Non reconnue par les Nations unies, la république autoproclamée du Haut-Karabagh est située au sud-ouest de l’Azerbaïdjan et fait l’objet, depuis le 27 septembre, d’intenses affrontements entre les forces de Bakou et des combattants arméniens de la région. Selon plusieurs sources concordantes, la Turquie se serait impliquée dans les hostilités en envoyant sur place des mercenaires du Moyen-Orient pour soutenir l’Azerbaïdjan, qui dément pour l’heure l’implication de mercenaires. Pour sa part, Ankara, qui a plusieurs fois exprimé sa volonté d’apporter son soutien à Bakou, n’a pour l’heure pas commenté l’information.
Ainsi que l’a rapporté l’agence de presse russe Tass le 28 septembre, le ministère arménien des Affaires étrangères a par exemple expliqué savoir que les autorités turques recrutaient des mercenaires au Moyen-Orient pour les déployer dans la zone de conflit du Haut-Karabagh, où des affrontements entre les combattants arméniens de la région et l’Azerbaïdjan ont déjà fait plus d’une centaine de morts.
«Les instructeurs turcs se battent aux côtés des Azerbaïdjanais [dans le Haut-Karabagh]. Ils utilisent des armes turques, notamment des drones et des avions. Nous avons également des informations selon lesquelles la Turquie recrute des terroristes et des mercenaires dans certains pays du Moyen-Orient et les envoie en Azerbaïdjan», a ainsi déclaré la porte-parole du ministère, Anna Nagdalyan.
De son côté, l’agence de presse britannique Reuters a révélé des informations abondant en ce sens, citant cette fois le témoignage de rebelles syriens ayant préféré garder l’anonymat. «La Turquie envoie des combattants rebelles syriens pour soutenir l’Azerbaïdjan dans son conflit croissant avec l’Arménie voisine, ont déclaré deux rebelles syriens», a en effet relaté Reuters, le 28 septembre également, avant de poursuivre : «L’ambassadeur d’Arménie à Moscou a déclaré […] que la Turquie avait envoyé environ 4 000 combattants du nord de la Syrie en Azerbaïdjan et qu’ils y combattaient, une affirmation démentie par une aide au président azerbaïdjanais Ilham Aliyev.» Toujours selon Reuters, les combattants syriens en question ont déclaré qu’ils se déployaient en Azerbaïdjan en coordination avec Ankara et que leur motivation avait avant tout été celle de l’argent après s’être vus offert un salaire de 1 500 dollars mensuels pour une telle mission.
Enfin, le ministère russe des Affaires étrangères a également évoqué, dans un communiqué publié le 30 septembre, le transfert de mercenaires étrangers dans la zone du conflit. «Selon les données que nous recevons, des militants de formations armées illégales sont transférés dans la zone de conflit du Haut-Karabagh […] notamment depuis la Syrie et la Libye. Nous sommes profondément préoccupés par ce processus, qui non seulement exacerbe l’escalade des tensions dans la zone de conflit, mais crée également des menaces à long terme pour la sécurité de tous les pays de la région», peut-on lire dans le texte de la diplomatie russe qui a appelé les dirigeants des Etats concernés à «prendre des mesures efficaces pour empêcher l’utilisation de terroristes et de mercenaires étrangers dans le conflit et à les retirer immédiatement de la région».
Nos forces armées ont plus qu’assez de personnel et de forces de réserve
Cité par Reuters, Hikmat Hajiyev, un assistant de politique étrangère du président de la République d’Azerbaïdjan Ilham Aliyev, a déclaré qu’il était «complètement absurde» de dire que des combattants syriens venaient pour aider son pays : «Nos forces armées ont plus qu’assez de personnel et de forces de réserve», a-t-il affirmé.
Le 30 septembre, à la suite d’un appel téléphonique entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine, sollicité par la partie française, les présidents russe et français ont appelé à un arrêt complet des combats dans le Haut-Karabagh. «Vladimir Poutine et Emmanuel Macron ont appelé les parties au conflit à cesser complètement le feu et, dès que possible, à faire redescendre les tensions et à montrer le maximum de retenue», a déclaré la présidence russe.