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par ZZZ.
M.Shinzo Abe, Premier Ministre du Japon s’apprête à démissionner de ses fonctions pour des raisons de santé. En août, il ne manqua pas de commémorer les 75 ans des terribles évènements d’Hiroshima et de Nagasaki. C’est l’occasion de faire un saut dans le temps et l’espace et explorer la relation amour-haine nippo-américaine. Il est impossible de faire l’impasse sur le comportement des deux camps lors de la Deuxième Guerre Mondiale avant l’analyse des rapports entre nouveaux « alliés ».
Les deux belligérants lors du 2ème Conflit Mondial, Brutalité Extrême contre Crime Suprême
Soyons clairs, mon propos n’est pas d’occulter ni de minimiser les exactions commises par l’armée impériale japonaise avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale. En effet, de 1937 à 1945, les militaires japonais se sont rendus coupables de 3 à 7 millions de morts pour la plupart asiatiques dont 3,9 millions de Chinois. Sans compter plus de 10 millions de vies arrachées, conséquence de l’invasion de la seule Chine[1]. D’autres crimes comme ce qu’on appelle pudiquement « les femmes de réconfort », en fait de la prostitution contrainte, sont à mettre au passif des Japonais. On peut tenter d’expliquer (non de justifier) ce comportement révoltant par la croyance ancrée chez le peuple nippon selon laquelle l’Empereur a une ascendance divine. Par conséquent, jusqu’au milieu du siècle dernier, les Japonais étaient persuadés d’être supérieurs à leurs voisins asiatiques et les considéraient comme quantité négligeable. Et comme le Japon étant relativement petit et montagneux, l’Asie, en particulier la Mandchourie, était aux yeux des militaristes japonais une proie facile. Leur marche quasi-triomphale jusqu’en 1942 les a confortés dans leur délire. Mais avec l’attaque surprise japonaise du port militaire US de Pearl Harbor en décembre 1941, les États-Unis d’Amérique (EUA) entrent en guerre contre le Japon.
Les Américains, après des affrontements acharnés de 1942 à 1945, dont des batailles navales mémorables dans le Pacifique et grâce à une résistance chinoise héroïque sur le continent, parviennent à encercler l’archipel japonais. Le Pays du Soleil Levant ne s’avoue pourtant pas vaincu et promet une résilience opiniâtre notamment par leurs célèbres kamikaze[2]. C’est dans ce contexte que l’état-major US décide de lancer non pas une mais deux bombes nucléaires littéralement sur Hiroshima le 06/08/1945 et sur Nagasaki le 09/08/1945. Car ce qu’il faut savoir c’est que ces bombes n’éclatent pas au contact du sol mais explosent dans l’air (à environ 500 mètres d’altitude). On imagine l’effroi et l’horreur des civils qui voient et entendent une énorme détonation dans le ciel qui les soufflera et les vitrifiera quelques instants plus tard. Le bilan est de 250.000 victimes, sans compter celles qui mourront plus tard de diverses pathologies, deux villes complètement détruites (sauf un bâtiment à Hiroshima, cf l’illustration) et un pays exsangue. C’est l’unique fois dans l’Histoire de l’Humanité que la bombe atomique a été utilisée. Examinons, à présent l’utilité et la pertinence de son usage. On présente souvent le largage de ces bombes comme le facteur déterminant qui permit la capitulation sans condition du Japon. Cependant les Japonais n’auraient jamais accepté la défaite puisque Tokyo par exemple était déjà anéanti par des bombardements conventionnels sans que l’état-major japonais ne bronche d’un cil. En réalité, les historiens avancent de plus en plus que c’est la déclaration de guerre de l’URSS, l’invasion soviétique de la Mandchourie et donc l’ouverture d’un second front qui obligèrent l’Empereur à la reddition sans condition. Alors pourquoi une décision aux effets cataclysmiques a-t-elle été prise par les EUA alors qu’elle aurait vraisemblablement pu être évitée ? Le plus probable est que les dirigeants états-uniens étaient déjà dans un état d’esprit de guerre froide et voulaient impressionner les Soviétiques, leurs futurs adversaires. Accessoirement, les Nippons, militaires, civils, femmes, enfants et vieillards ont servi de cobayes à la première arme de destruction massive. Pour moi, cela relève du crime contre l’Humanité. Voyons à présent les rapports américano-japonais depuis la défaite nipponne.
Les relations post-1945 déséquilibrées et malsaines entre nouveaux Alliés
La première chose faite par les troupes américaines après l’épisode de Hiroshima et Nagasaki est de foncer vers la Banque Centrale du Japon où étaient déposés les stocks d’or du pays nous apprend M.Jovanovic[3]. Et en 1949, sous un prétexte spécieux, Washington s’est servi pour se dédommager. « (…) décision a été prise de transférer tout l’or du Japon à la Fed de New York ». Cela donne le ton des « interactions » à venir.
Les Japonais se remettant progressivement du cataclysme consécutif à la guerre, triment, les décès dus au sur-ménage ne sont pas rares dans ce pays, au point de se hisser au début des années 1980 au rang de deuxième puissance économique mondiale. C’est dans ce contexte qu’entre en jeu « l’allié et protecteur américain ».
- En effet, les Accords du Plaza sont négociés et signés en 1985 entre le G5 mais concernent réellement les EUA et le Japon. Pour faire simple, l’objectif était de renchérir la valeur du Yen pour pénaliser les exportations japonaises donc les excédents commerciaux nippons et réduire in fine le déficit américain. Parallèlement, le dollar devait baisser de valeur pour faciliter les exportations US[4]. Mission accomplie puisque l’économie américaine est relancée tandis que celle du Japon connaîtra «la Décennie Perdue » des années 1990.
- En 2007/2008, l’économie est frappée à l’échelle internationale par une grave crise dont le monde ne s’est jamais réellement remis. Les Banques Centrales occidentales y font face avec les Quantitatve Easings (les fameux QE ou Assouplissements Quantitatifs) qui ne sont rien d’autre que la planche à billets moderne qui bénéficie aux groupes cotés en Bourse. La Bank of Japan y est également contrainte avec tous les effets pervers associés à cette politique délétère à long terme.
Sur un autre plan,
- la base militaire américaine établie depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale sur le site paradisiaque d’Okinawa a transformé celui-ci en enfer. En plus de toutes sortes de pollutions, les habitants subissent avec horreur les crimes souvent impunis des Marines, y compris le viol collectif d’une écolière par les militaires US[5].
- Grâce à Snowden, aujourd’hui réfugié en Russie, on apprend que la National Security Agency (NSA) américaine a installé depuis des décennies des centres d’espionnage dont le plus important est à Misawa au nord de Tokyo[6],
- Tandis que Wikileaks de Assangequi croupit dans une prison britannique avant sa probable extradition vers les EUA, a dévoilé que ces installations ont aussi espionné les plus hautes sphères du pouvoir japonais et des grands groupes énergétiques nippons[7]. Non seulement c’est une drôle de manière de traiter un « allié » mais c’est une menace sérieuse et constante qui plane sur le circuit de production et de distribution de l’énergie au Pays de Soleil Levant.
Au-delà du cliché d’un Japon high tech, prospère et rutilant, se dessine un tableau plus nuancé. En fait, on constate qu’un ressort psychologique –et économique- s’est cassé. Le pays est endetté à 250% du PIB (pour la France c’est environ 100%), l’un des plus élevés du monde. Le pays patauge depuis des années dans une stagnation économique qui s’est muée en marasme économique avec l’avènement du coronavirus. Et surtout on sent une chape de plomb invisible américaine qui oppresse le pays des samouraï.
M. Abe a regretté de n’avoir pu conclure un traité de paix avec la Russie au sujet des îles disputées des Kouriles et ce malgré d’excellentes relations personnelles avec M. Poutine. On se demande bien pourquoi…
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[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Crimes_de_guerre_du_Japon_Sh%C5%8Dwa#Meurtres_de_masse
[2] littéralement « dieux du vent » et désignant ces pilotes d’avions suicide qui donnèrent leur vie à leur Empire et son chef. Ce surnom fait référence aux vents et tempêtes qui annihilèrent toutes les tentatives antérieures d’invasions du sol japonais.
[3] 666 « La planche à billets américaine qui va amener les banques à leur faillite et déclencher la révolte des peuples », de Pierre Jovanovic (p 92).
[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_du_Plaza
[5] https://www.la-croix.com/Monde/Asie-et-Oceanie/Au-Japon-Okinawa-veut-pas-base-americaine-2019-02-24-1201004749
[6] https://theintercept.com/2017/04/24/japans-secret-deals-with-the-nsa-that-expand-global-surveillance/
[7] https://wikileaks.org/nsa-japan/
source : http://la-geopolitique-sous-le-regard-de-zzz.over-blog.com
Source: Lire l'article complet de Réseau International