États-Unis : L’affrontement final a déjà commencé et le monde entier retient son souffle ! — Yorgos MITRALIAS

États-Unis : L'affrontement final a déjà commencé et le monde entier retient son souffle ! -- Yorgos MITRALIAS

Par Yorgos Mitralias*

Malheureusement, heure après heure, l’histoire est en train de s’accélérer comme jamais auparavant aux États-Unis tandis que les événements graves de tout ordre se déroulant tant au sommet de l’État qu’à la base de la société de la super-puissance mondiale, confirment les pires prédictions. Désormais, il n’y a plus de doute : Trump et ses acolytes ont opté définitivement pour la politique du pire et les États-Unis semblent plongés dans un conflit fratricide généralisé à l’issue totalement incertaine.

Les faits parlent d’eux-mêmes et sont éloquents. Les prétoriens de Trump que sont les policiers étasuniens, multiplient les « bavures » assassines dont les victimes sont presque toujours les Afro-américains. Et cette fois, les flics sont de plus en plus secondés par des « miliciens » suprémacistes et autres néonazis qui n’hésitent plus à foncer (en voiture) ou à tirer contre les manifestants antiracistes. Mais, maintenant il y a une nouveauté de taille : La racaille raciste et fasciste, Trump et Pence en tête, non seulement célèbre ces assassins comme des « héros » , mais appelle aussi ses fidèles à prendre les armes (qu’ils possèdent déjà en quantité) et à suivre leur exemple ! En conclusion, pour ceux qui en auraient encore des doutes, le Président, de concert avec son vice-président, ses ministres, ses députés et sénateurs Républicains, la presse d’extrême droite, les églises évangéliques (qui collectent des millions pour soutenir ces « héros » assassins) et leurs miliciens surarmés incitent publiquement au meurtre de masse. Ou pire, ils prêchent la guerre civile et l’anéantissement de ceux qui s’opposent à eux ! (1)

En même temps, Trump déclare – de nouveau – qu’il pourrait rester au pouvoir pour …douze ans de plus (!), encourage les Républicains de Caroline du Nord à voter …deux fois (par correspondance et dans les urnes), tandis qu’il accélère son offensive contre la vénérable institution de la poste qu’il préfère voir détruite plutôt que la voir garantir le vote par correspondance de ceux qui prennent au sérieux la pandémie, c’est à dire ses opposants. Et tout ça pendant qu’il déverse quotidiennement des flots d’injures vulgaires et des mensonges éhontés et paranoïaques contre ses adversaires et qu’il bat sur le terrain du plus délirant des cultes de la personnalité même un Ceausescu, un Saddam ou un Mussolini. Pourquoi ? Mais, parce que aucun de ces dictateurs n’a jamais pu être célébré par ses lèche-bottes comme a été Trump durant les trois jours de l’ inénarrable “Convention Républicaine” où il a été qualifié … d’“envoyé” ou d’‘élu” de Dieu lui-même, et parce que jamais aucun d’eux n’a osé dire ce que Trump vient de déclarer : qu’il parle directement à Dieu et qu’il discute avec Lui ce qu’il doit faire et ne pas faire…

Force est donc d’admettre que personne ne pourra reprocher à Trump de cacher ses intentions et ses plans, de ne pas annoncer -depuis déjà belle lurette- ce qu’il veut faire pour rester cramponné au pouvoir. Cependant, pratiquement tout le monde en dehors des États-Unis, préfère ne pas l’écouter, ne pas le croire, et ne pas le prendre au sérieux. Exactement comme l’écrasante majorité des politiciens et des journaux de l’entre-deux-guerres préféraient ne pas croire Hitler – jusqu’à la veille de la Deuxième Boucherie mondiale ! – et ne pas prendre au sérieux ses menaces violemment antisémites et bellicistes…

Et l’Establishment démocrate ? Après une très longue période durant laquelle ses sommités, leurs organes de presse (New York Times, CNN, Washington Post,…) et leur pontifes ont préféré feindre ne pas entendre les menaces de Trump, maintenant, enfin, ils réagissent. Et à l’instar de leur électeurs démocrates dont 3 sur 4 (75%) craignent que Trump n’admettra jamais sa défaite, ils ne cachent plus leurs peurs et paraissent très inquiets. Mais, ils ne font pratiquement rien. Ou plutôt, ils semblent vouloir combattre Trump en se montrant…plus Trump que Trump. C’est ainsi que Biden reproche à Trump son attitude prétendument… trop conciliante envers la Chine (!), dénonce « l’anarchie » dans les rues de Portland ou de Kenosha et se montre intraitable dans son soutien inconditionnel aux combustibles fossiles ou au Pentagone. Le résultat de cette tactique géniale est déjà visible : Trump monte dans les sondages et ses partisans semblent retrouver leur enthousiasme et leur optimisme. En tout cas, il paraît désormais exclu que Trump puisse être écrasé par Biden dans les urnes. Ce qui veut dire que s’éloigne définitivement la seule possibilité de voir Trump contraint d’abandonner pacifiquement le pouvoir.

Alors, à moins de 60 jours des élections du 3 novembre, il est bien clair que l’unique espoir vient de la seule force déterminée à faire barrage à Trump et à ses sinistres projets, du grand mouvement radical qui se manifeste déjà en masse dans les rues des villes nord-américaines ! Et force est de constater que cet espoir est de taille, comme l’indique le fait que le plus important de tous les mouvements actuels, le Black Lives Matter (BLM), ait pu mobiliser dans ses manifestations …27 millions de personnes depuis trois mois ! Des manifestants qui se battent d’ailleurs héroïquement depuis des mois contre les forces de police militarisées (depuis plus de 100 jours de suite a Portland !) et qui affrontent, souvent avec succès, les diverses milices suprémacistes et fascistes, qui hésitent de moins en moins à tirer dans les tas…

C’est donc au moment précis où le mouvement radical de masse passe à une offensive sans précédent qu’on a assisté à un événement de dimensions historiques, la grève politique des basketteurs de la NBA, laquelle s’est étendue instantanément a pratiquement tous les sports professionnels du pays ! Cette grève -dont l’impact est déjà mondial- ne tombe pas du ciel : Elle a été préparée depuis 2016 surtout par les initiatives – très volontaristes mais bien réfléchies – de cet extraordinaire et génial militant révolutionnaire qu’est le joueur pro du football Colin Kaepernick, lequel voit maintenant son agenouillement, alors solitaire, de protestation contre la brutalité policière durant l’exécution de l’hymne nationale, généralisé et pratiqué par des centaines de milliers de sportifs professionnels et amateurs aux États-Unis et de par le monde !

Évidemment, ce n’est pas un hasard so ce sont les basketteurs de la NBA qui ont mis le feu aux poudres car ça faisait longtemps que leur politisation et même leur militantisme qui ne date pas d’hier, avait fait de la NBA un véritable bastion de la gauche antiraciste étasunienne. C’est d’ailleurs pourquoi on a vu récemment des anciens joueurs de la NBA, mais aussi des joueuses de la WNBA, organiser et se mettre à la tête des mobilisations BLM dans des villes, dont Minneapolis, et aussi des « stars » de la NBA comme Lebron James ou l’entraîneur de l’équipe nationale des États-Unis Gregg Popovich devenir les bêtes noires de Trump.

C’est donc en raison de l’importance et de l’énorme impact de cette grève de la NBA que celui qui s’est empressé de tout faire pour la briser le plus vite possible a été la même personne qui a fait capoter la campagne présidentielle de Bernie Sanders. Il s’agit de Barack Obama lui-même, lequel secondé par des éminences de la bourgeoisie noire (les mêmes qui appelaient les manifestants qui protestaient contre l’assassinat de George Floyd à… renter chez-eux) a exercé une terrible pression personnelle sur les meneurs de la grève pour qu’ils l’arrêtent sur le champ, afin qu’elle ne donne pas des « idées dangereuses » à d’autres travailleurs. C’est d’ailleurs pourquoi, cette grève a été tout de suite baptisée … « boycott », ce qui a provoqué les réactions véhémentes des représentants de la gauche, Alexandria Ocasio-Cortez en tête.

Voici donc où on en est moins de 60 jours avant l’ouverture des urnes des élections présidentielles. La situation est déjà plus qu’explosive, et toute prévision relative à l’issue finale de l’affrontement gigantesque déjà commencé reste très aléatoire. Raison de plus pour que les gauches européennes se réveillent enfin et se mobilisent aux cotés du mouvement radical et de masse qui demande et qui a – plus que jamais – besoin, maintenant et pas demain, de leur solidarité active. Car dans les 4-5 mois à venir, c’est aux États-Unis que se jouera – comme jamais dans le passé et comme nul part ailleurs – le présent et l’avenir de l’humanité et de la planète !…

Notes

1. Voir aussi notre précédent article « Trump refusant de s’en aller, le spectre de la guerre civile plane désormais sur les États-Unis en crise paroxystique ! : https://www.cadtm.org/Trump-refusant-de-s-en-aller-le-spectre-de-la-gu…

Et aussi, l’important document que constitue l’interview (en anglais) du leader du mouvement “Vets for Peace” : https://solidarity-us.org/will-the-military-support-a-declaration-of-m…

* Des milliers de textes, vidéos et images de première main venant des États-Unis et concernant tout ce qui se passe au sommet mais surtout à la base de la société nord-américaine, sont postés heure après heure sur le Facebook « Europeans for Bernie’s Mass Movement » que nous avons lancé il y a plus de 4 ans : https://www.facebook.com/EuropeansForBerniesMassMovement/

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Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

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