Le limogeage du ministre de l’Intérieur du Gouvernement d’Entente Nationale de Tripoli, Fethi Bachaga, l’homme de Misrata qui a autorisé la venue de Bernard Henri Lévy en Tripolitaine, met à mal l’alliance entre les forces de Tripoli et celles de ce que l’on pourrait nommer le port libre de Misrata que tout semble séparer. Le limogeage de Fethi Bachaga est motivé par la gestion des manifestations de citoyens libyens en colère contre l’ensemble des personnalités politiques en Libye et réclamant un nouveau système politique mettant fin à la corruption, aux dissensions et aux ingérences étrangères dans ce pays très riche en hydrocarbures. Cependant les dirigeants locaux de Misrata ne l’entendent pas ainsi. Alliés de circonstance avec Tripoli, ils se considèrent par opportunisme comme les dépositaires de l’héritage juif libyen dont l’histoire est extrêmement riche et mouvementée. Cette focalisation intéressée sur un aspect de la culture libyenne cache en effet une volonté à capter des investissements directs étrangers et à donner une image favorable à l’international.
En dépit de ces efforts, le gouvernement local de Misrata demeure miné par une corruption systémique liée à des réseaux de la criminalité transnationale et ceux, fort lucratifs, de l’immigration clandestine en direction de l’Europe.
Les libyens dans leur majorité rejettent désormais aussi bien le gouvernement de Tripoli que celui de Tobrouk ou de Benghazi. Les figures tribales telles que le Maréchal Khalifa Haftar ou les personnalités d’origine ottomane comme Fayaz Al-Serraj et Fethi Bachaga ou encore des personnalités d’origine arabe comme Águila (le Président du Parlement autonome et hostile au gouvernement de Tripoli) n’ont plus la côte et sont toutes considérées comme des icônes de la corruption ayant permis l’émergence de fortunes colossales dans un pays déchiré et ouvert aux quatre vents.
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