Expérience techniciste hasardeuse à plus de 20 milliards d’euros – un véritable gouffre financier – et à une échelle de temps en complet décalage avec les urgences sanitaires, climatiques et sociales , l’International Thermonuclear Experimental Reactor ITER est l’illustration de la mégalomanie et de l’arbitraire des pouvoirs politiques, économiques et techno-scientistes. Macron, comme ses prédécesseurs, entend poursuivre cette folie nucléariste implantée en pleine zone sismique. Fin juillet, en visioconférence, il a soutenu cette opération internationale délirante.
Fin juillet, en visioconférence, l’autocrate et manipulateur théâtraliste Macron s’est précipité au devant de la nucléocratie pour réaffirmer son allégeance au petit monde technoscientiste porteur du grand projet imposé et inutile (GPII) « International Thermonuclear Experimental Reactor » ITER. C’est le nouveau monde. Les japonais qui souhaitaient accueillir sur leur territoire ce délire aux risques incommensurables se sont désistés au dernier moment et le petit monde hexagonal des adorateurs de l’atome s’en est aussitôt frotté les mains, faisant passer cette menace d’implantation sur notre territoire pour une victoire. En 2005, le premier ministre français de l’époque, Raffarin, était déjà en extase compulsive : « Grâce à la fusion, la France deviendra l’Arabie saoudite du 21e siècle ». Ce siècle est déjà bien entamé et on attend toujours les miracles.
Sous aucun contrôle indépendant scientifique et populaire, ce projet en construction depuis 2010 est, en matière techno-scientiste le plus onéreux de tous les temps et à total contre-courant de l’urgence climatique et sociale. Au vu des milliards d’euros déjà engloutis pour tenter de construire cette machine titanesque sur l’extension du site atomique du Commissariat à l’Energie Atomique de Cadarache (Bouches du Rhône) la marionnette des lobbys et mégalomaniaques en tous genres n’a pas résisté et, plutôt que de faire profil bas, a joué son numéro de claquettes au scénario pré-écrit par des cabinets regorgeant d’infiltrés aux ordres des intérêts privés.
Une marionnette, 20 milliards d’euros qui seront bientôt 60 milliards, une température de 150 millions °C et de nouvelles armes de destruction massive
Le provisoire Président Macron a vu dans la tentative d’assemblage des premières pièces maîtresses du réacteur l’occasion rêvée d’occuper le terrain médiatique et rappeler qu’il ne dérogerait pas, lui non plus, à la volonté des militaires et du sérail polytechnicien. Cette expérience hasardeuse et sans garantie qui a déjà coûté plus de 20 milliards d’euros – supérieur à l’EPR et ce n’est pas fini – ne produira aucune électricité pour les usagers et n’est qu’une prétention à tenter de démontrer qu’il serait possible de produire une énergie illimitée en mettant en œuvre la fusion atomique (celle des étoiles) qui, jusqu’à présent, n’a jamais pu être réalisée et encore moins contrôlée sur Terre. L’idée des fous est d’emprisonner un gaz radioactif plasmatique, le porter à une température de 150 millions °C (la température au cœur du soleil n’est « que de » 27 millions de degrés Celsius) au cœur d’une cage magnétique (le tokamak*) refroidis à – 270 °C (proche du vide interstellaire) par des électro-aimants. Les matériaux tiendront-ils ? Mystères et boules de gomme, ça c’est de la science et de la roulette russe de casino.
Le seul réacteur d’ITER pèsera trois fois la tour Eiffel, 23 000 tonnes, dans un complexe chantier de plus de 440.000 tonnes et 10 millions de pièces entouré de 40 bâtiments et deux usines de « cryogénisation » et « détritiation ». Si plus de 5000 personnes sont provisoirement employées sur ce gigantesque chantier son fonctionnement n’emploiera, si ITER, est achevé, que 1000 personnes.
Ce projet devenu chantier a été dénoncé par les antinucléaires, ces gens dotés de raison et d’humanisme, et par de grands scientifiques et Prix Nobel de physique, en France comme dans le monde entier : Pierre-Gilles de Gennes, Georges Charpak ou Masatoshi Koshiba. Des voix qui ont vite été étouffées par la mise en scène propagandiste de la « fabuleuse aventure technique ».
Or la fusion thermonucléaire est un phénomène instable et non-linéaire, avec de forts risques de fuites, risques d’explosions, de secousses magnétiques (disruptions), dissémination de tritium radioactif très toxique et où un accident majeur ne peut être exclu. Qui plus est le flux neutronique intense, provoqué lors de la réaction de fusion, rend inéluctablement hautement radioactives les parois de l’enceinte de confinement, et générera forcément des dizaines de milliers de tonnes de déchets dont la radioactivité mortelle perdurera pour plus de 100 ans. Le « combustible » atomique utilisé sera le tritium (utilisé aussi dans les bombes atomiques thermonucléaires). Un hydrogène radioactif très difficile à confiner qui n’existe pratiquement pas à l’état naturel et qui doit être produit préalablement dans un autre réacteur nucléaire à fission générant évidemment des rejets nocifs dans l’eau et l’atmosphère et nombre de déchets radioactifs. Des risques supplémentaires dont les nucléaristes se contre-foutent.
Au vu de ses caractéristiques et des processus atomiques à l’oeuvre ITER pourraient aussi servir à la création de nouvelles armes de destruction massive et de terreur sur les peuples.
Les protestations et démonstrations n’ont pas eu de succès et, dans l’indifférence quasi générale des populations à l’esprit aseptisé et formaté, le rouleau compresseur des tenants de pouvoir a poursuivi son œuvre macabre.
On rase, on brûle, on flambe, un bilan épouvantable
Déjà les coûts et les délais s’emballent et ne seront pas tenus, évidemment, mais qu’importe car les financeurs seront bien pressurisés. Il s’agit des populations des différents pays participants qui, sans consultation aucune, acceptent de fait que les autres budgets nationaux (santé, culture, éducation, social) soient réduits pour satisfaire l’appétit et le besoin de reconnaissance de quelques-uns.
200 000 m3 de rocher ont été détruit à l’explosif, 45 ha de forêts méditerranéennes domaniales ont déjà été sacrifiés et rasés dans les Bouches-du-Rhône auxquels s’ajoutent les autres espaces impactés par les routes d’accès et l’emprise d’une ligne à très haute tension devant apporter d’un autre lieu … l’électricité indispensable au fonctionnement du chantier et de la bête immonde. Ca va consommer plus d’électricité, beaucoup plus, énormément plus, que ça ne va en produire. Au départ, les initiateurs annonçaient que cette chaudière infernale ne consommerait que 50MW pour une production de chaleur de 500MW pendant six petites minutes (le tiers de la puissance de l’EPR) soit un multiplicateur énergétique de 10. A présent, après avoir revu leurs savants calculs certifiés conformes et être retombés sur Terre ils avouent qu’on sera plus près de 300MW consommés soit un multiplicateur de seulement 1,6. Proposition : que leur revenus personnels suivent la même courbe.
Sans parler que personne ne sait comment récupérer la moindre part de l’énergie mise en jeu. Sans évoquer non plus que le transport des pièces fabriquées sur plusieurs autres continents représente la consommation électrique d’une ville comme Bordeaux, Le bilan CO2 et de gaz à effet de serre d’ITER est une épouvante. A l’image du transport de l’aimant supraconducteur « PF6 », le 22 juin dernier fabriqué en Chine et arrivée sur place après un périple maritime et routier de trois mois et 10 000 km depuis la ville chinoise de Hefei (province de l’Anhui). Ou encore des convois maritimes et routiers, dans les cinq prochaines années, en provenance des pays partenaires : 220 transports rien que pour les plus gros composants.
Le gouffre financier sans fond d’ITER
Estimé en 2001 à 5 milliards d’euros, le projet/chantier ITER a dépassé l’an dernier les 20 milliards. Quatre fois plus. A ce rythme-là et connaissant la propension de la nucléocratie à jongler avec les milliards qu’elle n’a pas et son peu de capacité à prévoir quoi que ce soit en matière financière et de coûts (ou à dissimuler pour obtenir incessamment des rallonges) d’ici 20 ans le scandale ITER claquera au visage des générations futures. On parle déjà en coulisse de 60 milliards à faire supporter aux gosses pas encore nés. Dommage que le groupe EELV au Conseil régional Paca est voté en faveur d’ITER moyennant un deal avec la nucléocratie et les politiciens nucléaristes.
La France, qui doit prendre à sa charge au moins 9% de ITER – qui mobilise un consortium de 35 pays – a déjà détourné entre 1974-2003 plus de 10% des fonds de Recherche et Développement aux dépens de la mise en œuvre de la transition énergétique. Pour ce même pourcentage les économies d’énergie et les énergies renouvelables conduiraient à une réduction durable effective de la pollution et des émissions de gaz à effet de serre dont le CO2 tout en créant un nombre d’emplois durables supérieurs.
La mise en service était prévue, promis juré foi de nucléariste, pour 2014. Repoussée d’année en année sous l’oeil attendri et inerte des pouvoirs politiciens, il se murmure logiquement que cela pourrait être avec 10 ans de plus! Avec d’éventuels premiers résultats espérés autour des années 2035 voir, dernièrement susurré pour 2054 ! Si le développement de ce réacteur de démonstration devient opérationnel un jour, les nucléocrates se mettent à rêver du lancement d’un réacteur de série à partir de 2060 ou 2080.
Icare s’est brûlé les ailes en voulant approcher le soleil et a chu dans les ténèbres. Les technoscientistes et politiciens qui, reconnaissons-le, ne sont pas les mieux dotés en sagesse et réponses aux besoins fondamentaux de la planète et du vivant, poursuivent dans ce rêve délirant. Il y a du pathologique en eux et le locataire de l’Elysée en est, en la matière, bien imprégné voir dégoulinant.
J.R
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* acronyme russe de « Chambre toroïdale, bobines magnétiques »
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