par Margot Arold.
Le gouvernement semble prôner la responsabilité des individus, en l’associant au respect des consignes imposées. Responsabilité et « en même temps » obéissance ?
« Nous allons tout faire pour que les Français reprennent le travail normalement, reprennent l’école normalement, reprennent leur vie sociale, culturelle le plus normalement possible. »
On aimerait tellement croire à ces déclarations de Jean Castex. Malheureusement, les faits montrent que rien n’est normal, même si les Français s’habituent aux restrictions et aux interdictions qui sont désormais leur quotidien, donc deviennent la « norme » ainsi que le rappelait Jonathan Frickert.
Première remarque : Jean Castex, enfermé dans un studio de France Inter, ne porte pas son masque. Pas plus que les journalistes.
Pourtant, pas d’aération, et quand bien même une distance serait respectueusement insérée entre les intervenants, il faut croire que le « virus qui circule toujours » évitera soigneusement de voleter de narine en narine, de bouche en bouche…
Ah oui, mais c’est que pour parler, porter un masque, c’est un peu contraignant. Un ministre n’a sans doute pas à subir les contraintes que l’on impose à un enseignant…
La deuxième vague : non, évidemment
Léa Salamé demande si nous sommes « dans la deuxième vague ». La réponse de Jean Castex est étonnante.
« Si on est dans les mêmes indicateurs qu’en mars-avril : non ».
Que signifie cette expression bancale ? Ça veut dire quoi, être « dans les mêmes indicateurs » ? Qu’on a les mêmes critères de mesure ? Il faut espérer que oui, et que les contraintes et interdictions qui nous sont imposées le sont en faisant des comparaisons raisonnables, avec les mêmes critères qu’en mars.
Ou bien être « dans les mêmes indicateurs » veut-il dire « avoir les mêmes chiffres » qu’en mars-avril (raison pour laquelle la réponse est « non ») ?
Évidemment c’est non !
En mars-avril, lorsqu’il n’y avait pas de tests, que les médecins eux-mêmes n’arrivaient pas à obtenir l’autorisation de tester leurs patients, même suspectés de covid, même aux urgences, donc lorsqu’on testait très peu (environ 1000 tests par jour) : on obtenait entre (approximativement) 50 et 165 cas positifs par jour.
Aujourd’hui, alors qu’on teste massivement (plus de 700 000 tests par semaine, soit 700 fois plus qu’en mars), nous en sommes à 3000 à 5000 de positifs. Qui ne finissent pas en réanimation.
Bon on teste 700 à 800 000 fois / S
On detecte entre 3000 et 5000 #COVID19 +
On doit normalement savoir comment chaque patient s’est contaminé…
Ou sont les statistiques qui permettraient de cibler prevention?
????????— DrMartyUFML-S (@Drmartyufml) August 27, 2020
En mars-avril, les réanimations débordaient. Aujourd’hui, il y a moins de 400 personnes en réanimation dans toute la France. 410 au 26 août. 381 au 27 août.
Ce ne sont pas des vues de l’esprit ou des affirmations farfelues : ce sont les chiffres de France santé publique.
Une proportion non négligeable de ces patients en réanimation y est non pas pour un Covid mais pour une autre raison, et ils ont été testés positifs au covid, car aujourd’hui le protocole exige de tester tout patient entrant à l’hôpital, même s’il est asymptomatique.
Oui on est loin, très loin des « indicateurs » de mars-avril, époque où on nous serinait que le masque était inutile tandis qu’il y avait plus de 300 décès par… jour.
Alors, pourquoi tant de restrictions, d’obligations, d’interdictions ?
Soyez responsables : obéissez-nous !
À plusieurs reprises Castex évoque le fait que porter un masque, c’est faire appel à notre sens des responsabilités. Quelle hypocrisie.
C’est une mesure imposée, il n’y a nulle responsabilité puisque nous n’avons pas le choix. Associer la responsabilité individuelle et l’obéissance aux ordres, cela nous rapproche dangereusement de la mentalité d’une société de surveillance, où chacun agit en croyant faire « ce qui est mieux » alors que le mieux est décidé par autrui, ici un gouvernement (qui a quand même été dans une panade complète depuis le début de l’épidémie et a raconté à peu près n’importe quoi).
« J’accepte toutes les contraintes parce que le gouvernement a dit que c’était pour mon bien et par solidarité avec les plus vulnérables » : et voilà comment au nom d’une sacro-sainte solidarité en guise de vaseline, et du « pour votre bien » qui fait passer la pilule, on arrive à faire accepter d’intolérables et ubuesques décisions de port du masque en toutes circonstances : dedans, dehors, à pied, à vélo (ah, non, finalement… à moins que….), sur le nez, sur la bouche, pourvu que tous les orifices soient protégés.
En appliquant strictement des ordres, sans quoi ils seront verbalisés, les Français ont l’impression d’être responsables, d’avoir donc fait leur propre choix. Finalement, gouverner, ce n’est pas si compliqué…
« La liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force ». Jamais ces mots de George Orwell n’auront eu autant de résonance.
On nage dans un méli-mélo qui fait prendre les vessies pour des lanternes : obéissez et vous serez responsables. Tout comme on a eu en mars : enfermez-vous et vous serez protégés.
Mais aujourd’hui, c’est : sortez, et vous serez protégés ! Car les membres du gouvernement n’ont cure de se contredire en permanence. Ainsi, Jean Castex :
« Oui, je dis aux Françaises et aux Français, allez au cinéma, allez au théâtre, vous ne risquez rien ».
Macron, le 6 mars 2020 nous encourageait lui aussi à aller au théâtre. Dix jours après, il décidait de nous confiner. Mêmes mots, que croire ? Faites vos jeux. Puisque vous n’avez plus le choix.
source : https://www.contrepoints.org
Source: Lire l'article complet de Réseau International