Ce sont les États nationaux qui sont souverains, pas les organisations mondialistes
À deux mois de la présidentielle aux États-Unis, le gouvernement de Donald Trump a mis mercredi sa menace à exécution contre l’une des bêtes noires des conservateurs américains en imposant des sanctions économiques inédites à la procureure de la Cour pénale internationale (CPI).
« Aujourd’hui nous passons de la parole aux actes », a déclaré le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, « car la CPI continue malheureusement de viser des Américains ».
Il a annoncé l’inscription sur la liste noire des États-Unis de la procureure Fatou Bensouda et de Phakiso Mochochoko, directeur de la division de la compétence, de la complémentarité et de la coopération de la Cour, qui siège à La Haye, aux Pays-Bas.
« Tout individu ou entité qui continuera à assister matériellement ces individus s’expose également à des sanctions », a prévenu Mike Pompeo lors d’une conférence de presse. « Nous ne tolérerons pas les tentatives illégitimes de la CPI pour soumettre les Américains à sa juridiction. »
Déjà engagé dans une offensive sans précédent contre la CPI, le président américain Donald Trump avait autorisé en juin des sanctions économiques contre ses responsables pour dissuader la juridiction de poursuivre des militaires américains pour leur implication dans le conflit en Afghanistan.
Des enquêtes sur les Américains en Afghanistan
L’annonce de mercredi est la première concrétisation de cette menace — Washington avait auparavant déjà interdit d’entrée aux États-Unis des responsables de la Cour et révoqué le visa américain de Fatou Bensouda.
« L’engagement des États-Unis en faveur de la justice pour les victimes du pire des crimes continue de diminuer de manière honteuse », a réagi sur Twitter Balkees Jarrah, de l’organisation Human Rights Watch.
En juin, la CPI avait déploré « une série d’attaques sans précédent » à son encontre, soulignant son indépendance. « Ces attaques constituent une escalade et une tentative inacceptable de porter atteinte à l’État de droit et aux procédures judiciaires de la Cour », avait-elle ajouté.
Washington ne décolère pas contre la décision prise en appel en mars d’autoriser l’ouverture d’une enquête pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité en Afghanistan, malgré l’opposition du gouvernement Trump.
L’enquête souhaitée par la procureure Bensouda vise, entre autres, des exactions qui auraient été commises par des soldats américains dans le pays où les États-Unis mènent depuis 2001 la plus longue guerre de leur histoire. Des allégations de tortures ont également été formulées à l’encontre de la CIA.
Les juges de la Cour pénale internationale avaient dans un premier temps refusé d’autoriser cette enquête, après une première menace de sanctions inédite de Washington, qui n’est pas membre de cette juridiction, à la différence de l’Afghanistan.
L’opposition farouche du gouvernement américain concerne aussi les enquêtes « motivées politiquement » contre Israël, qui pourrait faire l’objet d’investigations pour crimes de guerre en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
La Cour est régie par le Statut de Rome, un traité entré en vigueur en 2002 et ratifié depuis par plus de 120 pays. C’est l’une des principales incarnations du multilatéralisme honni par le président Trump et la frange souverainiste du camp conservateur américain.
« Le multilatéralisme pour le multilatéralisme, juste pour se retrouver dans une pièce et bavarder, cela n’apporte rien », a fustigé Mike Pompeo, qui s’investit dans la campagne électorale du milliardaire républicain pour un second mandat de manière inédite pour un secrétaire d’État en fonction.
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