Novitchok, Navalny, Nordstream, Niaiseries
Par Craig Murray, le 3 septembre 2020
Source : https://www.craigmurray.org.uk/archives/2020/09/novichok-navalny-nordstream-nonsense
Traduction : lecridespeuples.fr
Une fois que Navalny se trouvait à Berlin, ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne soit déclaré empoisonné au Novitchok. Les russophobes sont ravis. Cela doit bien sûr éliminer tous les vestiges de doute sur ce qui est arrivé aux Skripal, et prouver la nécessité de tout un chapelet de choses, à savoir :
– la Russie doit être isolée et sanctionnée à mort ;
– nous devons dépenser des milliards incalculables en armes et en services de sécurité ;
– nous devons également accroître la surveillance intérieure, et réprimer les opinions dissidentes sur Internet ;
– Donald Trump est une marionnette russe ;
– le Brexit est un complot russe.
Je vais prouver au-delà de tout doute possible que je suis un troll russe en posant la question Cui bono (A qui profite le crime ?), brillamment identifiée par Ben Nimmo de l’Initiative pour l’intégrité comme un signe certain d’influence russe.
Je dois dire que je n’ai aucune difficulté à accepter l’idée qu’un oligarque puissant ou qu’un organe de l’État russe ait pu tenter d’assassiner Navalny. C’est un casse-pied mineur, plus connu en Occident qu’en Russie, mais ne pas être une menace majeure [malgré les billevesées de Mediapart qui en fait « un danger majeur pour le Kremlin »] ne vous protège pas contre les assassinats politiques.
Ce qui me pose problème, c’est l’idée que si Poutine, ou d’autres acteurs russes très puissants, voulaient la mort de Navalny et l’avaient attaqué alors qu’il se trouvait en Sibérie, il puisse se retrouver aujourd’hui en Allemagne, bien vivant. Il est évident que si Poutine avait souhaité et ordonné sa mort, il serait mort.
Prenons d’abord l’arme d’attaque. Une chose « sûre »que nous savons maintenant à propos de l’agent « Novitchok », c’est qu’il ne semble pas être très efficace pour les assassinats. La pauvre Dawn Sturgess est la seule personne à avoir été prétendument tuée des suites du poison « Novitchok », accidentellement selon le récit officiel. Le « Novitchok » n’a pas tué les Skripal, la véritable cible. Si Poutine voulait la mort de Navalny, il essaierait quelque chose qui fonctionne. Comme une balle dans la tête ou un véritable poison mortel.
Voir Affaire Skripal : les incohérences de la version officielle, ou les ‘miracles’ de Salisbury
Le « Novitchok » n’est pas un produit chimique spécifique. C’est une classe d’armes chimiques conçues pour être improvisées sur le terrain à partir d’ingrédients à usage domestique ou industriel courants. Il est logique de l’utiliser sur un sol étranger car vous ne transportez pas l’agent neurotoxique réel et vous pourrez peut-être acheter les ingrédients localement. Mais cela n’a aucun sens dans votre propre pays, où le FSB ou le GRU peuvent se déplacer avec n’importe quelle arme mortelle, sans raison de fabriquer des agents neurotoxiques artisanaux dans l’évier. Pourquoi feraient-ils ça ?
De plus, on s’attend à ce que nous pensions que l’État russe, après avoir empoisonné Navalny, a ensuite autorisé l’avion dans lequel il voyageait, sur un vol intérieur, à se dérouter vers un autre aéroport et à effectuer un atterrissage d’urgence, afin qu’il puisse être transporté d’urgence vers un hôpital. Si les services secrets russes avaient empoisonné Navalny à l’aéroport avant le décollage, comme on le prétend, pourquoi n’insisteraient-ils pas pour que l’avion respecte son plan de vol d’origine afin qu’il meure dans l’avion ? Car ils auraient assurément prévu ce qui allait se passer dans l’avion.
Ensuite, nous sommes censés croire que l’Etat russe, après avoir empoisonné Navalny, n’a pas pu organiser sa mort dans l’unité de soins intensifs d’un hôpital d’Etat russe. Nous sommes censés croire que l’État russe malfaisant a pu falsifier tous ses tests de toxicologie et empêcher les médecins de dire la vérité sur son empoisonnement, mais que l’État russe malfaisant n’avait pas le pouvoir de débrancher le respirateur de Navalny pendant quelques minutes ou de glisser quelque chose dans sa perfusion. Dans un hôpital public russe.
Dès 2015, la preuve que l’opposant Boris Nemtsov avait été assassiné par Poutine…
Ensuite, nous sommes censés croire que Poutine, après avoir empoisonné Navalny avec du Novitchok, lui a permis d’être transporté par avion en Allemagne pour être sauvé, ce qui garantissait que le Novitchok serait découvert. Et que Poutine a fait cela parce qu’il craignait que Merkel soit en colère, ne réalisant pas qu’elle serait encore plus en colère quand elle découvrirait que Poutine l’avait empoisonné au Novitchok
Il y a là tout un flot de points absolument incroyables, auxquels il faut adhérer sans exception pour croire au récit occidental. Personnellement, je n’en crois pas un seul, mais il est vrai que je suis un traître russophile notoire.
Voir Macron, bourreau des Gilets Jaunes, ‘s’engage’ pour le peuple biélorusse
Les États-Unis tiennent en effet à empêcher l’Allemagne d’achever le gazoduc Nord Stream 2, qui fournira massivement du gaz russe à l’Allemagne, en quantité suffisante pour assurer environ 40% de sa production d’électricité. Personnellement, je suis moi-même opposé à Nord Stream 2, tant pour des raisons environnementales que stratégiques. Je préférerais de loin que l’Allemagne mette sa formidable puissance industrielle dans les énergies renouvelables et l’autosuffisance. Mais mes raisons sont très différentes de celles des États-Unis, qui s’inquiètent du marché du gaz liquéfié vers l’Europe pour les produits américains et pour les alliés des États-Unis dans le Golfe. Les décisions clés concernant l’achèvement de Nord Stream 2 sont maintenant en cours en Allemagne.
Les États-Unis et l’Arabie Saoudite ont toutes les raisons de provoquer une scission entre l’Allemagne et la Russie en ce moment. Navalny est certainement victime de la politique internationale. Mais j’ai tendance à douter qu’il soit victime de Poutine.
***
Rappel : en 2012, Poutine déclarait :
Ils sont même prêts à sacrifier quelqu’un afin d’en accuser le gouvernement (russe). Je connais ces méthodes et tactiques, cela fait dix ans qu’ils essaient de les utiliser. Cette méthode est surtout utilisée par ceux qui travaillent depuis l’étranger. Je vous l’affirme car je le sais de manière factuelle. Ils recherchent même quelqu’un pour le transformer en martyr. Une quelconque personnalité connue. Ils vont le buter eux-mêmes, excusez-moi la vulgarité, puis en accuser le gouvernement. Il y a des gens qui en sont capables, je n’exagère pas du tout.
Nemtsov était une vendetta occidentale dans l’affaire ukrainienne, Navalny est-il un coup de semonce au sujet de la Biélorussie ? Quoi qu’il en soit, de telles méthodes sont aussi viles qu’inefficaces.
Voir notre dossier sur l’affaire Skripal
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Source: Lire l'article complet de Le Cri des Peuples