L’été de tous les dangers

«  Nous avons été tétanisés par l’idée qu’on pouvait être intolérants, et du coup, nous avons toléré l’intolérable… »

Élisabeth Badinter

Alors qu’il ne restait plus que quelques jours à un été durant lequel à peu près rien ne nous avait été épargné, il nous aura fallu, durant 70 minutes interminables, entendre les mensonges, demi-vérités, rodomontades, vantardises et autres expressions d’un profond déséquilibre psychologique chez ce qui tient lieu de président d’un pays qui se fait croire, encore, qu’il est la plus grande démocratie au monde.

En réalité, nous avons assisté à l’apothéose la plus absolue de la vulgarité la plus absolue…

Mais que de 40 à 42 pour cent des étasuniens appuie toujours ce menteur invétéré ; ce misogyne dont on lit qu’au dernier décompte, il aurait agressé 26 femmes et qui a donné sa recette absolument scabreuse pour qu’elles succombent à ses charmes ; ce raciste avoué et assumé, comme l’était son père, arrêté en 1927 – mais non accusé par la suite – en marge d’une manifestation du Ku Klux Klan à New York, cela en dit long sur l’état de santé démocratique de ce pays de plus en plus malade.

Selon le Washington Post, Trump en était, en août 2020, à pas moins de 20 000 mensonges relevés depuis son élection. De 5 par jour au début, il est passé à 23 par jour depuis 14 mois. Dans la seule journée du 9 juillet, on en a compté 62, dont la moitié dans une entrevue accordée à FOX News. Et ils sont des dizaines de millions à ne pas s’en apercevoir…

Le virus a fait près d’un million de victimes jusqu’à maintenant, dont plus de 180 000 au pays de Trump, qui plastronne pourtant en soutenant, sans rire, avoir sauvé des milliers de vies par son action qu’il dit énergique…

Plusieurs autres virus ont fait des ravages durant cet été de tous les dangers. La rectitude politique n’est pas le moins dangereux de ceux-là.

Quand ce mot est apparu dans l’espace public, plusieurs ont cru qu’on avait découvert une nouvelle ère située entre l’holocène et le pléistocène. Mais non ! On a appris que la Ville de Montréal avait fait une priorité de l’introduction de l’épicène dans ses documents publics. Épicène ? Ni féminin, ni masculin, ni neutre. Non genré ! Cela s’appelle émasculer une langue pour ainsi la rendre en quelque sorte eunuque.

En juin, une journaliste de la CBC a été blâmée pour avoir prononcé le « N-word ». Au cours d’une réunion de production, elle avait eu le malheur de citer le titre de l’ouvrage de Pierre Vallières, Nègres blancs d’Amérique. En soi, la chose est déjà « orwellienne », comme l’a qualifiée Jean-François Lisée. Mais le comble, c’est que la journaliste, Wendy Wesley, s’est fendue en excuses. « Je pensais qu’en disant ce mot, j’exposais d’une certaine façon la vérité. Je réalise aujourd’hui qu’en répétant ce mot, je faisais du tort. J’ai blessé mes collègues, mon équipe et CBC. Pour cette raison, je suis profondément désolée et j’ai honte. »

ll y a quelques mois, une professeure de cinéma de Concordia projetait un documentaire consacré à Pierre Vallières. Devant un auditoire qui n’avait jamais entendu parler de lui, elle ajoute qu’il a écrit un livre, Nègres blancs d’Amérique. Elle aussi a battu sa coulpe publiquement. « Je suis profondément désolée pour vous avoir, vos collègues et vous, si profondément bouleversés. J’admets ne pas avoir mesuré les conséquences d’avoir utilisé le N-word. (…) En tant que professeure blanche, je suis privilégiée et je sais que je dois en faire davantage pour que tous mes étudiants se sentent mieux respectés et dans un espace sécuritaire. » 

Et je ne reviendrai pas sur cette ineptie d’Émilie Nicolas qui raconte qu’au Cégep, entendant le poème Speak White de Michèle Lalonde, elle s’était retrouvée « seule, je tremblais sur ma chaise … »

Mon vieux prof de philo, Roméo Bouchard, qui a connu l’époque où les robes noires religieuses faisaient la loi, a eu ce cri du cœur : « Ils sont là qui veillent sur nous, les nouvelles robes noires, les inclusifs, les multiculturalistes, les mondialistes, les antifas, les féministes, les intersectionnels, les racialistes, les genristes, les bobos, les diversitaires, les solidaires, les anti-nationalistes, les humains-robots. Au nom de la liberté d’expression, de l’égalité, de la fraternité universelle, de la démocratie, ils sévissent, ils excommunient, ils empoisonnent l’espace, la vie, les médias, la pensée, la créativité, la Raison. Ils s’auto-analysent et s’auto-proclament parfaits, veulent construire un monde où tout le monde est pareil et tout le monde aime tout le monde. On n’entend qu’eux. On se tait. Quand on est détruit, nié, méprisé, on se retire. »

Tolérer l’intolérable ?

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