Les malheurs du Liban

Les malheurs du Liban

La tragédie qui a frappé le Liban le 4 Août avec l’explosion du port de Beyrouth a été immédiatement dramatisée à outrance et instrumentalisée. Certes, elle est terrible et s’ajoute aux souffrances de ce pays que nous aimons tant. Pourtant la vraie question n’est pas là.

Liban, lundi 31 Août. Le président Macron est revenu inspecter le Liban. Quelques temps avant, le 23 Juillet, le ministre des affaires étrangères français, Mr Jean-Yves Le Drian, donnait carrément des avertissements et des ordres au gouvernement libanais en réclamant des réformes « qui ont été, dit-il, attendues depuis trop longtemps ». Le premier septembre, le Président Macron était allé jusqu’à annoncer lui-même « la formation d’un gouvernement (libanais) dans les quinze jours ».

La tragédie qui a frappé le Liban le 4 Août avec l’explosion du port de Beyrouth a été immédiatement dramatisée à outrance et instrumentalisée. Certes, elle est terrible et s’ajoute aux souffrances de ce pays que nous aimons tant. Pourtant la vraie question n’est pas là. Là n’est pas la cause des malheurs du Liban. Le Vietnam, pendant sa résistance à l’agression américaine, a reçu, sur son territoire plus de bombes que toutes celles déversées pendant toute la deuxième guerre mondiale. Il a gardé la tête haute, il a vaincu et aujourd’hui il est un pays émergent avec 60 milliards de dollars d’exportation.

La question est une question de dignité. Sur les plans politiques et économiques, la dignité porte les noms d’indépendance et de souveraineté.

Une grande partie des élites dirigeantes libanaises ont la double nationalité, française et libanaise. Elles vivent la moitié de leur temps, entre Paris et Beyrouth. Comment peuvent-elles se consacrer au développement de leur pays ? Il ne les intéresse que par ce qu’ils peuvent en tirer et qui est souvent d’ailleurs investi et préservé dans l’immobilier français, leur confiance dans leur pays étant limitée. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les banques sont la principale activité du Liban à tel point qu’on disait de lui qu’il était la « Suisse du Moyen orient ». Cette partie des élites, dès qu’il y a quelques problèmes, quelques dangers au Liban, affrontements armés, tensions civiles ou attaque israélienne, vont courir se réfugier en France, d’où elles proclament à grands bruits leur amour du Liban. Le résultat, pour le reste de la population, notamment les jeunes, est un immense exode des compétences à travers le monde, notamment dans les ex-colonies françaises. Il y a plus de Libanais ailleurs qu’il n’y en a au Liban. Le Liban est bien la preuve que la double nationalité n’est jamais le chemin de la dignité pour un pays, mais qu’elle est l’un des principaux vecteurs de l’exode des compétences, directement et indirectement. Heureusement qu’il y a aussi des forces patriotiques au Liban, qu’elles soient musulmanes ou chrétiennes. On comprend pourquoi l’une d’elles, le Hezbollah, fait l’objet d’autant d’attaques en Israël et de certains courants en France.

Bilad Al Cham

Mais la cause des problèmes récurrents du Liban est encore plus profonde. Elle est structurelle, originelle. Historiquement, le Liban n’est pas un pays, c’est un État. Économiquement, seul, il est difficilement viable. Le vrai pays, le pays historique, c’est « Bilad Al Cham »[1], c’est celui à la fois des libanais, des syriens, des jordaniens, des Palestiniens. Les colonialismes français et anglais, à l’effondrement de l’empire ottoman, en ont profité pour émietter cette région suivant le vieux principe de diviser pour régner. La création d’Israël est venue couronner le tout. La même politique se poursuit, celle de l’émiettement du monde arabe.

La création de l’État confessionnel du Liban a servi à diviser la région et à la priver de son principal facteur d’unité, celui de l’identité arabe commune entre musulmans et chrétiens, y compris dans ses prolongements irakiens et coptes. Le comble, c’est quand la France officielle vient aujourd’hui en appeler à un État laïc au Liban.

De retour, le 4 septembre en France, le président Macron, a remis la nationalité française à des personnes, issues des ex-colonies, dont des maghrébins, dans une cérémonie solennelle, au Panthéon, lieu, s’il en est, du nationalisme français. Il a, à cette occasion, dans un discours qu’il a voulu solennel, déclaré avec force, aux nouveaux français, que cette nationalité était un engagement entier envers la France, une appartenance totale à elle, dans toute son histoire, sans en excepter un moment, dans toute son identité, précisant même que la langue française était elle aussi leur patrie. On ne peut être plus clair. Avis aux partisans de la double nationalité.

Dans l’empire romain, beaucoup de barbares venaient à Rome, attirés par la civilisation romaine, s’efforçant de bien parler le latin, espérant devenir romains. Dans les difficultés économiques et les soubresauts sociaux qui finissaient par se multiplier dans la capitale de l’empire, ils servaient de boucs émissaires et étaient les premières victimes des pogroms de cette époque.

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[1] Entité historique culturelle et économique comprenant le « Levant » (moins l’Irak) avec pour capitale Damas.

envoyé par Djamelabidi

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À propos de l'auteur Réseau International

Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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