Extraits de l’audition de Joëlle Martinaux du 1er Septembre, dans le cadre de la commission d’enquête sénatoriale sur la gestion de la prise en charge à domicile pendant la crise sanitaire. Joëlle Martinaux est la présidente de l’Union nationale des centres communaux et intercommunaux d’action sociale (UNCCAS), ancienne adjointe au maire de Nice et également médecin urgentiste.
« On a trouvé beaucoup trop de personnes âgées décédées chez elles parce qu’elles n’avaient plus mangé, parce qu’elles n’avaient plus bu. Ou tout simplement, avec ce fameux syndrome de glissement, parce qu’elles pensaient que la vie allait s’arrêter pour elles. »
« Rien ne justifie qu’on mette en isolement total des personnes très âgées ou des personnes en difficultés fonctionnelles. Des personnes qui étaient normalement autonomes se sont retrouvées du jour au lendemain trop isolées, car inconnues des différents services. »
« Des personnes qui étaient autonomes ne marchent plus car les kinés – qui n’avaient pas de matériels de protection – ont arrêté leurs visites. »
Elle a également été choquée par « l’impossibilité d’aller voir les personnes âgées à l’hôpital, quelque chose d’inhumain à notre époque. »
Elle évoque également le traitement médiatique qui est fait de la crise.
« Que les médias martèlent tous les jours que les personnes très âgées vont mourir, c’est absolument dramatique, c’était la fin du monde pour elles […]. C’était très anxiogène pour toutes ces personnes, et ça l’est encore maintenant, car vous avez des personnes qui ne sortent toujours pas. »
« Aujourd’hui quand vous voyez les informations avec X cas, il faudrait vraiment préciser de quoi on parle […] Quand vous avez chaque jour le nombre de nouveaux cas, mais de quoi on parle ? Est-ce que c’est des tests positifs, ou est-ce que c’est des personnes malades ? Ça c’est important. Pour le moment, ce n’est pas du tout clair. »
Elle insiste également sur la comptabilité des personnes mortes à domicile.
« Les constats de décès à domicile n’ont pas forcément été pris en compte, et ne le sont toujours pas. »
« Il y a eu des décès directement liés au COVID, et il y a eu, je le redis, beaucoup trop de décès dus à l’isolement. On a fait ouvrir des portes et on a retrouvé beaucoup trop de personnes âgées par terre, certaines décédées. »
« Le comptage des victimes et des décès, je pense que ça doit passer par l’état civil, recenser pendant cette période tous les décès […] et puis enquêter sur les causes du décès et les conditions. »
Selon elle, il faut « prendre en compte tout décès à domicile, ou en EHPAD, et connaître la cause. » De plus, « On oublie aussi, c’est important à signaler, les personnes chroniques qui n’ont pas été hospitalisées. Et on en a des tonnes à l’heure actuelle. Des personnes en situation de cancer, qui ont leur chimiothérapie qui ont été interrompues pendant 3 ou 4 mois. Ça c’est quelque chose qui n’est pas possible. »
« Plus jamais d’isolement sous prétexte de contamination, on est au 21ème siècle »
Sources :
– Vidéo de l’audition (courte)
– Vidéo complète de l’audition
– Maire Info : Les services à domicile, éprouvés par le coronavirus, dénoncent le défaut d’approche sociale de la crise sanitaire
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