Le gouvernement fédéral annonçait, mardi, avoir réservé 7,9 millions de tests rapides de la compagnie Abbott Rapid Diagnostics. Ce nouvel outil de dépistage a été autorisé par Santé Canada mercredi. Les premières livraisons sont attendues prochainement.
« Nous allons commencer à livrer ces tests-là pendant le mois d’octobre, dans les semaines à venir », a annoncé le premier ministre Justin Trudeau aux Communes.
Le test rapide Abbott ID Now nécessite encore un échantillon prélevé par écouvillon dans le nez ou dans la gorge d’une personne qui se croit atteinte de la COVID-19. Mais cet échantillon n’a pas besoin d’être envoyé en laboratoire pour y être analysé — ce qui est le cas avec les tests de dépistage moléculaires utilisés présentement au Canada et qui entraînent d’importants délais pour en recevoir ensuite les résultats. Le test rapide d’Abbott offrira plutôt un résultat en 13 minutes ou moins, grâce aux 3800 analyseurs qu’Ottawa a également réservés afin d’analyser les échantillons.
Nous allons commencer à livrer ces tests-là pendant le mois d’octobre, dans les semaines à venir
Le dépistage pourra se faire dans les lieux de soins de santé, comme les hôpitaux ou les cabinets de médecins. En Ontario, certains tests sont aussi administrés dans les pharmacies. Il reviendra aux provinces de déterminer où elles souhaiteront utiliser ce nouvel outil de dépistage.
L’administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, a fait valoir mardi qu’un test rapide serait probablement utilisé en priorité dans les régions rurales — où il faut encore plus de temps pour envoyer les échantillons de tests moléculaires en laboratoire, parfois par avion — ou encore dans les zones à haut risque de transmission — où il est important d’obtenir des résultats rapidement, comme dans les résidences pour personnes âgées de grandes villes très touchées.
Les autorités de santé publique peinent à fournir un résultat rapide aux Québécois qui ont passé un test de dépistage. Les délais peuvent atteindre jusqu’à sept à huit jours dans certaines régions, notamment en Outaouais où une part des tests doivent être expédiés au laboratoire de Montréal tel que le rapportait Le Devoir mardi.
L’arrivée de nouveaux tests rapides sur le marché pourrait aussi dégager les cliniques de dépistage qui sont déjà débordées et assiégées de files d’attente énormes alors que la transmission de la maladie continue d’être en hausse.
Deux autres tests rapides semblables à celui d’Abbott ont déjà été approuvés par Santé Canada, mais leurs résultats prennent au moins 45 minutes à obtenir.
Des délais critiqués
Les conservateurs relaient les frustrations de la population depuis plusieurs jours, en accusant le gouvernement de Justin Trudeau d’avoir trop tardé à approuver de nouveaux tests de dépistage pour accélérer le processus. « Personne au Canada, pas une seule personne, n’a accès à des tests rapides et c’est un échec de ce gouvernement », a de nouveau raillé la députée Michelle Rempel Garner aux Communes.
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Le premier ministre a rétorqué que Santé Canada avait procédé aussi rapidement que possible à l’approbation de nouveaux dispositifs. « À toutes les étapes, nous nous sommes appuyés d’abord sur la science, en respectant nos scientifiques, en les écoutant », a-t-il rétorqué.
Santé Canada a fait valoir, lors d’une séance d’information technique mardi, que l’approbation de nouveaux dispositifs de dépistage du coronavirus varie d’un pays à l’autre. Bien que certains tests rapides aient déjà été approuvés par les États-Unis ou des pays européens, les critères pour ce faire diffèrent entre chaque juridiction, a expliqué la Dre Supriya Sharma qui est conseillère médicale principale chez Santé Canada. Et certaines compagnies ne réclament pas toujours d’avoir accès au marché canadien si elles n’ont pas la capacité de fournir suffisamment de leur produit pour tous les marchés. Les autorités prennent leur temps, a-t-elle justifié, pour éviter d’approuver un test qui produirait des résultats inexacts, comme des faux positifs qui engorgeraient le système de dépistage des contacts ou des faux négatifs qui mèneraient des personnes malades à ne pas s’isoler.
Avec Hélène Buzzetti