Face à l’accroissement des tensions entre Athènes et Ankara, alliés au sein de l’OTAN, autour d’importants gisements gaziers en Méditerranée orientale, la Grèce, la France, l’Italie et Chypre conduisent un exercice militaire conjoint dans la région.
La Grèce, la France, l’Italie et Chypre doivent conduire du 26 au 28 août un exercice militaire conjoint au sud de la Crète et de Chypre, en Méditerranée orientale, où les tensions entre Athènes et Ankara se sont récemment accrues, selon le ministère grec de la Défense cité par l’AFP.
« Chypre, la Grèce, la France et l’Italie se sont mis d’accord pour déployer une présence commune en Méditerranée orientale dans le cadre de l’Initiative quadripartite de coopération (SQAD) », a annoncé le même ministère dans un communiqué cité par l’agence de presse française. « Les tensions et l’instabilité en Méditerranée orientale ont accru les disputes sur des questions concernant l’espace maritime (limitations, migrations, flux, etc.) », peut-on également lire dans ce document.
Selon le ministère grec de la Défense, cette initiative quadripartite « va contribuer à une présence aéronautique militaire renforcée dans la région, basée sur la compréhension mutuelle, le dialogue et la coopération ». La première étape de cette initiative commune, baptisée « Evnomia », sera la concentration de moyens aériens et navals mais aussi d’effectifs de ces quatre pays dans le sud-est de la Méditerranée. Cet exercice démontre « l’engagement collectif et complet de quatre pays européens pour l’application du droit de la mer (UNCLOS) et du droit international d’usage », souligne également le communiqué.
Selon Athènes, le déploiement de bâtiments navals turcs visant notamment à mener des explorations d’hydrocarbures au large de la petite île grecque de Kastellorizo en mer Égée, sur « le plateau continental grec » est « une violation de sa souveraineté ». Très proche des côtes occidentales turques, cette île cristallise la colère turque car sa souveraineté grecque prive la Turquie de dizaines de milliers de kilomètres carrés de fonds marins riches en gaz.
La Grèce se dit « prête au dialogue » mais pas « sous un régime de menaces
La Grèce a entrepris un marathon diplomatique auprès de ses partenaires européens et des États-Unis pour faire pression sur la Turquie. Le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias, cité par l’AFP, s’est dit « prêt au dialogue » mais pas « sous un régime de menaces ».
Le ministère grec affirme par ailleurs, d’après le communiqué, que « la voie diplomatique reste le moyen privilégié pour régler les questions à la fois au niveau bilatéral et au niveau européen, étant donné que le dialogue peut conduire à la désescalade des tensions dans la région ».
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a aussitôt averti que la Turquie ne ferait « aucune concession » pour défendre ses intérêts gaziers en Méditerranée orientale, appelant la Grèce à se garder de commettre toute « erreur » qui mènerait à sa « ruine ». Le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, a quant à lui répondu qu’Ankara « était prête à un dialogue sans conditions préalables en vue d’un partage équitable », d’après l’AFP.
De son côté, la France a averti ce 26 août la Turquie que la Méditerranée orientale ne pouvait pas constituer « un terrain de jeu » pour des « ambitions » nationales. « La Méditerranée ne doit pas être un terrain de jeu des ambitions de certains ; c’est un bien commun » où « le respect du droit international doit être la règle et non l’exception », a déclaré la ministre française des Armées Florence Parly dans un tweet, confirmant le début de cet exercice militaire conjoint. Et d’ajouter dans un second tweet : « Pour la France, trois avions Rafale, une frégate et un hélicoptère prendront part à cet exercice européen ».
« Les tensions et les tentatives de déstabilisation de la Méditerranée orientale […] ont atteint un pic », a pour sa part estimé le ministère chypriote de la Défense, dans un communiqué cité par l’AFP.
« Les manœuvres qui ont eu lieu aujourd’hui n’aident pas » à faire baisser les tensions, a estimé ce 26 août la ministre allemande de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, à l’issue d’une réunion des ministres de la Défense de l’UE à Berlin. La veille, le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, dont le pays assure la présidence semestrielle de l’Union européenne, s’était rendu à Athènes et Ankara pour tenter d’apaiser ce différend entre les deux pays voisins, membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), et les inciter au dialogue sur la délimitation des eaux en Méditerranée. « Personne ne veut régler ce différend par des moyens militaires », a déclaré le chef de la diplomatie allemande avant de souligner « qu’il y a une volonté de dialogue des deux côtés ».
Le différend gréco-turc sera par ailleurs à l’ordre du jour d’un conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE) les 27 et 28 août à Berlin.
Vives tensions entre Athènes et Ankara autour de vastes gisements gazier
La découverte de vastes gisements gaziers en Méditerranée orientale ces dernières années a aiguisé l’appétit des pays riverains et renforcé les tensions entre la Turquie et la Grèce, pays voisins et alliés au sein de l’OTAN, aux relations régulièrement ponctuées de crises.
Le président français Emmanuel Macron a appelé le 12 août la Grèce et la Turquie à davantage de concertation pour apaiser les tensions en Méditerranée orientale, où il a annoncé un renforcement temporaire de la présence militaire française, selon l’Élysée.
La situation s’est détériorée le 10 août après le déploiement par Ankara son navire de recherche sismique Oruç Reis, escorté par des bâtiments militaires, dans le sud-est de la mer Égée, une zone de la Méditerranée disputée et riche en gisements gaziers. La marine grecque est également présente dans la zone pour « surveiller » les activités turques, selon Athènes.
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