Navalny et Vladimir-le-Terrible – 21 Août 2020 — Antoine MANESSIS

Navalny et Vladimir-le-Terrible - 21 Août 2020 -- Antoine MANESSIS

Notons la Sainte indignation qui a troublé l’harmonie estivale et le chant des grillons au château de Bregançon …

Ainsi donc, selon nos médias, Alexeï Navalny, « opposant principal » au président Poutine selon Le Monde, a été empoisonné. Et, suivez mon regard, sans aucun doute par le (Ras)Poutine du Kremlin.

Navalny n’est pas « l’opposant principal » de Poutine : la force politique d’opposition principale est le Parti communiste de la Fédération de Russie, si toutefois on se fie aux résultats des élections. Mais sans doute les médias préfèrent faire mousser un opposant libéral, raciste, stipendié par la CIA dont un des réseaux d’influence (Yale World Fellow) a financé ses études à Yale. Son mouvement politique DA ! a obtenu un financement de la fondation étasunienne National Endowment for Democracy, autre instrument d’influence et de subversion des Etats-Unis. Sa proximité avec le nationalisme anti-sémite est connu mais ne gêne pas nos médias pourtant habituellement si sourcilleux sur ce sujet. Au point d’insulter des militants anti-racistes comme Corbyn, Sanders ou même Mélenchon, traités d’anti-sémites.

Navalny trimbale tant de casseroles qu’on peut même se demander si Poutine ne le soigne pas (il l’a nommé au conseil d’administration d’Aéroflot) pour affaiblir les oppositions.

Quant à l’empoisonnement à la OSS 117, les médecins russes n’en n’ont trouvé aucune trace : « Nous ne croyons pas qu’il ait souffert d’un empoisonnement » a déclaré le médecin chef de l’hôpital où Navalny est soigné. Le diagnostic principal est celui d’un problème métabolique résultant d’une faible glycémie.

Sans compter que si un geste criminel a été commis contre Navalny, il est évident pour toute personne de bon sens, ce qui exclut les médias des milliardaires et de l’Etat macronien, que le président de la Russie n’y était pour rien sachant pertinemment quelles seraient les réactions de la presse de l’Ouest. Et surtout que Poutine a tout intérêt à ce que l’opposant préféré des occidentaux, qui est une branche pourrie, continue à être utilisé par ses services contre les véritables oppositions de gauche. Compte tenu de toutes les magouilles où Navalny est mêlé, le coup peut venir de n’importe quel voyou de ses connaissances.

La diabolisation de Vladimir-le-Terrible par les médias et des pseudos-experts frise le ridicule : on n’est pas loin du « Nasser, nouvel Hitler » de 1956 (Anthony Eden et Guy Mollet*). A l’époque le New-York-Times qualifiait Nasser de « nazi-communiste ». On l’accusa de fascisme parce qu’il nationalisait le canal de Suez… Aujourd’hui Poutine est criminalisé. Et pourquoi ? Parce qu’il a récupéré la Crimée (avec un référendum !) qui était russe depuis le 18e siècle (la ville de Sébastopol fut fondée par la Tsarine Catherine II) et qui avait été cédée à la République socialiste soviétique d’Ukraine en 1954. Parce qu’il a répondu à l’appel au secours de la Syrie (dont l’indépendance était menacée par des terroristes à la solde des Etats-Unis, de l’Arabie Saoudite et de la Turquie), parce qu’il tient tête à l’hégémonisme agressif des Etats-Unis et de ses alliés dont la France, parce qu’il représente un concurrent capitaliste redoutable. Ce ne sont pas les Russes de Poutine qui déploient leur armée aux frontières des Etats-Unis, mais l’OTAN qui déploie la sienne aux frontières de la Russie. Mais ainsi vont nos médias qui transforment l’or en plomb.

Notons la Sainte indignation qui a troublé l’harmonie estivale et le chant des grillons au château de Bregançon et qui s’est emparée de Macron et Merkel qui ont immédiatement proposé de recueillir le héros de la liberté chez l’un ou chez l’autre. Tant de générosité réconforte ceux qui doutent encore d’une Europe terre d’accueil pour les migrants…Les mauvais esprits auront sans doute remarqué pourtant un « deux poids, deux mesures » assez étonnant : Julian Assange a vu sa demande d’asile rejetée alors que son seul crime est d’avoir transmis aumône entier des informations vraies sur les turpitudes des gouvernements et en particulier de celui des Etats-Unis. Le président de Bolivie Evo Moralés avait été interdit du survol de notre espace aérien car la France subodorait (à tord) qu’Edward Snowden, autre lanceur d’alerte étasunien, était à bord de l’avion présidentiel…

Reste le problème que soulève cet énième incident à savoir la grave question démocratique que pose les médias. La déformation de la réalité, le mensonge érigé en système, le perte d’indépendance d’une presse concentrée dans les mains du grand capital, l’intégration des médias dans la stratégies des puissances d’argent et des gouvernements à leur botte, tous ces faits minent la confiance du peuple vis à vis de la vie démocratique. Il est grand temps que les forces progressistes établissent une proposition (commune ?) permettant à la presse et aux médias de retrouver leur indépendance dans le respect de la pluralité et du débat démocratique.

Antoine Manessis.

* Anthony Eden et Guy Mollet, respectivement premier ministre britannique et président du conseil français lors de la piteuse aventure néocoloniale de l’expédition de Suez avec l’appui d’Israël.

»» http://nbh-pour-un-nouveau-bloc-historique.over-blog.com/2020/08/naval…

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Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

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