Par Marc Rousset.
Le repli des grandes valeurs technologiques américaines a fait chuter, vendredi, de plus de 4 % l’indice NASDAQ, qui a enregistré sa plus lourde chute hebdomadaire depuis fin mars. Entre le vendredi 4 septembre et le mardi 8, le NASDAQ 100 avait déjà dégringolé de plus de 10 %. La correction à Wall Street n’est pas terminée ; le doute s’est désormais installé et la volatilité est de retour. Les investisseurs se demandent si le secteur de la tech peut continuer à monter jusqu’au ciel pour soutenir l’ensemble du marché. Les 5 entreprises GAFAM représentent un quart de la valeur du S&P 500 et plus de la moitié de celle du NASDAQ 100. Le fabricant de camions électriques et à hydrogène Nikola, dans lequel General Motors vient de prendre une participation, a plongé, le jeudi 10 septembre, de 11,3 %, suite à des accusations de « fraude ».
Tesla est le symbole de la « bulle » financière à Wall Street. Avec une capitalisation boursière de 400 milliards de dollars, les marchés apprécient à plus de 800.000 dollars pièce chaque Tesla vendue, contre 16.500 dollars pour une Toyota et 1.840 dollars pour une Renault. Tesla, qui va affronter une concurrence mondiale, affiche toujours une hausse de plus de 300 % depuis début 2020, mais a plongé de 33 % depuis le 1er septembre. En cas de krach, la Fed achètera cette fois-ci des actions, ce qui représentera la dernière folle mesure, avant l’explosion et l’effondrement monétaire, pour sauver la Bourse et le marché obligataire. Des mesures de soutien direct aux populations avec l’argent que la Fed n’a pas (monnaie hélicoptère= monkey-money) seront aussi adressés aux Américains en cas de chômage important.
La dette publique et l’endettement global des États-Unis augmentent à une vitesse vertigineuse pour atteindre, aujourd’hui, respectivement 27.000 milliards de dollars et 80.000 milliards de dollars. Pour l’année fiscale 2020, le déficit public américain dépassera les 3.500 milliards de dollars, soit pratiquement le PIB annuel de l’Allemagne. Les actifs du bilan de la Fed qui s’élevaient à 2.000 milliards de dollars en 2009, après avoir doublé par rapport à 2008, ont de nouveau presque doublé en dix ans pour atteindre 3.800 milliards de dollars en 2019, et auront de nouveau pratiquement doublé pendant la seule année 2020, pour atteindre plus de 7.000 milliards de dollars. Mais tandis que le bilan de la Fed augmente, la vitesse de circulation de la monnaie a diminué de moitié puisqu’elle est passée de 1,96, en 2008, à 1, en 2020. Le PIB américain, lui, progresse à la vitesse de l’escargot pour atteindre péniblement les 20.000 milliards de dollars.
On aura tout vu puisque c’est maintenant la Fed, et non plus seulement Trump, qui encourage le Congrès à dépenser plus. Il y a une fusion de la Fed et du Trésor américain pour pratiquer la fuite en avant, du jamais-vu depuis la création de la Fed. Le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin, face à la gravité de la situation, envisage même des annulations de remboursements de prêts aux petites entreprises. De plus, la Fed est dans l’incapacité de relever les taux pour soutenir le dollar car elle mettrait en danger mortel la reprise économique. Les risques d’inflation aux États-Unis peuvent devenir un jour très sérieux. La réalité, c’est que les États-Unis, comme l’Europe, sont en train de devenir un nouveau Japon. Nixon, en annulant la convertibilité de l’or en 1971, n’avait pas réalisé que cela conduirait, à terme, à la désindustrialisation des États-Unis.
La reprise économique artificielle a, en fait, la forme d’un K dont la barre ascendante représente le luxe en France, les GAFAM aux États-Unis ainsi que les bulles immobilières et boursières, tandis que la barre descendante représente le chômage et les secteurs en régression. Christine Lagarde doute même de la reprise en 2021 « car très dépendante de l’évolution de la pandémie ». Quant au président faucon de la Bundesbank Jens Weidmann, il enjoint les dirigeants européens de mettre fin au soutien budgétaire de l’économie afin d’éviter « une sorte d’illusion de la dette ».
Seule l’intervention des banques centrales empêche le krach dans l’immédiat, mais chaque jour qui passe, la perte de confiance dans les monnaies actuellement thésaurisées augmente, et gare au jour où plus personne ne voudra de la monnaie ou du papier financier, ce qui conduira à l’effondrement monétaire, économique et probablement politique du Système.
Source: Lire l'article complet de Les 7 du Québec