économiques en droit de bénéficier — ou non — d’un crédit bancaire. C’est précisément dans cette optique que l’ONU a créé le Sustainable Development Goal Assessment Manager, un logiciel qui permet d’évaluer la compatibilité d’une entreprise donnée avec les «objectifs de développement durable» de l’Agenda 2030.
Si les «investissements» de la Banque nationale étaient effectivement soumis aux critères de «durabilité» onusiens, comme le réclament régulièrement certains médias, les entreprises se verraient par exemple contraintes de respecter des quotas de femmes, de LGBT et autres représentants de « minorités» réputées «discriminées» — au sein de leur personnel en général, et de leur encadrement en particulier. Au risque de se voir refuser tout accès au crédit bancaire. La «diversité» des effectifs représentant, de fait, l’un des principaux critères évalués par la plateforme d’évaluation onusienne, à laquelle participent des enseignants de l’Université de Genève (via leur affiliation à l’ONG B-Lab, qui gère la plateforme).
Au-delà de ces questions sociétales, le fait d’imposer à la Banque nationale de respecter les critères de «durabilité» onusiens légitimerait également des injections massives d’argent frais dans des domaines aussi improbables que les transports publics et taxis autonomes, les compteurs connectés (augmentation du prix de l’électricité — ou de l’eau — pour en réduire la consommation), ou encore la viande synthétique (qui consomme moins d’eau que la viande d’élevage)… Des critères idéologiques quelque peu arbitraires — et définis, qui plus est, en collaboration avec les multinationales qui financent l’ONU (dont les multinationales de l’eau en bouteille, notablement).
Voici donc quelques-uns des enjeux concrets qui sous-tendent la déclaration d’amour que la présidente de la Confédération a envoyée aux Nations Unies la semaine dernière, en arborant le célèbre drapeau bleu de l’organisation : « les objectifs de l’ONU sont nos objectifs»! Dont, en particulier, la fameuse «égalité de genre». Mais ne faut-il pas admettre que la Banque nationale elle-même n’est pas totalement cohérente dans sa résistance affichée à l’idéologie diversitaire des élites mondialisées?
En septembre dernier, Thomas Jordan a en effet pris des engagements historiques vis-à-vis des GAFAM, en expliquant que ces sociétés transnationales devraient, à l’avenir, disposer des mêmes droits que les banques commerciales suisses. Et qu’elles pourraient même créer ::une «cryptomonnaie officielle privée»:: sur le territoire helvétique ! Il faut dire que le projet de cryptomonnaie privée «globale» de Facebook — le Libra (ou «GlobalCoin») — est basé à Genève.
Or, les Big Tech ne cachent pas leur engagement en faveur des «objectifs de développement durable» de l’ONU en général — et de la discrimination positive en particulier. En outre, affirmer que les maîtres du Big Data doivent disposer des mêmes droits que les banques commerciales suisses revient à prendre acte du fait que ce sont eux qui domineront, à l’avenir, le «marché» du crédit helvétique (et, par contrecoup, le secteur de l’assurance). Les too-big-to-fail «suisses» se préparent d’ailleurs déjà à cette évolution, en transférant leurs données clients sur le cloud des GAFAM… (Les assurances maladie aussi, d’ailleurs.)
Si les dirigeants de la Banque nationale font mine de résister symboliquement à la bien-pensance, ils lui cèdent donc bel et bien dans les faits. Nos «gardiens de la monnaie» ne risquent-ils d’ailleurs pas d’être balayés par le «Grand Reset», cette crise financière majeure que l’on nous promet aujourd’hui à brève échéance? L’un des principaux responsables des risques de l’établissement n’avait-il pas qualifié la politique de la BNS de «bombe à retardement» il y a plusieurs années déjà? Et si l’échec malheureusement prévisible de nos supermachos monétaires servait précisément à démontrer la nécessité d’une plus grande «diversité» dans les centres de pouvoir économiques (privés et publics) ?
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