Le second mandat de Delphine Ernotte sera donc placé sous le signe du renouveau. Lundi matin, la présidente a dévoilé dans un communiqué en interne le nouveau visage d’un état-major profondément remanié.
Takis Candilis, qui a décidé à 66 ans de revenir à la production, est remplacé au poste de directeur des antennes et des programmes par Stéphane Sitbon-Gomez. Jusqu’à présent directeur de cabinet de Delphine Ernotte, il devient de fait à 33 ans le numéro 2 de France Télévisions. Proche de la présidente, ancien conseiller spécial de Cécile Duflot chez les Verts, il avait été promu directeur de la transformation en 2018 et pris les commandes de France TV Studio, la filiale de production du groupe public.
Autre changement substantiel, Laurent Guimier, arrivé en juin pour diriger la chaîne France Info qu’il avait contribué à lancer en 2016 alors qu’il était à Radio France, hérite du poste de directeur de l’information. Celui-ci était occupé par Yannick Letranchant, qui devient le directeur des opérations spéciales de l’information et des antennes.
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Le jeu de chaises musicales, opéré quasi exclusivement en interne, Laurence Mayerfeld, directrice du réseau régional de France 3, devient ainsi directrice des ressources humaines et de l’organisation, et le précédent directeur des ressources humaines, Arnaud Lesaunier, est nommé PDG de France TV Studio et de France TV Distribution.
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Une synthèse !
Qui est Stéphane Sitbon-Gomez ?
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Tous les autres regardent du côté de son CV, sans comprendre le lien avec la télévision. Bien qu’il soit sempiternellement présenté comme le « Mozart des Verts », l’œuvre de Wolfgang Stéphane Sitbon ne porte pas toujours la marque du succès. Depuis dix ans, il écrit les discours de Cécile Duflot, dont on serait bien en peine de citer une phrase marquante. En 2012, il codirige la calamiteuse campagne présidentielle d’Eva Joly. En 2014, lui et sa patronne quittent précipitamment le gouvernement, ravivant dans leur parti la question de la participation au pouvoir. « Son génie restera d’avoir fait de Cécile quelqu’un qui compte, et de l’avoir transformée en ministre », défend Patrick Farbiaz, conseiller politique avisé de nombreux leaders écologistes.
Débarqué en politique en 2001, Stéphane Sitbon se tourne d’abord vers la figure tutélaire de la section verte de son XXe arrondissement de Paris : un certain Guy Philippon. Ce dernier, idéologiquement issu du PSU, mais « stalinien dans ses méthodes » d’après un membre de la section, accueille avec paternalisme ce collégien de 14 ans. Lequel écrira au sujet de sa rencontre avec son mentor : « J’ai lancé une bouteille à la mer. J’ai la certitude – et sûrement le secret espoir – qu’elle ne sera jamais saisie. » La suite ? Sitbon se fait véritablement aspirer par la politique. Une activité qu’il exerce dans un esprit de dévouement total, au détriment de sa vie sociale et de sa vie tout court. Au service de Cécile Duflot, les camarades l’ont vu rire mais aussi pleurer. Couche-tard et lève-tôt, il manque de s’évanouir d’épuisement au congrès des Verts, à La Rochelle, en 2011. Au ministère du Logement, il sera médicalement prié de faire une pause, pour cause d’affaiblissement général.
Là où Cécile Duflot se cherche encore une ligne, entre radicalité, réformisme et petites photos sur Twitter, son conseiller possède un logiciel politique depuis la naissance. Petit-fils d’un journaliste du Nouvel Observateur juif tunisien et proche du Parti communiste local, fils d’un père un peu loufoque impliqué dans la lutte pour la légalisation du cannabis et les mouvements autonomes, le plus jeune de l’arbre généalogique peut se décliner comme féministe, internationaliste, écologiste et égalitariste.
Parmi les œuvres qui l’ont forgé, celles de l’opéraïsme, courant italien marxiste des années 1960 pour lequel le socialisme s’apparente à une nouvelle forme de capitalisme. Proche de penseurs français comme Dominique Méda et Jean-Marc Salmon, le conseiller politique apprécie les travaux de ces sociologues fortement éloignés du courant social-démocrate.
En 2015, on n’accède pas au pouvoir en lisant des livres. Stéphane Sitbon possède quelque chose de plus utile qu’une culture universitaire : des réseaux. Au gouvernement, tous ceux qui l’ont approché découvrent un garçon moins sectaire que son étiquette politique ne le laisse entendre. Sur la forme, le jeune homme est vraiment sympa. Boire une bière avec lui ne se refuse pas. Il connaît du monde, les leaders européens des mouvements alternatifs comme Podemos en Espagne, les journalistes politiques, les grands patrons du secteur de la construction, les membres du cabinet de François Hollande, les jeunes bobos du nord-est de la capitale et les communicants bien introduits sur la place de Paris.
Dans cette catégorie, un homme l’a fait roi : Denis Pingaud. Ex-journaliste, ex-attaché de presse de Laurent Fabius à Matignon, Pingaud apparaît également sur les radars écolo. Dans le milieu des années 2000, il fait la cour à Dany Cohn-Bendit, œuvre dans les lieux les plus discrets de la campagne présidentielle d’Eva Joly en 2012, tel le cabinet d’avocats d’Emmanuel Pierrat, où se retranche une partie du staff de la candidate dans les moments difficiles. Mutique, cassant, cynique, pénétré et manipulateur : Pingaud est décrit par ses interlocuteurs comme possédant les défauts usuellement liés à sa fonction.
C’est lui le pilier de l’entreprise de lobbying tous azimuts lancée en faveur de Delphine Ernotte au début de 2015, faisant équipe avec Xavier Couture, ancien dirigeant de Canal +, s’appuyant sur David Kessler, ancien conseiller pour la Culture de François Hollande, et Robert Zarader, consultant ami du chef de l’État. À l’Elysée, Pingaud se prévaut également du relais de Gaspard Gantzer, le responsable de la communication présidentielle.
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