Coronavirus: Madrid bouclée malgré l’opposition des autorités locales

Coronavirus: Madrid bouclée malgré l’opposition des autorités locales

Face à une explosion « inquiétante » des cas de Covid-19, le gouvernement espagnol a décidé mercredi d’imposer après un long bras de fer un bouclage de Madrid rejeté en bloc par les autorités locales.

Le décret préparé par le ministère de la Santé prévoit en particulier d’étendre à toute la capitale les mesures déjà en vigueur depuis une semaine dans les zones de la région les plus touchées par le virus et donc d’interdire à tous les habitants de Madrid d’entrer ou de sortir de la ville sauf notamment pour aller travailler, chez le médecin ou emmener les enfants à l’école.

Il ne s’agit donc pas d’un confinement strict comme l’Espagne a pu le connaître au printemps.

« Nous sommes parvenus (….) à un accord (sur ce texte) approuvé à une large majorité » par les régions, compétentes en matière de Santé, a déclaré le ministre de la Santé Salvador Illa devant la presse.

Mais cette annonce, qui intervient après un bras de fer de deux semaines entre le gouvernement central de gauche et l’exécutif régional madrilène de droite, a été immédiatement rejetée par ce dernier.

L’accord n’est « pas valide juridiquement », s’est empressé d’indiquer le responsable de la Santé de la région, Enrique Ruiz Escudero, dont l’exécutif était pourtant parvenu mardi soir à un accord de principe avec l’État.

Malgré le refus de Madrid et d’autres régions, ces mesures « doivent être effectives » une fois le décret publié au Journal officiel « dans les prochains jours », a assuré Salvador Illa.

« Je n’envisage pas » que la région de Madrid puisse ne pas les appliquer, a-t-il dit, en qualifiant la situation de « complexe et inquiétante » dans une région qui représente 43,7 % des nouveaux cas du pays.

M. Escudero a lui, au contraire, évoqué « de premiers signaux montrant que nous entrons dans une situation favorable ».

Outre la capitale et ses trois millions d’habitants, neuf communes de la périphérie doivent être concernées par ces restrictions car elles remplissent les trois critères requis : un taux de contamination supérieur à 500 pour 100 000 habitants sur les deux dernières semaines, un taux d’occupation des unités de soins intensifs supérieur à 35 % et un taux de positivité aux tests de dépistage PCR supérieur à 10 %.

À titre de comparaison, en France, l’état d’urgence sanitaire est déclenché lorsque le taux d’incidence atteint les 250 cas pour 100 000 habitants.

Travail, oui. Promenade, non

Plus d’un million de personnes vivant dans les zones les plus touchées de Madrid et de sa région sont déjà concernées par ces restrictions.

Il leur est interdit de sortir de leur quartier sauf pour les raisons de première nécessité, mais elles peuvent en revanche circuler librement dans leur quartier, où les parcs sont fermés et où les restaurants et bars ont vu leur capacité d’accueil réduite.

Ces derniers jours, diverses manifestations ont rassemblé plusieurs centaines de personnes pour protester contre ce reconfinement partiel, qui concerne surtout des quartiers populaires.

« Sans être médecin, on voit bien que certaines choses ne collent pas : comment puis-je sortir pour aller travailler mais pas pour aller me promener ? », a expliqué à l’AFP Paloma Roman, professeure de Sciences politiques à l’Université Complutense de Madrid, qui redoute « un conflit social ».

« Nous ne sommes plus au mois de mars », d’autant, ajoute-t-elle, que dans d’autres pays comme l’Italie, très durement touchée par la pandémie elle aussi au printemps, « la gestion n’a pas été la même » et la situation est meilleure.

Alors que les régions ont de larges compétences, le gouvernement avait dû décréter mi-mars l’état d’alerte, régime d’exception lui permettant de reprendre en main la santé et le maintien de l’ordre, afin d’imposer un confinement très strict de la population.

Le pays, l’un des plus touchés d’Europe, déplore 31 791 morts depuis le début de la pandémie.

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À propos de l'auteur Le Devoir

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