Au cours des dernières années, la politique étrangère agressive de la Turquie a touché tous les États qui demeurent dans la zone d’intérêt d’Ankara.
Le 27 septembre, l’Azerbaïdjan soutenu par la Turquie a lancé une opération militaire pour reprendre le contrôle des territoires contestés du Haut-Karabakh. Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a confirmé sur son compte Twitter la volonté d’Ankara de soutenir Bakou et de se battre pour ses intérêts, protégeant ainsi le principe « deux pays, une nation ». Il a également appelé l’Arménie à retirer immédiatement ses troupes des territoires « occupés » du Karabakh.
Dans le même temps, les médias et les réseaux sociaux ont commencé à diffuser des informations sur le déploiement d’équipements militaires turcs et de mercenaires de Syrie et de Libye en Azerbaïdjan. Même avant le déclenchement des affrontements entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, le 19 septembre, des sources syriennes locales ont informé que la Turquie avait commencé à recruter des volontaires à Afrin, dans le nord de la Syrie, pour leur envoi dans la zone de conflit.
Des mercenaires auraient été emmenés dans un camp d’entraînement dans la ville turque de Gaziantep, d’où ils ont été transportés vers la capitale azérie sous sous l’apparence de soldats turcs. Selon Flightradar24, des avions turcs ont décollé de l’aéroport de Mitiga à Tripoli en Libye et ont atterri à Bakou. Les experts militaires supposent qu’un groupe de mercenaires a été envoyé par la Turquie en Azerbaïdjan pour participer aux combats contre les forces armées arméniennes. Les activités ultérieures des mercenaires syriens peuvent être suivies via les médias sociaux régionaux.
Les rapports indiquent que plus d’une douzaine de combattants, principalement des factions syriennes pro-turques Ahrar al-Sharqiyah et la division de Hamza, ont été tués lors d’affrontements au Karabakh. Selon le journal britannique Guardian, les mercenaires syriens n’étaient pas destinés à participer au conflit en tant que force de combat, mais étaient «inscrits pour travailler comme gardes-frontières en Azerbaïdjan». Malgré les excuses des autorités turques et les déclarations du président azerbaïdjanais Ilham Aliyev sur la non-ingérence de la partie turque dans le conflit du Karabakh, de nombreux éléments prouvent l’ingérence directe d’Ankara. Le dernier exemple de l’agression turque a été l’abattage d’un avion Sukhoi SU-25 appartenant à l’armée de l’air arménienne par un avion de combat turc F-16.
En outre, Ankara a intensifié son soutien à Bakou avec des véhicules aériens sans pilote sophistiqués «Bayraktar». Les véritables objectifs d’Erdogan dans le conflit du Karabakh restent flous, d’autant plus que l’intervention turque pourrait déclencher une nouvelle escalade et conduire la Russie à une engagement militaire. Probablement si les parties opposées ne prennent pas de mesures pratiques vers une solution pacifique et n’empêchent pas l’ingérence étrangère, le monde peut être témoin d’un nouveau conflit de longue durée et de plus de victimes civiles.
Ahmed al-Khaled
L’auteur est un journaliste indépendant qui se concentre principalement sur l’implication d’acteurs étrangers dans le conflit syrien et ses conséquences aux niveaux régional et mondial.
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