Le sociologue et directeur de recherche au CNRS Laurent Mucchielli s’est penché récemment sur l’étude qui a permis à un certain nombre de médias et de membres du gouvernement d’affirmer en avril que le confinement avait “sauvé 60 000 vies”. Extraits.
“Une étude publiée par trois chercheurs le 23 avril 2020 sur le site internet de l’École des Hautes Études de la Santé Publique (EHESP) affirmait que le confinement avait « sauvé au moins 60 000 vies » (61 739 précisément !). Dans les jours suivants, cette étude était relatée par la quasi-totalité des médias nationaux comme régionaux (voir par exemple Le Monde, Le Nouvel Obs, Le Figaro, Les Échos, 20 minutes, Europe 1, France 3, BFMTV, LCI, Ouest-France, Sud-Ouest, Le Midi Libre, Le Télégramme, Le Progrès, les Dernières Nouvelles d’Alsace, etc.).
Le lendemain même, le ministre de la Santé, Olivier Véran, reprenait à son compte les résultats de cette étude sur son compte Twitter puis dans une interview à France Inter. Enfin, le 28 avril, annonçant la fin du confinement à l’Assemblée Nationale, c’est le Premier ministre Édouard Philippe qui s’en prévalait à son tour.
Toutefois, à notre connaissance, outre l’Humanité qui reprit le texte, et à l’exception des Échos, aucun des mêmes grands médias n’a consacré d’article au démenti publié par trois autres chercheurs une dizaine de jours plus tard (le 2 mai 2020) dans le Journal International de Médecine (JIM). […]
Les auteurs y montrent que les calculs des trois chercheurs de l’EHESP sont plus que contestables. Plus largement, ils nous rappellent que les modèles mathématiques ne sont que des méthodes qui peuvent amener à faire des prédictions sans rapport avec la réalité médicale. Et ceci n’est pas sans rappeler les modélisations tout aussi fausses de l’épidémiologiste anglais Neil Ferguson qui prédit le 16 mars 2020 que le Covid tuerait 500 000 personnes en France, autant en Grande-Bretagne, plus de 2 millions aux États-Unis et jusqu’à 200 millions dans le monde entier.
Enfin, on attend encore les premières évaluations globales des vies non pas sauvées mais au contraire mises en danger par le confinement : impacts sur la santé physique et mentale, suicides et consommations de psychotropes, suspension du traitement des autres maladies, chômage, fermetures d’entreprises et de commerces, décrochage scolaire, creusement des inégalité à tous points de vue, retard considérable dans le fonctionnement de la justice, etcétéra.” […]
Voir l’intégralité de l’article et l’étude citée ci-dessus :
– Blog Mediapart de L. Mucchielli : Retour sur l’étude prétendant que le confinement « sauva plus de 60 000 vies »
– Journal International de la Médecine : Etude critique d’une modélisation des effets du confinement
Source: Lire l'article complet de Covid Infos