Le 30 septembre, des élus du département de Meurthe-et-Moselle ont demandé «solennellement» au ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, «de conforter l’enracinement» de la cristallerie de luxe «Baccarat à Baccarat» et de «mobiliser» des moyens pour «les emplois et les savoir-faire».
«Il n’y aucun plan social, aucune délocalisation, aucune décision majeure à notre agenda», a répondu au cours d’une conférence de presse par téléphone Frédéric Abitbol, l’un des deux administrateurs nommés par le tribunal de commerce de Nancy à la SA Baccarat pour effectuer un audit sur la situation financière et juridique de la société. Ils doivent rendre leur travail au plus tard à la mi-janvier.
Cette nomination était intervenue alors que la SA Baccarat, confrontée à un conflit entre ses dirigeants et leurs créanciers à Hong Kong, a été placée le 8 septembre sous administration provisoire.
Lors de cette conférence de presse, la directrice financière Pascale Amiel a, elle, présenté les résultats de la cristallerie pour le premier semestre qui sont «bien meilleurs» qu’elle ne le craignait. Elle a notamment souligné les ventes «des deux premiers mois» mais aussi les «performances de la vente en ligne» ou encore la «redevance des marques».
L’entreprise a toutefois été fortement impactée par la crise du Covid-19 avec un chiffre d’affaires de 52,2 millions d’euros sur le premier semestre 2020, en baisse de 29,6% à changes courants par rapport à la même période un an plus tôt.
Au 30 juin, le résultat net publié part du groupe est négatif à 11,5 M EUR contre une perte de 0,3 M EUR l’an passé à la même période.
Inquiétudes du conseil départemental
Dans l’après-midi, le conseil départemental a fait part de son inquiétude sur l’avenir de l’entreprise et adopté une motion pour demander à Bruno Lemaire de s’impliquer pour défendre l’entreprise.
Pour la présidente PS du département, Valérie Beausert-Leick, «il n’est pas envisageable que l’on brade la plus ancienne et emblématique entreprise de Meurthe-et-Moselle».
Pour elle, il y a «urgence à nommer un directeur général» et «à installer le four que l’entreprise attend depuis longtemps» car «si celui qui existe venait à tomber en panne, l’entreprise n’en dispose d’aucun de rechange et il y aurait un risque de délocalisation». Sur ce premier point, Frédéric Abitbol a indiqué qu’il avait annoncé à l’intersyndicale son intention de nommer un directeur dans les prochains jours.
Pour le reste, il n’a pas voulu se prononcer, précisant qu’il voulait d’abord faire des annonces aux salariés et aux actionnaires.
Il faut que le gouvernement porte une vraie attention à sa politique sur ces fonds de pension qui fragilisent nos entreprises
«Il faut que le gouvernement se mobilise. Il ne doit pas y avoir de liquidation-rachat. Baccarat est viable», a martelé Valérie Beauser-Leick dans un entretien avec l’AFP, soulignant que le problème de la cristallerie était surtout «sa composition capitalistique».
La cristallerie est actuellement contrôlée par le groupe hongkongais New Anchor Limited, filiale de la société de gestion d’investissement Fortune Fountain Capital (FFC), qui avait racheté Baccarat en juin 2018 grâce à des fonds obtenus auprès de divers prêteurs.
Mais New Anchor Limited a lui-même été placé sous administration en juin à Hong Kong, et FFC, qui avait accumulé plusieurs dizaines de millions de dollars de dettes, a été placé en liquidation judiciaire le 27 juillet.
«Il faut que le gouvernement porte une vraie attention à sa politique sur ces fonds de pension qui fragilisent nos entreprises», a encore souligné la présidente du département.