Les unités de soins intensifs sont sous pression dans les hôpitaux de la région de Québec. Les quelque 90 lits sont presque tous occupés, par des patients souffrant de la COVID-19 ou d’autres maladies. Les centres hospitaliers ont la capacité d’ouvrir de nouvelles places, mais ils manquent de personnel pour prendre soin des malades, disent des médecins.
Neuf patients atteints de la COVID-19 sont actuellement hospitalisés aux soins intensifs, dans les établissements de la région de Québec, selon le Dr Mathieu Simon, chef des soins intensifs à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, établissement désigné pour accueillir cette clientèle.
« Le problème qu’on a actuellement, c’est qu’à côté de ses patients COVID, il y a des patients de chirurgie cardiaque, de chirurgie oncologique et de traumatologie, ainsi que des grands brûlés, explique le Dr Mathieu Simon. Il s’agit de patients qui occupent habituellement des lits de soins intensifs, mais qui étaient beaucoup moins présents lors de la première vague. »
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Le gouvernement Legault a procédé à du délestage massif au printemps afin de libérer des lits en prévision d’un scénario catastrophe à l’italienne. Quelque 90 000 chirurgies ont été reportées. Pas cette fois-ci. Les blocs opératoires roulent et les soins intensifs accueillent notamment des patients qui viennent de subir une chirurgie. Résultat : la quasi-totalité des 90 places sont occupées dans la région de Québec, indique le Dr Mathieu Simon.
Les hôpitaux pourraient augmenter le nombre de places pour atteindre 140 lits, selon le pneumologue. « On a une capacité immense, dit-il. Mais on n’a pas assez de personnel pour s’occuper des gens dans ces lits. »
Le Dr Mathieu Simon rappelle que des employés ont été infectés à la COVID-19, en raison de la transmission communautaire (134 nouveaux cas mercredi). Du personnel doit aussi s’occuper de patients qui ne peuvent retourner à la maison, en raison d’un test de dépistage positif à la COVID-19 lors d’une hospitalisation liée à un autre problème de santé.
« Ils ne sont pas très malades [de la COVID-19], mais ils sont potentiellement contagieux », dit le Dr Mathieu Simon. Il cite en exemple le cas d’une patiente qui ne pouvait séjourner chez son fils, un père monoparental de trois enfants. « Il y a une seule salle de bains chez eux, dit-il. Si je retourne la patiente dans la communauté, le père des trois enfants risque de l’attraper et on n’est pas gagnant. »
À l’Hôtel-Dieu de Lévis, l’unité de soins intensifs fonctionne à pleine capacité. Les 18 lits sont occupés, dont 7 par des patients souffrant de la COVID-19. « On pourrait monter notre capacité à 40 lits, mais on n’a pas assez de personnel, dit la cheffe du service des soins intensifs, la Dre Christine Drouin. La semaine prochaine, il nous manque trois infirmières par quart de travail. »
La direction du CISSS de Chaudière-Appalaches est bien au fait de la situation, souligne la Dre Christine Drouin. « Un plan doit être déposé aujourd’hui pour récupérer du personnel », précise-t-elle.
La pénurie de personnel est généralisée dans les unités de soins intensifs au Québec, selon le Dr Germain Poirier, président de la Société des intensivistes du Québec. « Il y a un gros, gros problème de main-d’œuvre dans tout le réseau, dit-il. Des lits de soins intensifs doivent être fermés temporairement. Des infirmières font du temps supplémentaire obligatoire. »
Or, des professionnels de la santé sont contraints de s’absenter du travail, parce que leur enfant a subi un test de dépistage à la COVID-19 et demeure en attente de résultat. « Pendant tout ce temps, ils restent dans leur domicile et ne sont pas disponibles, dit le Dr Bryan Houde, président de l’Association des anesthésiologistes du Québec. Ça a un impact sur les activités hospitalières. »
Selon lui, le gouvernement Legault doit prioriser les travailleurs de la santé, tout comme leur famille, lors de la transmission des résultats de test de dépistage. « Si on veut maintenir les activités dans les hôpitaux, c’est essentiel », dit-il.
Au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), on indique que les travailleurs de la santé « sont déjà priorisés ». « Pour les contacts domiciliaires, c’est-à-dire les membres de leur famille, nous sommes à gérer un accès pour les travailleurs de la santé critique étant donné que leur absence au travail peut créer une rupture de service », indique le MSSS, dans un courriel.