S’il n’a pas manqué d’irriter certains professionnels de l’information en France, l’accès de colère d’Emmanuel Macron face au journaliste Georges Malbrunot le 1er septembre à Beyrouth a permis au chef de la communication de la présidence turque de s’autoriser une pique, sur un terrain pour le moins inattendu, vis-à-vis de l’exécutif français.
La France devient un endroit de plus en plus dangereux pour les journalistes
«Nous sommes profondément préoccupés par la réaction irrespectueuse du président français Macron à l’égard de Georges Malbrunot du Figaro à propos de son rapport sur la rencontre du premier avec le Hezbollah», a en effet tweeté, en anglais, Fahrettin Altun.
Keeping in mind that the police brutality against reporters during this year’s protests, it is clear that France is becoming an increasingly dangerous place for journalists.
— Fahrettin Altun (@fahrettinaltun) September 3, 2020
Et le diplomate turc d’enfoncer le clou : «Compte tenu de la brutalité policière contre les journalistes lors des manifestations de cette année, force est de constater que la France devient un endroit de plus en plus dangereux pour les journalistes», a-t-il encore commenté dans une deuxième publication.
— ? Anaël (@anaelgr) September 2, 2020
Alors qu’il clôt son propos dans une troisième publication guère plus conciliante à l’égard du président de la République française, le représentant turc semble avoir ici saisi l’occasion de relancer les hostilités, la relation entre Paris et Ankara, pourtant deux partenaires au sein de l’OTAN, étant particulièrement tendue ces dernières semaines. L’escalade s’est encore poursuivie autour du bras de fer entre Ankara et Athènes en Méditerranée, Emmanuel Macron annonçant le 12 août un renforcement de la présence militaire française dans la zone concernée.
Ankara fait par ailleurs régulièrement l’objet de remontrances à l’échelle internationale, quant à la question de la liberté de la presse.
«Des intellectuels, des magistrats, des journalistes, des militants des droits de l’homme continuent d’être lourdement condamnés, qui pour un message, qui pour un article, ou, dans le cas du quotidien anciennement d’opposition Cumhuriyet, pour « un changement de ligne éditoriale »», pouvait-on par exemple lire dans les colonnes du Monde, en mars 2019, à ce sujet. «Turquie : la liberté de la presse à l’agonie», titrait encore le quotidien belge Le Soir sur son site en novembre 2019.
Dans un communiqué publié le 2 septembre, le ministère turc des Affaires étrangères s’est en outre permis une vive condamnation de Charlie Hebdo, après la décision du journal satirique de republier des caricatures qualifiées d’«irrespectueuses» envers l’islam et le prophète. Pour sa part, Emmanuel Macron s’était plus tôt exprimé à ce sujet en rappelant être attaché à «la liberté française de blasphémer».