On saluera au passage le délicieux humour d’un Sugar Sammy qui tweetait, en anglais bien sûr : « Au Québec, quand les entreprises vont faire faillite, elles vont le faire en français ! » C’était après que le gouvernement a annoncé une augmentation du budget de l’Office québécois de la langue française de l’ordre de 5 millions $ pour mieux faire appliquer la loi 101. Peut-être aurait-il plutôt dû se réjouir de voir le même gouvernement verser pas moins de 750 millions $ au Cégep Dawson et à l’Université McGill, histoire de consolider leur emprise sur la vie montréalaise.
Si on pouvait encore utiliser cette expression, on dirait qu’il s’agit là d’un humour noir…
Dans une récente chronique parue dans Le Devoir, le professeur Normand Baillargeon illustrait une dérive certaine ayant cours dans des secteurs de la vie universitaire, « gangrenés par cette double certitude de savoir absolument et d’être vertueux ». Il ajoutait qu’on « chercherait moins (…) à découvrir la vérité qu’à appuyer certaines causes, et tout particulièrement à défendre les victimes. La production du savoir céderait alors le pas à la sophistique, et seule compterait la conclusion vertueuse, peu importe ce qui la soutient. »
Ces constats sont tirés d’une recherche faite par deux universitaires étasuniens, mais on les croirait écrites pour expliquer ce qui se passe dans certains départements de l’UQAM…
Dans une récente chronique parue elle aussi dans Le Devoir, Christian Rioux nous en apprenait des vertes et des pas mûres au sujet de certains maires de France nouvellement élus sous la bannière écologique.
C’est ainsi qu’à Bordeaux, le maire a décrété qu’il n’était pas question d’ériger un arbre de Noël sur la place de l’hôtel de ville et que ceux qui s’opposaient à sa décision étaient des « fachos ». Autrement dit, comme le souligne le chroniqueur, si vous avez le malheur de faire un arbre de Noël avec vos enfants, vous n’êtes pas loin d’être un fan de Mussolini… Ne reculant devant rien, ce maire compte faire adopter une charte des droits des arbres puisque ces derniers seraient des « êtres vivants fixes ». « À quand l’interdiction des carottes dans les cantines pour cause de barbarie », s’est demandé quelqu’un.
Ne voulant pas être en reste, le maire de Lyon a refusé que cette ville reçoive le Tour de France, soutenant que cette course cycliste serait « machiste et polluante ».
À Grenoble, le maire s’oppose à la technologie 5G, prétextant qu’elle servirait à « regarder du porno » dans les ascenseurs. D’urgence, il veut « dégenrer » les cours de récréation en réduisant l’espace réservé au sport… On ne sera pas surpris qu’à l’instar de la Ville de Montréal, ce maire veuille établir l’utilisation de l’écriture inclusive, la bien nommée épicène.
Dans la torpeur d’un été épidémique, une lettre publiée dans le magazine Harper’s n’a pas été suffisamment diffusée. Signée par environ 150 intellectuels identifiés à la gauche, dont la féministe Gloria Steinem, Margaret Atwood, Salman Rushdie, J.K. Rowling et Noam Chomsky, on déplorait dans cette prise de position que dans certains milieux de gauche, on se conduise comme la droite radicale. « La culture de la censure se répand aussi largement dans notre culture : une intolérance face aux opinions contraires, une vague d’humiliation publique et d’ostracisme et une tendance à réduire des questions de politiques complexes à une certitude morale aveuglante », ont-ils écrit. Sans avoir eu connaissance de ce qui s’est passé à la CBC et à McGill au sujet du livre de Pierre Vallières, Nègres blancs d’Amérique, les auteurs dénonçaient le fait que « des journalistes se font interdire d’écrire sur certains sujets et que des professeurs font l’objet d’une enquête pour avoir cité des œuvres littéraires en classe ».
Roméo Bouchard, fondateur de l’Union paysanne et écologiste avant même que ces écolos rigolos ne soient nés, constatait récemment ceci : « Beaucoup de militants écologiques semblent encore très naïfs face à la politique, mais ce qui est pire, très peu soucieux de la démocratie. Ils ont la vérité, cette vérité doit avoir priorité, il faut l’imposer à tous, pour leur bien, pour notre bien à tous. Encore une fois, on n’est pas loin de l’écologie des riches, de l’élite éclairée. »
Il y a quand même quelque chose de rassurant de voir que des personnalités comme Normand Baillargeon, Noam Chomsky, Christian Rioux et Roméo Bouchard partagent les mêmes inquiétudes face aux dérives de la bien-pensance.
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